La ruralité au cœur des élections départementales

L’éventualité de créer une déviation sur Nézel a fait réagir les candidats. Tous souhaitent aussi développer les services dans les communes rurales.

Un canton marqué par la ruralité. Des mots de l’ensemble des candidats sur les trois listes inscrites aux élections départementales qui auront lieu les 20 et 27 juin prochains, il s’agit de l’atout majeur du canton qu’il convient de préserver et même de valoriser. « On pense que c’est vraiment un atout », déclare Léa Denise Delcroix-Bidart, candidate et étudiante de 20 ans inscrite sur la liste EELV avec Rachid Zerouali, en précisant que cela s’est particulièrement illustré pendant les périodes de confinement. Le développement des services publics et l’amélioration de la circulation à Nézel sont deux des thématiques abordées par les candidats durant la présentation de leur programme.

Tout en rappelant que les trois compétences obligatoires du Département sont « l’action sociale, la voirie départementale [et] les collèges », Pauline Winocour Lefevre, la professeure en lettres et actuelle conseillère départementale LR de 42 ans en charge de la ruralité revient sur les services qui ont été mis en place par le Département lors de cette mandature. « Il y a le bus PMI (Service de protection maternelle et infantile, Ndlr), il y a le bus santé femmes, on a un bus insertion, énumère-t-elle. Tout cela se met en place et c’est directement issu de notre réflexion menée sur le monde rural. » Pauline Winocour Lefevre est candidate en binôme avec le maire de 66 ans de Maule, Laurent Richard (DVD).

Au sujet des 38 fermetures de PMI recensées sur le département ces dernières années, Pauline Winocour Lefevre déclare : « Le bus PMI sillonne les communes rurales pour aller au plus près des habitants […]. Avoir une antenne PMI dans chaque village, ce n’est pas pertinent, cela n’a pas de sens et ce n’est même pas faisable. Ce serait de l’argent public mal utilisé. »

D’après le musicien et candidat RN de 63 ans qui a été élu sans étiquette en tant que maire à Villiers-le-Mahieu de 2008 à 2020, Frédéric Faré, les personnes âgées ne doivent pas non plus être délaissées par le Département. « Il faut développer pour les personnes les plus âgées la mise en place de services […], l’aide à domicile en milieu rural. Il faut aussi pouvoir fournir des appareils en cas de chute quand les personnes sont isolées, il faut pouvoir avoir un contact [avec les personnes âgées]. Il faut pouvoir développer toutes ces choses-là, être plus proche des personnes âgées et des personnes isolées. Cela me semble ­important », affirme-t-il.

Selon Rachid Zerouali, menant une liste EELV avec sa binôme Léa Delcroix-Bidart (au centre), il n’est pas nécessaire de construire « un pont » ou « une autoroute urbaine » pour solutionner le problème de la circulation des poids-lourds à Nézel.

Du point de vue de l’accessibilité des services de soins en milieu rural, Pauline Winocour-Lefevre assure s’être particulièrement intéressée à cette question durant ce mandat. « Cela a pris du temps car il a fallu construire ce dispositif avec l’objectif de ne pas construire des maisons médicales qui sont des outils qui font toujours plaisir à un maire ou à un président d’interco mais on envisageait ces maisons comme des outils qui avaient vocation à faire venir des médecins généralistes », précise-t-elle de l’objectif du grand plan départemental en matière médicale.

« Construire une maison médicale pour aller piquer les médecins de la commune d’à côté ou se retrouver avec une coquille vide qui accueillera tout sauf des maisons médicales, cela n’avait pas de sens. On avait réfléchi quelques temps avant de bâtir ce dispositif qui est en train de se mettre en place, celle d’Aubergenville vient d’ouvrir, celle de Maule est en construction », ajoute Pauline ­Winocour Lefevre.

