Précarité étudiante : le Département soutient les étudiants de l’UVSQ

Le 10 mars, le Département a dévoilé son plan d’action pour lutter contre la précarité étudiante. Des aides alimentaires et financières sont prévues pour les étudiants de l’UVSQ.

« La précarité étudiante impacte tous les aspects de la vie de nos étudiants. » Ce constat a été formulé le 10 mars par le président de l’université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), Alain Bui. Ce jour-là, à l’IUT de Mantes-en-Yvelines qui est l’un des sites du campus, le Département a dévoilé en conférence de presse son plan d’action pour y faire face. Des aides tant ­alimentaires que financières sont prévues.

« Nous nous mettons à chercher des solutions à la précarité des étudiants. C’est vrai que normalement tout ce qui touche à l’université n’est pas dans notre mission […]. Nous on bouche les trous dans la raquette », déclare le président du Département, Pierre Bédier (LR), avant d’ajouter que cela passe notamment par le fait de combler « les trous dans la raquette alimentaire ».

Alors que le gouvernement a étendu en janvier à tous les étudiants, boursiers ou non, les repas à un euro ­proposés par le Crous, au lieu des 3,30 euros habituels, le Conseil départemental s’est, quant à lui, engagé à prendre en charge dès le 15 mars jusqu’au 14 juillet 2021, « l’euro restant » à la charge des étudiants (sur Twitter, l’UVSQ a indiqué le 16 mars que le dispositif serait mis en place au 1er avril, Ndlr). Ces derniers pourront donc bénéficier gratuitement de deux repas par jour. « C’est vrai qu’un euro tous les jours, fois 30, cela fait des sous », lance Pierre Bédier du coût qu’un seul repas a pour les étudiants.

« Il faut savoir que ce sont nos cuisiniers qui fabriquent les repas et cela nous coûte réellement 7,70 euros [par étudiant] », précise le directeur général du Crous de Versailles, Alexandre Aumis, en insistant sur le fait que les premiers échanges, réalisés avec le Département pour prendre en charge l’euro résiduel, remontent à « un mois ». Le coût de l’opération pour le Département est, lui, de 21 000 euros.

Ce soutien n’est cependant pas la seule aide alimentaire mise en place par le Département. Ainsi, des étudiants de l’IUT de Mantes-en-Yvelines qui ne bénéficient d’aucun lieu de restauration sur le campus pourront, du 5 avril au 26 juin, déjeuner au collège mantais de Gassicourt. Le montant des repas proposés en semaine aux « 50 à 100 des 500 étudiants » du campus n’a cependant pas été communiqué. D’ici octobre 2021 et en attendant le transfert du campus à Mantes Université à l’horizon 2023, le Département envisage « d’installer sur le campus des constructions modulaires abritant un point de restauration », pour un coût de 9 000 euros.

« Ce serait dommage de nous lancer dans la construction d’un bâtiment définitif […], insiste Pierre Bédier sur le choix d’une construction modulaire. Que les choses soient bien claires, ce sera une restauration qui ne restera pas seulement le temps de la pandémie mais qui restera tout le temps que l’IUT restera à Mantes-la-Jolie, avant de partir à Mantes-la-Ville. »

Pour se restaurer, les étudiants de l’IUT mantais peuvent également bénéficier de l’épicerie solidaire AGORAé, créée en 2018 par l’association étudiante InterAssos sur le campus de Saint-Quentin-en-Yvelines, à Guyancourt. Pour pouvoir faire profiter, à l’ensemble des étudiants de l’UVSQ, de denrées alimentaires recueillies auprès de banques alimentaires, elle devient mobile et gratuite durant la crise sanitaire. « Il y a beaucoup de notions de mobilité dans les Yvelines parce qu’on est un département vaste par sa superficie et nous avons plusieurs pôles universitaires qui ne sont pas forcément reliés et reliables entre eux », affirme Pierre Bédier en précisant que les pôles UVSQ sont notamment implantés à Saint-Quentin-en-Yvelines, Versailles, Vélizy-Villacoublay, Rambouillet, Saint-Germain-en-Laye, Mantes-la-Ville et Mantes-la-Jolie.

« L’objectif précisément c’est d’assurer un passage du camion de distribution solidaire sur chaque site par semaine », précise la vice-présidente de l’UVSQ, Christine Etchemendigaray, en précisant que la mesure devrait bénéficier à « 150 à 200 étudiants par semaine » et a débuté le 10 mars à Rambouillet. Les distributions sont, elles, assurées par cinq bénéficiaires du RSA, recrutés par l’agence d’insertion Equalis, mais aussi grâce à des bénévoles étudiants.

Pourtant, selon Pierre Bédier, « il y a de moins en moins de bénévoles dans les associations qui s’occupent d’aide alimentaire ». C’est pourquoi le Département souhaite, dès avril et pour un montant de 90 000 euros, embaucher « 20 étudiants » pour aider Les restos du coeur et La croix rouge, dans leurs missions. « Il est tout à fait imaginable qu’il y ait plus [d’étudiants] pour ces associations, ajoute le président du conseil départemental. Il est tout à fait imaginable qu’il y en ait aussi pour d’autres associations. Nous allons nous adapter en fonction des besoins. »

Les associations ne sont cependant pas les seules à profiter de la création de contrats étudiants instaurés par le Département. Pour lutter contre l’isolement des personnes âgées et favoriser le lien intergénérationnel, 500 emplois en tant qu’agents de convivialité ont été créés depuis janvier dernier dans le cadre du ­dispositif Yes+.

« Les mesures qui ont été prises sont satisfaisantes en fonction des moyens du Département […]. Après, effectivement, il y a toujours besoin de plus au niveau des étudiants parce qu’il y a des problématiques qui sont réelles tant du point de vue de la précarité qu’au niveau social, psychologique », déclare, à l’issue de la conférence de presse à laquelle il a participé, Eliott, un membre de l’association InterAssos et étudiant sur le campus de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Sur le point de l’aide psychologique, il est rejoint par Elea, une étudiante muriautine « du campus délocalisé des Mureaux ». « La coupure avec les liens sociaux […], je pense que c’est cela qui a le plus touché au moral », confie-t-elle de l’impact de la crise sanitaire sur la vie étudiante.

« L’impact de la crise sanitaire sur la santé physique et mentale des étudiants nous a conduit à renforcer notre dispositif de soutien avec deux psychologues, et bientôt trois, qui travaillent au sein de notre service de santé », nuance néanmoins Alain Bui.