La droite majoritaire, la gauche reprend du poil de la bête, le RN recule

L’abstention reste toutefois la grande gagnante de ce premier tour des élections départementales, puisqu’elle s’établit au total à 66,4 %.

Une abstention record, établie à 66,4 % pour ce premier tour des élections départementales, contre 54,7 % en 2015. Il s’agit du premier constat qui s’impose aux représentants des différents partis yvelinois. Les binômes de la majorité départementale sortante, réunis sous la bannière Ensemble pour les Yvelines, obtiennent la majorité absolue en arrivant en tête dans 20 des 21 cantons, celui de Trappes étant l’exception.

Cependant, des duels serrés s’annoncent, notamment en vallée de Seine, pour les cantons des Mureaux et de Verneuil-sur-Seine. Présent dans huit cantons en 2015, le Rassemblement national est en net recul, et est présent dans seulement deux cantons, ceux de Bonnières-sur-Seine et Mantes-la-Jolie. La gauche, sera représentée sous différents mouvements, du PS à EELV, pour la plus grande satisfaction de ses représentants locaux.

« La grande surprise du scrutin, à l’échelle départementale comme l’échelle régionale, pour une fois les sondages ne se sont pas trompés quand ils donnaient le RN à la peine en Île-de-France, relativise Pierre Bédier (LR), président sortant du Département. […] On s’attendait à avoir beaucoup de duels contre le FN, il va y avoir des duels principalement contre la gauche. […] On bat plus facilement un candidat Front national qu’un candidat de gauche. » Il estime désormais « difficile » de pouvoir réaliser le grand chelem. De même qu’il avait jugée « impossible » une élection de candidats au premier tour : « Il eut fallu pour que Karl (Olive, Ndlr) soit élu à Poissy ou Pierre Fond (LR) à Sartrouville, puisqu’ils sont recordmen […] qu’il y ait plus de 40 % de participation […] et que ça représente au moins 25 % des électeurs du canton. »

« Nous avons passé la majorité absolue, nous sommes à deux doigts de la passer dans les deux tiers des cantons. Il est certain qu’Ensemble pour les Yvelines restera majoritaire donc la question qui se pose aux habitants des cantons qui sont susceptibles d’être conquis par l’opposition, est-ce qu’il est plus intéressant […] d’être dans une opposition qui est généralement assez stérile, […] plutôt que d’essayer de participer à une majorité qui essaie d’être constructive et de porter des projets », analyse-t-il.

Faisant partie des deux candidats RN qualifiés, l’ancien maire mantevillois Cyril Nauth estime lui que sa formation a pâti de cette hausse de l’abstention : « Notre électorat est plus populaire, plus jeune et du coup cette élection n’a peut-être pas intéressé cette catégorie. […] Je pense qu’avec la même participation qu’en 2015, on aurait eu plus de binômes qualifiés. » La stratégie de nationaliser l’élection en évoquant largement des thèmes comme la sécurité ne s’est finalement pas avérée payante. « [Les électeurs] considèrent que cette question là se réglera l’année prochaine aux élections présidentielles, constate-t-il. Donc en fait on s’est retrouvés avec un troisième tour des municipales, un scrutin qui n’a favorisé que les notables locaux. »

Des duels serrés s’annoncent pour la majorité sortante.Le Rassemblement national est en net recul, et est présent dans seulement deux cantons. La gauche, sera représentée dans 16 cantons.

La perspective de faire entrer une opposition au sein de l’assemblée départementale semble en tout cas à portée de main pour Boris Venon (PS) et Pierre Sztulman (PS), secrétaires fédéraux adjoints. « [Il y a une possibilité d’avoir] une opposition enfin, plus de transparence, plus de démocratie ! », s’exclame Pierre Sztulman. « C’est une satisfaction qui se passe quand même sur un bilan en demi-teinte, nuance Boris Venon évoquant la très faible participation. […] La ligne pour nous c’était impérativement de ne pas revivre le traumatisme de 2015. De ce point de vue on estime que les résultats nous apportent une sorte de satisfaction en dépit de l’abstention puisqu’on a plusieurs cantons qui voient des confrontations au deuxième tour qui sont des confrontations entre forces républicaines. »

Il rejoint toutefois son collègue : « L’enjeu c’est clairement de faire en sorte qu’il y ait une opposition qui reviennent à la table du conseil départemental […]. Le retour d’une opposition constructive républicaine, démocratique va permettre de revisiter un peu le débat dans le Département. » La présence de candidats clairement identifiés EELV au second tour, comme dans les cantons de Conflans-Sainte-Honorine, Aubergenville ou Poissy, satisfait Ghislaine Senée, tête de liste pour les régionales : « Je suis convaincue que dans les Yvelines les habitants sont attachés au sujet du cadre de vie et des questions écologiques. On sait qu’une alternative ce sera compliqué mais avoir des élus qui peuvent défendre ces sujets-là il faut absolument que ça se concrétise. »

En présentant cinq binômes seulement dans des cantons jugés stratégiques, LREM n’est au second tour que dans l’un d’entre eux, celui de Versailles-1. Pour autant, le référent départemental Pierre Luce « ne veut pas parler de déception » quant à ces résultats : « Beaucoup de nos candidats étaient nouvellement engagés en politique, dans des cantons très disputés. Au contraire, les scores sont tout à fait honorables et encourageants. »