Tandis que la construction de maisons médicales semble appréciée par le conseiller municipal d’opposition EELV de 50 ans à Flins-sur-Seine et chef d’entreprise dans le bâtiment, Rachid Zerouali, ce dernier envisage également d’affirmer son soutien envers les agriculteurs. « [Il faut] aider les agriculteurs, leur donner plus de moyens », explique-t-il en insistant sur le fait que, quand bien même ces difficultés se retrouvent à l’échelle nationale, il est important d’agir dès l’échelle départementale. « Si on ne fait rien au niveau du Département, cela ne changera jamais, déplore-t-il de la nécessité de renforcer la promotion de l’agriculture locale dans les Yvelines. Si on se lève et qu’on dit « attendez, il faut aider nos agriculteurs », au niveau national, ils vont nous écouter. »

La conseillère départementale LR Pauline Winocour Lefevre, en binôme avec Laurent Richard, insiste sur le fait que les compétences obligatoires du Département sont « l’action sociale, la voirie départementale [et] les collèges ».

Des terrains agricoles étaient justement menacés par le projet de déviation de la RD 191 dans le but de permettre aux poids-lourds de contourner le village de Nézel. « Il y avait un projet qui était la voie nouvelle de la vallée de la Mauldre qui devait couper les plateaux agricoles en deux, affirme Laurent Richard. Là il y a eu une forte opposition à la fois des agriculteurs mais aussi des populations dont les maires qui ne voulaient pas […]. Cela nous ramenait plus de trafic que cela nous en enlevait sur la départementale 191 qui passe par Maule également. Tous les villages étaient opposés sauf Nézel […]. Malheureusement, étant un cas isolé, le Département a renoncé à l’époque, nous n’étions pas élus et Nézel reste un problème, cela reste une blessure béante. »

« Je n’ai pas vu récemment ce projet avancer, constate également Frédéric Faré sur ce sujet. Je crois que Nézel aurait besoin de sortir de cet enfermement et de ce passage en plein centre-ville. » La volonté de désengorger la circulation sur Nézel est également partagée par Rachid Zerouali. « C’est vrai que cela m’a toujours semblé bizarre ce tracé-là et je pense qu’il faudrait le retracer », affirme-t-il en insistant sur le fait que le projet doit être « viable et écologique ».

« Il faut développer pour les personnes les plus âgées la mise en place de services […], l’aide à domicile en milieu rural », insiste le candidat RN, Frédéric Faré.

Pour Laurent Richard, une des solutions pouvant être envisagée est notamment le contournement par la RD30 qui passe par Poissy. « C’est intéressant que tous les poids lourds, au lieu qu’ils viennent de l’A13, au lieu de passer Nord-Sud par la RD191 passent par la RD30 qui, elle, est bien mieux aménagée pour accueillir les poids lourds. Ils passent déjà beaucoup plus en rase campagne quand on est à partir de Poissy, elle contourne Feucherolles, elle traverse Plaisir d’une façon assez discrète parce qu’elle est enterrée à droite et à gauche et puis c’est quatre voies. C’est déjà prévu et fait pour cela, envisage-t-il. Alors il y a un tronçon qui serait à élargir mais il y a là beaucoup moins de travaux à faire que le projet initial tel qu’il était prévu par la MVNVM (l’association créée en faveur de la déviation à Nézel, Ndlr) et que de faire une simple déviation que pour Nézel. Cela aiderait Nézel mais cela aiderait tout le monde. »

« On peut étudier la chose différemment par rapport à nos routes actuelles, les agrandir, les aménager différemment quand on arrive [notamment] à la gare de Nézel. De chaque côté, c’est délabré complètement. Ce n’est pas le problème de la route, c’est le problème des côtés […]. Il y a un tracé, il y a un aménagement, il y a un sens de circulation à faire », rétorque Rachid Zerouali en insistant sur le fait qu’il n’est pas forcément nécessaire de construire « un pont [ou] une autoroute extérieure » pour solutionner le problème.