Laïcité et lutte contre la radicalisation, les élus se forment

Lors d’un séminaire, organisé samedi 6 mars, fonctionnaires et élus de la Ville se sont interrogés sur les signes de radicalisation et sur le cadre que pose la laïcité dans l’administration publique.

« Ça nous permet d’avoir une vue globale de ce qui est possible, pas possible, sur ce qui nous interpelle au quotidien », glisse le maire pisciacais, Karl Olive (DVD), à la sortie du théâtre où s’est tenu, samedi 6 mars, un séminaire sur la radicalisation dans la fonction publique et le milieu associatif. Durant toute la journée, élus et agents de la Ville ont été sensibilisés à la détection des signes de radicalisations ainsi qu’aux enjeux de la laïcité à l’échelle communale.

En qualité d’organisateurs de ce séminaire, les anciens députés, Georges Fenech (Rhône), Patrick Mennucci (Bouches-du-Rhône) et Sébastien Piétrasanta (Hauts-de-Seine), qui ont notamment été responsables des questions de radicalisation et de terrorisme à l’Assemblée nationale, ont dirigé des présentations sur l’histoire du terrorisme, le phénomène de radicalisation et les outils législatifs en matière de prévention et de lutte.

« L’idée, c’est d’essayer de montrer d’où vient l’islam radical, sa construction idéologique, historique, explique Patrick Mennucci qui conduit ce séminaire aux quatre coins de l’hexagone. Il y a beaucoup de demandes, on essaye d’apporter aux élus des connaissances sur la laïcité, et puis maintenant, on travaille beaucoup sur la loi ­séparatisme. »

« On a trop souvent tendance, je pense, à réduire la question de la laïcité et de la neutralité à une question d’apparence », juge Alexis Guerit, l’un des intervenants du séminaire, ancien chargé de recherche sur ces questions à la Sorbonne.

Au travers de cas pratiques, le respect du principe de laïcité a particulièrement animé les échanges. « Moi, je suis fonctionnaire dans la fonction publique hospitalière, là on a un énorme problème avec du personnel qui va s’arrêter de travailler pour aller faire leur prière en laissant les autres travailler », rapporte Virginie Messmer, adjointe au maire, déléguée à la santé. Pour Alexis Guerit, l’un des intervenants, la réponse est claire : « Si on a des employés qui se soustraient à leurs obligations professionnelles au nom d’impératifs religieux, […] c’est complètement contraire au principe de laïcité et il n’y a pas de ­négociations possibles. »

De même, interrogé par une élue sur les signes religieux que pourraient porter un fonctionnaire et un usager dans l’hôtel de ville, Alexis Guerit précise : « On a trop souvent tendance, je pense, à réduire la question de la laïcité et de la neutralité à une question d’apparence. Lorsqu’il est en poste, le fonctionnaire n’a pas le droit de manifester ses convictions religieuses, mais on a tous échos d’agents qui peuvent favoriser certaines ­communautés ou qui peuvent avoir des comportements communautaires, religieux, mais qui ne présentent pas ­d’apparence religieuse… ».

À l’inverse, l’application du principe de laïcité garantit aux personnes de pouvoir porter un signe religieux « lorsqu’elles ne sont pas agents ou stagiaires de l’État ». Ce dernier point, avec notamment le port du voile, a également interrogé l’assemblée puisque les élus pisciacais tiendront prochainement des bureaux de vote où il est question de vérifier l’identité des votants. Dans ce cadre précis, les élus seront autorisés, « en cas de doute » à demander à une personne d’enlever son voile pour comparer la photo d’identité « puisque cette demande est proportionnée au but recherché », souligne Alexis Guerit.