Pour conserver leurs CPE, les établissements « surdotés » se mettent en grève

Un des deux postes de conseiller principal d’éducation (CPE) est menacé au collège chantelouvais René Cassin. Idem pour l’un des quatre postes du lycée mantais Jean Rostand.

« Ils nous dépouillent ! » Le délégué syndical Sud Éducation et enseignant d’anglais et de théâtre au lycée polyvalent Jean Rostand, à Mantes-la-Jolie, Vincent Smith, ne cache pas sa colère depuis qu’il a appris le 5 mars, qu’un des quatre postes de conseiller principal d’éducation (CPE) allait être supprimé à la ­rentrée.

Cette décision résulte d’une volonté de redéploiement des CPE de collèges et lycées yvelinois, jugés « surdotés », vers d’autres établissements. Outre le lycée Jean Rostand comptabilisant selon le site college-lycee.com, « 1 063 lycéens », le collège chantelouvais René Cassin d’environ « 400 [élèves] » est aussi concerné par la suppression d’un de ses deux postes de CPE. Le 11 mars, des grèves étaient organisées devant ces deux établissements.

« On comprend bien que ce n’est pas par hasard. On sait pourquoi ils nous enlèvent des CPE, c’est pour mieux répartir les CPE sur le territoire. Le problème c’est qu’ils vont déshabiller Jean pour habiller Paul », déclare une enseignante gréviste du collège René Cassin. « Moi, j’ai vraiment peur que Chanteloup, ça parte un peu en vrille », ajoute-t-elle en précisant que le rôle des CPE est primordial pour entretenir des bons rapports avec les familles et les élèves et ainsi « gérer des situations qui pourraient être des situations de crise ». Le préavis de grève dans ce collège, qui enregistrait « 99 % de grévistes » le 11 mars, est reconduit durant la semaine du 15 mars.

« Un CPE n’est pas quelqu’un qui fait seulement qu’ouvrir et fermer une porte », déclare le délégué syndical à la FSU et conseiller principal d’éducation au lycée Jean Rostand, Alain Ercker, qui déplore le fait que son métier ne soit pas reconnu à sa juste valeur par l’Éducation nationale. Une des CPE du lycée a ­notamment entamé une grève de la faim.

En plus du redéploiement d’un des quatre postes de conseiller principal d’éducation, les grévistes dénoncent la suppression d’un « demi-poste » d’infirmière à la rentrée au lycée mantais Jean Rostand.

Contactée le 12 mars, l’académie de Versailles défend, quant à elle, un principe d’égalité entre les établissements scolaires. « Cette volonté d’équité entre les établissements de l’académie (en prenant en considération les caractéristiques sociales) permet de redéployer cinq postes de CPE des Yvelines, dans des établissements du département et de l’académie actuellement sous-dotés. Aucun de ces postes n’est supprimé et l’académie accompagnera chaque personnel dans son changement ­d’établissement », ­indique-t-on.

Les postes de CPE ne sont néanmoins pas les seuls concernés par la volonté de redéploiement de l’Éducation nationale. C’est également le cas des infirmières. Alors que deux d’entre elles travaillent à temps plein au lycée Jean Rostand, l’académie de Versailles indique qu’ « un demi-poste d’infirmière scolaire [sera redéployé à la rentrée] vers un établissement qui n’en a pas actuellement » comme c’est le cas au collège René Cassin où « l’infirmière scolaire est actuellement en arrêt maladie de longue durée et qu’un ­recrutement est en cours de ­finalisation ».

« Dès qu’on a des élèves qui ont des problèmes de santé, qui se blessent etc. on les envoie directement aux CPE qui font le rôle d’infirmières. Elles (les CPE, Ndlr) sont multifonctions et on a besoin des deux », affirme l’enseignante au collège chantelouvais en précisant que l’absence de l’infirmière remonte à environ « deux mois après la rentrée ».

Selon une des deux infirmières du lycée Jean Rostand, le redéploiement d’une infirmière à temps partiel en dehors du lycée implique nécessairement une surcharge de travail dans l’infirmerie qui enregistre ­environ « 2 000 passages par an ».