La Ville rebrousse chemin et augmente finalement les impôts

Cette hausse de 12,75 % s’accompagnera, cette année, de la suppression d’animations dont l’événement culturel Sculptures en l’Île. Des projets à moindre coût pour la Ville seront privilégiés.

« Nous sommes obligés de prendre la décision de la hausse de la taxe foncière. » Contrairement à ce qui avait été annoncé lors du dernier conseil municipal du 10 février dernier, présentant notamment le rapport d’orientation budgétaire (Rob) 2021, l’édile, Lionel Wastl (EELV), a finalement pris la décision d’augmenter les impôts de l’ordre de 12,75 %. Alors que les groupes d’opposition contestent cette décision, le maire est, quant à lui, convaincu que cette hausse est nécessaire pour répondre à la situation financière de la ­commune qu’il juge « dégradée ».

« Ce n’est pas du tout de gaîté de cœur que j’augmente les impôts », affirme l’édile, en précisant que ce changement d’avis s’explique par les données récentes de la situation financière de la Ville, et qu’il n’avait pas prévu avant le rapport d’orientation budgétaire 2021. Il justifie notamment cette prise de conscience tardive par le changement de la trésorerie de Conflans-Sainte-Honorine à Poissy. « Les délais ont été fortement allongés, notamment le pointage des dépenses et des recettes qui ont continué après le conseil municipal de février sur le Rob 2021 », précise-t-il en insistant sur le fait que la rencontre avec le prestataire d’analyse financière et la trésorerie publique n’a pu avoir lieu que le « 11 mars ».

D’après Lionel Wastl, la situation financière de la Ville s’explique en partie par le recours à l’emprunt jugé « excessif » de l’ancienne municipalité, mais aussi par le surcoût du « projet Trek’île entre 2014 et 2019 [qui] a vu son montant augmenter de 33 %, le budget de l’école du Parc qui a vu son montant augmenter de 21 % soit plus de 1 172 000 [euros] et, bien évidemment, la rénovation du centre [sportif et socio-culturel] Louise-Weiss ». Ce dernier a ­augmenté de « 164 % » en quatre ans.

« Tout est de la faute des précédents. C’est de bonne guerre et je prendrai ma part de cette affirmation », rétorque l’ancien premier adjoint et désormais conseiller municipal d’opposition du groupe Notre parti, c’est Andrésy, Denis Faist (DVC). Ce dernier estime qu’il s’agirait d’une « décision courageuse […] de mettre fin à l’appel d’offres » du centre Louise-Weiss en raison de son surcoût.

Pour l’adjoint délégué à l’urbanisme et au cadre de vie, Laurent Beunier, l’arrêt du projet coûterait « 680 000 euros de pénalités ». « On ne va pas rester avec un cadavre de gymnase dans la commune surtout qu’on en a bien besoin », lâche la première adjointe actuelle déléguée aux solidarités, à la petite enfance, aux seniors, à la santé et au handicap, Laurence Alavi, qui affirme que l’équipe municipale n’a pas d’autres choix que de ­poursuivre ce projet. Quant à la hausse des impôts, Denis Faist y est opposé. « Avec difficultés, il peut y avoir un chemin, certes étroit, mais un chemin qui permettrait de ne pas augmenter les impôts ou, en tout cas la première année, mais bien sûr, il faut mieux augmenter les impôts la première année de son mandat que les ­suivantes », déclare-t-il.

Selon la page Facebook de Sculptures en l’île, l’événement était prévu du 21 mai au 26 septembre 2021.

Le conseiller municipal d’opposition du groupe Andrésy Dynamique, Bertrand Batisse, est, lui aussi, opposé à une hausse des impôts. Pour ce dernier, « dans le pire des cas, le recours à l’emprunt, à défaut d’être optimal, serait plus populaire qu’une hausse des taxes ».

« Recourir à l’emprunt c’est bien mais à un moment il faut rembourser le capital, lui répond Laurence Alavi. Oui, cela vous dépatouille les difficultés au moment où vous percevez les fonds mais, à un moment, il faut rendre les sous. » Pour le maire, « sur la période […] 2017-2020, la commune a mobilisé huit millions d’euros d’emprunt ». De ce fait, « le ratio de désendettement [de la Ville est passé de] 7,6 ans en 2017 à plus de 20 ans en 2020 ». Sur ces huit millions d’emprunt, s’ajoutent également « deux millions d’euros » contractés en janvier dernier. « Ce n’est pas par plaisir qu’on prend des emprunts de deux millions », précise Laurence Alavi.

Outre l’augmentation des impôts, le maire, qui se refuse à augmenter les tarifs des services municipaux, envisage également de réaliser des économies pour la Ville. C’est pourquoi il renonce à l’embauche d’un directeur du développement durable. « Nous avons supprimé certaines actions cette année [comme] Sculptures en l’île et certaines animations dès lors qu’elles génèrent du coût », ajoute l’édile. Cet événement culturel était, selon la page Facebook de Sculptures en l’île, prévu du 21 mai au 26 septembre 2021. « Nous essayerons de développer des micro-projets pour les habitants à coût zéro […]. Ce projet sera notre objectif pour 2021, montrer qu’une municipalité peut essayer de développer des actions à moindre coût voire à coup zéro », nuance-t-il en citant par exemple « la mutuelle municipale qui ne coûte rien à la ­municipalité » et qui « arriver[a] bientôt ».