La bière artisanale a la cote

Installés à Triel-sur-Seine, Achères ou Médan ces brasseurs locaux ont tout plaqué pour se lancer dans la production de bières artisanales. Produits qui semblent séduire de plus en plus les consommateurs.

Dans les bars, en grande surface, chez la petite épicerie locale ou directement sur les marchés, la bière artisanale s’est fait une place dans les Yvelines comme en vallée de Seine. Un essor qui a poussé certains brasseurs amateurs à se lancer dans l’aventure en concrétisant leur rêve de créer leur propre marque de bière. Alors que le territoire comptait déjà quatre brasseries locales à Orgeval, Carrières-sous-Poissy, Vert et Triel-sur-Seine avec Cacatoès, les nouveaux nés s’appellent Respekt à Achères et /bwar/ à Médan.

Qu’ils soient en pleine campagne de lancement ou déjà plus installés, ces micro-brasseurs constatent tous une tendance autour des bières artisanales et un regain d’intérêt pour les produits locaux, qui permettent d’équilibrer la balance avec la fermeture des bars et restaurants, part importante de leur clientèle.

« La bière artisanale ça fait une dizaine d’années que ça commence à revenir au devant de la scène, et là on est à un pic où on a une variété qui est énorme et on en trouve partout », analyse Rodolphe Mesnard à la tête de la jeune brasserie /bwar/ qui s’apprête à commercialiser ses premières bouteilles. Pour ce nouveau brasseur installé à Médan, la bière artisanale « n’est plus quelque chose réservée aux amateurs » et la variété qu’on y trouve séduit.

Au milieu de ses trois cuves qu’il a installées dans le garage de ses parents, rue des Hublins à Triel-sur-Seine, Arthur Bourdais s’active à préparer son prochain brassin de bière.

Ainsi pour démarquer sa gamme de trois bières blondes qu’il mettra à la vente ce mois-ci, lui a fait le choix d’utiliser des matières premières provenant majoritairement de France. « Le houblon que j’utilise est produit en Alsace, je vais chercher mon malt chez un producteur du Tarn. En revanche, mes levures sont importées du Danemark puisque que je n’ai pas trouvé de bio en France », assure le Médanais qui voit dans cette tendance une envie du public de se rapprocher d’une alimentation plus saine et plus traçable. « Entre acheter un pack de Kronenbourg au supermarché et aller voir le brasseur qui est à côté de chez vous et pouvoir discuter avec lui et en prenant le temps de comprendre comment il travaille, la relation est différente », estime-t-il.

Au milieu de ses trois cuves qu’il a installées dans le garage de ses parents, rue des Hublins à Triel-sur-Seine, Arthur Bourdais s’active à préparer son prochain brassin de bière. Biologiste de formation, ce dernier a quitté le laboratoire de recherche pour lequel il a travaillé durant quatre ans pour lancer, avec son associé Filipe De Vasconcelos, sa propre brasserie intitulée La Cacatoès, en hommage au volatile que l’on peut entendre chanter au fond de son laboratoire.

Si lui aussi constate « un boum » du marché, il note également que le prix des bières artisanales étonne encore certains clients. « On est tellement habitué aux bières industrielles à quelques centimes la bouteille, qu’aujourd’hui quand on parle d’une bière artisanale à trois, quatre, cinq euros ça peut faire peur, mais c’est toujours un peu le même débat de savoir ce qu’on veut boire », rapporte le ­brasseur natif de la commune.

« La bière artisanale ça fait une dizaine d’années que ça commence à revenir au devant de la scène et là on est à un pic où on a une variété qui est énorme et on en trouve partout », analyse Rodolphe Mesnard à la tête de la jeune brasserie /bwar/.

Depuis leur première bouteille décapsulée en septembre 2019, les deux jeunes artisans triellois proposent aujourd’hui une gamme permanente de cinq bières « qui sortent des standards ». Une originalité qui repose sur leur implantation à Triel-sur-Seine. « À la base on était un peu handicapé parce qu’on utilisait l’eau de ville, explique Arthur. L’eau de Triel elle a la particularité d’avoir un PH un peu élevé : ce qui, normalement, n’est pas optimal pour le brassage. Mais nous on a décidé de construire notre gamme de bière autour de cette particularité et donc de faire des bières très maltées avec une charge en céréale supérieure à ce qu’on voit classiquement. »

Un choix qui s’est avéré payant puisqu’au mois d’octobre, les bières de la marque au perroquet ont été couronnées de deux médailles d’or et d’une médaille de bronze, lors d’un salon à Rouen (Seine-Maritime). Comme prochain pari, les deux brasseurs triellois se sont associés à un agriculteur de Vernouillet pour faire pousser leurs propres pieds de houblon.

En visite dans la brasserie La Cacatoès le 11 mars dernier, Cyril Gervais et Romain Filatreau, ont profité de l’expérience des brasseurs triellois, à quelques semaines d’ouvrir leur propre brasserie nommée Respekt et installée rue des Maraîchers à Achères. Ces deux amis d’enfance avaient passé le pas de l’entreprenariat en entamant une reconversion professionnelle en décembre 2019. « On avait cette passion commune et quand on s’est intéressé au marché, on a vu que la bière et les produits d’apéros avaient explosé pendant le premier ­confinement », confie Romain ­Filatreau.

La première recette de Respekt sera lancée à la fin du mois avec l’aide d’installations d’une brasserie située à Colombes (Haut-de-Seine).

Leur première recette sera lancée à la fin du mois avec l’aide d’installations d’une brasserie, située à Colombes (Haut-de-Seine). Au-delà de l’empreinte locale, sur laquelle ils s’appuient en concevant une bière au céleri, le tandem présente une marque « écoresponsable ».

« L’idée c’était d’avoir un produit respectueux de l’environnement en travaillant le plus possible avec des artisans locaux, assure Romain Dilatreau. Nous voulons que la production soit un système vertueux qui génère le moins de déchets possible. » Pour exemple, l’étiquette apposée sur les bières achéroises sont fabriquées avec de la canne à sucre pour être entièrement biodégradables. De même, une fois la bière produite, l’ensemble des résidus céréaliers seront confiés à l’association Intégr@terre pour nourrir le compost de la ferme urbaine, située dans le quartier des Plantes d’Hennemont.

« Le gros avantage c’est qu’aujourd’hui 80 % de la bière ça reste de l’industriel qui est vendu donc même si on est dans un gros boum de micro-brasseries qui ouvrent, on a déjà l’avantage de faire des bières tellement différentes les unes des autres qu’on n’est pas réellement en compétition, analyse du développement de ces nouvelles brasseries en vallée de Seine, Arthur Bourdais. Certes chez certains revendeurs on se tirera un peu les pattes mais au final on n’aura pas du tout la même bière, c’est avant tout de l’échange. »

Crédits photo 2 : Brasserie /bwar/

Crédits photo 3 : Brasserie Respekt