La gestion des collèges mise sur le devant de la scène

La création d’un nouveau franchissement de la Seine reliant les communes d’Epône, Mézières-sur-Seine et Gargenville fait également surface dans les propositions des candidats.

Le sujet ne semble pas avoir fini de faire parler de lui. Dans le cadre des élections départementales prévues les 20 et 27 juin prochains, le collectif de parents d’élèves luttant contre la sectorisation du collège d’Epône a demandé à rencontrer les cinq listes de candidats pour leur faire part de leur revendication. Elle consiste à refuser l’envoi dès la prochaine rentrée des élèves de CM2 de l’école Louis Pasteur du quartier d’Elisabethville vers le collège d’Aubergenville. Naturellement, la plupart des candidats ont donc exprimé leur opinion à ce sujet.

« J’ai tout de suite soutenu la mobilisation des parents d’élèves d’Elisabethville parce que je pensais quand même que le combat était juste et, moi-même, j’ai été collégien à Epône jusqu’en 2014, déclare le candidat de 20 ans et adjoint méziérois à la communication, Thomas Halberstadt qui conduit une liste sans étiquette avec sa binôme, Cindy Roman. Je connais bien ce collège là et moi cela me tenait à cœur de les soutenir parce que je trouve cela injuste que les élèves ne puissent pas aller au collège de leur propre ville mais à celui d’Aubergenville parce qu’il y avait eu un manque ­d’anticipation. »

« Demandez-lui s’il veut que les enfants de Mézières soient dans un collège en sureffectif, si c’est cela qu’il veut pour les enfants de Mézières ? », rétorque l’édile épônois, Guy Muller (LR), qui candidate avec le parti de la majorité départementale actuelle, Ensemble pour les Yvelines. Aux accusations de Thomas Halberstadt affirmant qu’il n’a pas su anticiper l’évolution démographique sur sa commune en construisant un second collège, le maire rétorque que la construction d’un tel bâtiment prend du temps et qu’une reconstruction est ­prévue pour 2026.

« Je trouve cela injuste que les élèves ne puissent pas aller au collège de leur propre ville mais à celui d’Aubergenville parce qu’il y avait eu un manque d’anticipation », déclare Thomas Halberstadt qui conduit, avec sa binôme, Cindy Roman, une liste sans étiquette (SE).

« Aujourd’hui, on a un collège à Epône qui, depuis des années est en effectif limite supérieur avec des techniques d’enseignement où il y a besoin de demi-classes, où il y a besoin de choses comme cela qui ne sont plus faites à Epône parce qu’on manque de places », reconnaît le maire des difficultés du collège de sa ville en assurant que perdurer dans cette direction nuirait au bon apprentissage des élèves. « À côté de cela, il y a un collège à Aubergenville où il y a largement de la place, ajoute-t-il. C’est un collège de 800 [places] et il y a 600 élèves. »

Les arguments de Guy Muller ne semblent en revanche pas convaincre le candidat RN de 36 ans, Thomas du Chalard. « Si dans la plus grande des chances on est amené à gagner cette élection et à gérer le Département des Yvelines, oui, on reviendra sur cette sectorisation en accroissant […] les investissements sur Epône et dans le secteur d’Epône », promet-il avant de nuancer : « Il est probable que, dans un premier temps, on ne pourra pas échapper à la sectorisation qui vient d’être décidée. À la rentrée, il est certain qu’on ne pourra pas, comme cela, en un claquement de doigts, reconsidérer tout cela mais l’idée c’est quand même de revenir à des investissements durables et relativement importants dans la mesure où ces villes-là vont attirer du monde [avec notamment l’arrivée d’Eole à l’horizon 2024-2025]. Les collèges cela va être un sujet majeur donc, de toute façon, il va falloir investir. »

« Le sujet de la sectorisation, c’est un sujet technique qui a été récupéré politiquement à défaut de nuire […], se désole l’élue d’opposition à Limay, vice-présidente en charge de la gestion des collèges au conseil départemental et candidate sur la même liste que Guy Muller aux prochaines élections, Cécile Dumoulin (LR). On a eu sur ce projet de sectorisation un vote positif des fédérations de parents d’élèves, de l’éducation nationale, juste une abstention d’un représentant de la FCPE ! »

« Aujourd’hui, c’est impossible d’avoir 100 % de bio dans toutes les cantines et dans tous les restaurants collectifs parce que la France ne produit pas, aujourd’hui, suffisamment de bio pour le faire », déclare Guy Muller (LR). Il mène une liste affiliée au parti de la majorité départementale actuelle, Ensemble pour les Yvelines avec sa binôme, Cécile Dumoulin (LR).

Lors d’une réunion de rencontre avec les parents du collectif, Djamel Nedjar (DVG), le premier adjoint limayen, affirme également être contre la sectorisation du collège épônois. « On sait que la société a évolué, on sait que nos jeunes collégiens sont peut-être plus précoces, sont peut-être soumis à plus de contraintes, on sent bien, il y a des tensions qui n’existaient pas auparavant dans les collèges etc. Ce fait-là, comment on l’intègre ? Comment on traite cette question-là ? Le fait de faire des usines à collégiens etc., cela ne va pas dans le sens de faire des collèges à taille humaine, de proximité où les enseignants se sentent mieux, où les relations aux collégiens et à la communauté éducative sont améliorées », explique-t-il de la nécessité, selon lui, de ­développer des collèges en petit effectif.

