Zone de la Grosse-Pierre : la Ville veut avoir les cartes en main pour en maîtriser le futur

Alors que la Ville entame ses réflexions sur la requalification de la zone d’activités, elle entend d’abord « préserver » le secteur de la pression exercée par les promoteurs immobiliers.

Historiquement considérée comme une terre d’opportunités, la zone d’activité de la Grosse Pierre serait-elle en passe de connaître enfin son devenir ? La Ville a en tout cas pris, en ce mois d’avril, un virage en ce sens en signant avec la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) et l’Établissement public foncier d’Île-de-France (Epfif), une convention de veille foncière sur une partie du quartier dans le but de « préserver » certaines parcelles des promoteurs en attendant d’imaginer la requalification du quartier qui s’étend de la gare de Vernouillet-Verneuil aux friches Eternit.

Dans ses premières réflexions, le maire vernolitain, Pascal Collado (SE), ambitionne de créer une toute nouvelle zone commerciale sur les terrains de la friche industrielle ainsi que de nouveaux logements sur l’actuelle zone d’activée « tout en sanctuarisant le pavillonnaire ». Du côté de son opposition municipale, on voit en cette convention de portage « un risque financier conséquent pour les finances de la commune ».

Située au Nord-Est de la commune, aux abords de la rive gauche de Triel-sur-Seine, la zone de la Grosse-Pierre porte encore les cicatrices de son passé industriel. À proximité immédiate du noyau commercial du quartier qu’est le centre commercial Val de Seine, les fantômes des sociétés Matrax, de deux hectares, ou Éternit, de plus de 20 hectares, ternissent encore le quartier. Ici, les bâtiments délabrés abritent amiante, monticules de rouilles et pollutions en tous genres. « Beaucoup de gens se demandent pourquoi on laisse ça comme ça, mais le problème avec un site comme celui de Matrax, c’est que si on rase, le site devient inconstructible et on ne peut plus rien faire ici », explique Pascal Collado de l’état végétatif du site.

Pour autant, le maire ne manque pas de projets pour ce territoire qui a d’ailleurs été déclaré d’intérêt communautaire dans le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) au vu de son accès proche au futur pôle gare Eole. Une partie du secteur est d’ailleurs déjà comprise dans le périmètre de l’opération d’intérêt national (OIN) Seine Aval, permettant à l’État de s’opposer à une vente.

« Je veux en faire une vitrine, prendre le contre-pied de cet historique négatif en travaillant sur un projet ambitieux notamment sur le volet environnemental […], détaille de ses ambitions de requalification l’édile. On doit pouvoir travailler sur une évolution de la zone, refaire venir de l’activité économique, développer un certain nombre de logements et requalifier également nos équipements publics dans le cadre de notre programme ­pluri-annuel d’investissements. »

«  On doit pouvoir travailler sur une évolution de la zone, refaire venir de l’activité économique, développer un certain nombre de logements […] », détaille Pascal Collado de ses ambitions de requalification.

Lors du dernier conseil municipal, le 8 avril, ce dernier a ainsi mis au vote une convention d’intervention de l’Epfif pour un portage foncier de sept millions d’euros ainsi que l’instauration d’un périmètre d’étude de façon à « contrecarrer la pression ­foncière et l’explosion des prix ».

« C’est une zone qui est fortement attractive, si j’en veux pour preuve le nombre de promoteurs immobiliers de tous genres qui exerce une certaine pression foncière sur un certain nombre de terrains disponibles », souligne le maire vernolitain devant le conseil municipal. Sur place le jeudi 22 avril dernier, l’élu désigne plusieurs terrains appartenant à des particuliers dans la rue de la Grosse pierre qui seraient particulièrement convoités par des promoteurs immobiliers. « L’objectif c’était de maîtriser l’intégralité de la zone, précise-t-il. Sur un endroit, il y aura peut-être un promoteur qui sera intéressé pour construire un immeuble, mais nous dans le projet de scénario global peut-être qu’on voudra plutôt un parking, de la maison individuelle ou du commerce de ­proximité. »

Assurant comprendre l’intérêt de mettre en place un portage financier avec l’Epfif, la conseillère municipale d’opposition Nathalie Mostowski (EELV) regrette cependant « le manque de visibilité » sur l’avenir du quartier. « Nous ne savons rien puisqu’en fait aucune présentation du projet, ni même des intentions ou du cahier des charges de l’étude n’a été faite en commissions d’urbanisme et d’aménagement ni même en conseil municipal », déplore cette dernière lors du conseil ­municipal du 8 avril.

La future zone commerciale imaginée sur les friches Eternit pourrait accueillir les enseignes Carrefour Market et Jardiland.

« Nous n’en sommes pas encore là », répond alors le maire. Alors qu’il longe les ruines du site Matrax jeudi, ce dernier précise que l’élaboration des grandes lignes de la requalification ne devrait débuter qu’en 2022 « pour un début des travaux à la fin de l’année ». « Mais l’idée ce n’est pas de raser toutes les maisons pour faire de l’habitation et de l’activité, prévient l’élu. À certains endroits, on va sanctuariser le pavillonnaire et à d’autres, lorsqu’il y a des dents creuses ou du bâti vieillissant, on va porter une réflexion. »

Concernant les friches Eternit, déclarées inconstructibles à l’habitat du fait de l’amiante confinée dans le sol, le site devrait être entièrement dédié à l’activité économique. Des réflexions pour y faire muter certaines enseignes telles que Carrefour Market ou Jardiland y seront d’ailleurs menées. « Il n’est pas question de faire partir le tissu de commerces déjà présents mais plutôt d’en faire venir de nouveaux voire de les accueillir dans de meilleures conditions », explique ­Pascal Collado.

Alors que la convention signée par la Ville prévoit que la commune et GPSEO assurent conjointement l’achat des terrains si les ventes n’ont pas lieu d’ici au 30 juin 2024, les élus d’opposition se sont montrés plutôt inquiets quant à la capacité de la Ville d’assumer un tel risque. « On voit que le montant du portage est conséquent et que les délais paraissent assez serrés parce que les études n’ont pas commencé et les opérations de vente risquent de ne pas être si simples au vu des problématiques de pollution, d’inondation sans parler des procédures d’expropriation qu’il va falloir gérer », note l’élue du groupe Vernouillet rassemblé, Nathalie ­Mostowski.