Cinq heures de débats sous tension au conseil municipal

Lors de la dernière séance qui portait sur de nombreuses demandes de subventions, les échanges entre majorité et opposition ont été particulièrement houleux.

La fracture semble bel et bien consommée au sein du conseil municipal triellois. Mercredi 31 mars, lors de la dernière séance, le ton est monté entre la majorité, ses anciens membres et l’opposition, si bien que le maire a déclaré un « temps-mort » pour calmer les esprits. Les débats, bien que rendus difficiles par les attaques de chaque camp, se sont largement attardés sur les multiples demandes de subventions inscrites à l’ordre du jour pour des projets liés au patrimoine, à la jeunesse et au sport.

Les élus d’oppositions ont notamment déploré un manque d’informations sur les projets abordés et ont refusé à plusieurs reprises de prendre part aux votes des demandes de subventions, en mettant en cause la régularité de certaines délibérations. Une attitude qui a eu le don d’agacer le maire, Cédric Aoun (SE), et son équipe.

En arrivant à l’Espace Senet, à 17 h, la disposition des élus, à la table du conseil municipal, marquait déjà certains points de rupture. Si la conseillère municipale minoritaire, Mélodie Sénat, s’amuse à remarquer que sa place est plus proche du maire qu’à l’accoutumée, c’est parce que plusieurs membres de la majorité, eux, ont pris leurs distances. En première ligne, Souad Bendjeddou, l’ancienne adjointe aux finances, écartée en septembre 2020, assise aux côtés de Line Wenzel. Durant les cinq heures qu’a duré le conseil, ces dernières sont particulièrement intervenues pour s’opposer à Cédric Aoun.

L’édile a présenté un certain nombre de demandes d’aide à l’investissement auprès de la Caisse d’allocations familiales (Caf) pour la rénovation du club jeune et de l’ancien relais de poste situés dans la rue Paul Doumer. Des montants s’élevant à 80 000 euros pour chaque projet, ces derniers étant estimés à « 140 000 euros et 300 000 euros HT ». La Ville a également sollicité la Caf pour le recrutement d’animateurs jeunesse à hauteur de « 40 000 euros par ETP ».

« Cette aide permet d’embaucher des agents sans affecter la fiscalité des triellois », détaille sommairement l’édile de cette dernière délibération. Le conseiller d’opposition Yvon Rosconval l’interpelle alors : « Es-ce que le projet socio-éducatif de la Ville existe ? Ce serait bien que le conseil en soit informé. » La réponse de l’édile est tout aussi sommaire : « C’est en cours. » Cédric Aoun précise également que ce projet, comme plusieurs autres soumis au vote ce soir là, a été travaillé en commissions.

Pourtant la formulation de ces demandes de subvention a posé problème à certains élus, dont Souad Bendjeddou, Line Wenzel, et certains membres du groupe Triel Autrement qui ont parfois voté contre ou n’ont tout simplement pas participé aux votes avec leurs pouvoirs respectifs. Ces derniers reprochent l’indication « inscrire le montant de ces recettes au budget 2021 de la commune » sur les délibérations.

« Vous ne pouvez pas nous demander de voter pour inscrire un montant dont vous n’avez pas été notifié », juge Line Wenzel. « Je trouve ça dommageable que, pour des phrases qui ne doivent pas figurer, qu’on prenne le risque que cette délibération ne soit pas validée et puisse être retoquée par la préfecture, c’est de l’amateurisme », abonde de son côté Cyrille Arzel. « Je ne me suis pas engagé pour avoir une opposition qui, pour la moindre chose, va me sauter à la gueule », peste Cédric Aoun, agacé par les prises de paroles de ces opposants dont il estime être « un travail de ­désinformation ».

« Est-ce que vous pensez réellement qu’il y a un seul Triellois ici présent qui pourrait demander le contrôle de légalité pour faire annuler cette délibération, s’il n’y avait pas d’intention malsaine et malveillante ? » rétorque l’édile avant d’assurer « qu’il n’y a pas de problème de légalité par ­rapport à ce point-là », et d’expliquer que les montants perçus seront inscrit au budget lors de décisions modificatives. Interrogé par Mélodie Sénat sur l’urgence à voter ces décisions, le maire a également souligné que les dossiers devaient être rapidement soumis à la Caf et que la formulation des délibérations avait d’ailleurs été faite ainsi, de manière à répondre aux exigences de l’organisme.

Particulièrement remontée pendant la séance, Souad Bendjeddou dénonce, après le conseil, une volonté « d’étouffer l’opposition » et de « commenter nos votes pour essayer de faire croire qu’on se positionne contre les subventions, alors qu’on pose simplement des questions d’ordre légal. »