Le sujet de la gestion des collèges, compétence obligatoire du Département ne s’arrête néanmoins pas aux questions d’effectifs dans les établissements. Selon la liste Les Patriotes (LP), Alexandre Achard, il est également temps de rendre « les cantines les plus bio possibles ». « Nous, comme on est patriotes, plutôt que de faire livrer des choses du fin fond de l’Union Européenne, je crois que la France est capable de se nourrir toute seule dans le pays », poursuit-il.

Alors que l’ensemble des candidats revendique des produits bio et locaux pour les cantines scolaires dans les collèges, Cécile Dumoulin, assure que « ce travail est déjà entamé » et que leur gestion par la société d’économie mixte C’midy permet d’avoir la « puissance logistique » nécessaire pour le réaliser. « Faire travailler une ferme c’est bien joli, dire qu’on va faire 100 % bio, c’est bien joli mais il faut voir la réalité de ce qui se passe autour de nous, complète Guy Muller. Aujourd’hui, c’est impossible d’avoir 100 % de bio dans toutes les cantines et dans tous les restaurants collectifs parce que la France ne produit pas aujourd’hui suffisamment de bio pour le faire […]. »

« Toutes les études montrent que, lorsqu’on créé une nouvelle infrastructure, ces infrastructures sont saturées dans les prochains mois, les prochaines années de leur mise en service », déclare le premier adjoint limayen sous la mandature d’Eric Roulot (PCF), Djamel Nedjar (DVG, à droite) au sujet d’un projet de franchissement de Seine.

Quant aux rénovations des collèges pour améliorer notamment l’isolation des bâtiments, les candidats y sont plutôt favorables. De son côté, le Département a également voté le 19 mars la convention Prior’Yvelines d’un montant de 13,4 millions d’euros pour financer la rénovation urbaine à Limay. Dans ce cadre, 2,278 millions d’euros sont investis pour la résidentialisation de Mézières.

Ces sujets ne sont pas les seuls à revenir régulièrement sur la table des candidats. Il en est de même pour les questions liées à la voirie. « Je ne connais pas très bien toutes les voiries du département mais cela arrive, des fois, qu’il y ait des nids de poule et tout cela. Nous, cela sera entretenu puisque c’est plus important qu’on ne le pense. Par exemple, la mairie de Paris dépense énormément en frais de justice pour indemniser les gens qui ont eu des accidents à cause de cela donc, au final, cela revient plus cher de ne pas très bien entretenir [la voirie] », déclare Alexandre Achard.

« Je ne connais pas très bien toutes les voiries du département mais cela arrive, dès fois, qu’il y ait des nids de poule et tout cela. Nous, cela sera entretenu puisque c’est plus important qu’on ne le pense », déclare Alexandre Achard (LP) de l’entretien des routes départementales.

La plupart des candidats abordent également le projet de création d’une nouvelle traversée de la Seine en reliant Gargenville, Epône et Mézières-sur-Seine pour pouvoir rejoindre plus aisément ces villes. « On veut à la fois améliorer le transport ferroviaire [sur la rive droite] et favoriser les traversées de la Seine, affirme Cécile Dumoulin. C’est demandé par les élus des deux rives, Gargenville-Issou et les élus d’Epône-Mézières. »4

« Moi je le trouve plutôt opportun. Évidemment que le conseil départemental a voté pour », confie Thomas du Chalard avant d’ajouter : « Sauf que je suis plutôt pour le projet de la société des autoroutes Paris-Normandie qui cherche à réduire le nombre d’entrées et de sorties sur l’autoroute alors que le Département, le conseil départemental, veut maintenir toutes les entrées et les sorties telles qu’elles sont à l’heure actuelle et en rajouter une. À mon sens, par soucis d’artificialisation des sols, il y a un danger à maintenir un tel nombre ­d’entrées et de ­sorties sur ­l’autoroute. »

« À mon sens, par soucis d’artificialisation des sols, il y a un danger à maintenir [le même] nombre d’entrées et de sorties sur l’autoroute », déclare Thomas Du Chalard (RN) du projet d’autoroute urbaine.

L’avis de Djamel Nedjar concernant un tel projet est, quant à lui, loin d’être nuancé. « Toutes les études montrent que lorsqu’on crée une infrastructure nouvelle, ces infrastructures sont saturées dans les prochains mois, les prochaines années de leur mise en service. Ce projet-là, il est daté, le projet date des années 1970 […]. Je ne comprends pas pourquoi le Département s’entête à vouloir créer une autoroute urbaine d’Epône, Gargenville et de tous les villages environnants […] », déclare-t-il. « Cela ne traversera pas que Gargenville mais cela défigurera aussi tout le Vexin », poursuit sa binôme, Catherine Potier, qui est conseillère municipale de la majorité à Juziers.

« Nous en fait, on est défavorable pour l’autoroute urbaine, pour une nouvelle voie qui favoriserait les véhicules », explique de son point de vue Thomas Halberstadt en suggérant que cela augmenterait notamment la pollution à Gargenville. « Par contre, nous on est favorable à un nouveau franchissement de Seine pour les mobilités douces pour que les habitants de Gargenville puissent se rendre, par exemple, à la gare d’Epône Mézières. Avec le RER E, l’activité se centrera plus sur Epône-Mézières donc, effectivement, on est favorable à un nouveau franchissement de Seine entre Gargenville et ­Mézières », complète-t-il.