Départementales : la droite réitère son « grand chelem »

La majorité départementale Ensemble pour les Yvelines sort gagnante des duels des 21 cantons. La séance d’installation aura lieu le jeudi 1er juillet à Versailles.

« Nous avons fait le grand chelem. » Il est 22 h 50 et le président sortant du Département, Pierre Bédier (LR), annonce en direct sur France 3 Paris Île-de-France que la majorité sortante vient de réitérer l’exploit, même si les résultats dans certaines communes se font encore attendre. Mais avec un taux de participation de 35,23 % sur l’ensemble du Département, l’abstention reste toutefois la grande gagnante du scrutin puisqu’elle s’élevait au soir du second tour à 64,77 % (contre 66,39 % au soir du premier tour).

Au soir du premier tour, s’il se montrait confiant pour sa propre candidature, Pierre Bédier avait néanmoins identifié quatre cantons où la victoire ne s’annonçait pas évidente : Les Mureaux, Rambouillet, Trappes et Verneuil-sur-Seine. « Les inquiétudes n’avaient pas lieu d’être, se réjouit-il. Un nouveau grand chelem, c’est un sujet de satisfaction. C’est une victoire collective parce que ça veut dire que toutes les équipes ont été performantes et ont su convaincre les électeurs […]. Globalement les électeurs ont estimé que le travail avait été fait, les projets, les perspectives qu’on avait ouverts sont ­séduisants, c’est une belle soirée. »

Dans le canton de Mantes-la-Jolie, son fief, le président sortant obtient 70,05 % des voix, contre 29,95 % pour son adversaire, l’ancien maire RN de Mantes-la Ville, Cyril Nauth. Toutefois, dans la commune de Buchelay, ce dernier réalise sa meilleure performance en distançant de 26 voix le président sortant et son binôme, la première adjointe mantevilloise Nathalie Pereira, et en obtenant 52,67 % des suffrages exprimés. « Martinez n’a pas joué le jeu », s’agacent devant la permanence LR mantaise, des militants à propos de la non-prise de position publique de l’édile buchelois.

Ce résultat constitue une source de satisfaction pour Cyril ­Nauth. « Je suis premier à Buchelay, ça n’avait pas été le cas en 2015, explique-t-il. Je crois savoir pourquoi, je pense que c’est l’affaire du projet d’école intercommunale (dans le quartier Mantes U, Ndlr) […] quand on finance à 70 % une des deux communes et 0 pour l’autre, je comprends leur réaction et ils ont raison. » Le candidat RN fait aussi remarquer qu’il maintient son score à Mantes-la-Ville, même si battu : « De la même manière que j’étais satisfait de ma victoire au premier tour, le maintien du second tour me laisse de grands espoirs pour l’avenir […]. Le socle est toujours là et il est toujours important. Je pense à des prochaines élections municipales par exemple, quand on fait 43 % dans ce contexte-là ça me permet de grands espoirs. »

Il avait également annoncé par communiqué de presse, durant l’entre-deux tours, son intention de « saisir les juridictions compétentes afin d’obtenir la reconnaissance d’une fraude organisée et potentiellement l’annulation de l’élection si la sincérité du scrutin s’en trouve affectée », en pointant notamment du doigt des appels passés durant le premier tour auprès d’électeurs mantevillois, comme l’indiquait Le Courrier de Mantes. Ce dimanche, l’hebdomadaire indiquait par ailleurs que Kadhija Moudnib (LREM), ainsi que la gauche envisageaient eux aussi de saisir le tribunal administratif, sur ces appels, mais aussi le nombre de procurations au Val Fourré. Des prises de positions qui ne semblent pas ébranler Pierre Bédier : « Les éléments que j’ai à ma disposition à l’instant où je vous parle, montrent des écarts de voix extrêmement importants […]. Et donc par tradition le juge administratif, le juge des élections considère que quand l’écart de voix est vraiment substantiel, il n’y a pas de raisons d’annuler. »

Mais avec un taux de participation de 35,23 % sur l’ensemble du Département, l’abstention reste toutefois la grande gagnante du scrutin puisqu’elle s’élevait au soir du second tour à 64,77 % (contre 66,39 % au soir du premier tour).

Autre fait marquant, commun à tous les cantons, la présence d’un grand nombre de bulletins blancs et nuls. « À choisir entre la peste et le choléra, je ne choisis pas », écrit ainsi un électeur, joignant les bulletins des deux candidats déchirés, lors du dépouillement au bureau n°1 à Mantes-la-Jolie. « Je suis en troisième position à Verneuil-sur-Seine », plaisante pour sa part l’édile vernolien, Fabien Aufrechter (LREM), qui n’était pourtant pas candidat. Dans le canton de Verneuil-sur-Seine, l’ambiance était pesante lors du dépouillement.

En tête de six points à l’issue du premier tour, les candidats de la liste Ensemble pour les Yvelines (EPY) ont finalement conforté leur avance sur le maire triellois, Cédric Aoun (SE), et Marie-Hélène Lopez-Jollivet (SE), et officialisé de fait le second « grand chelem » de la majorité départementale. Cette annonce a pas mal secoué le bureau centralisateur installé dans le groupe scolaire la Garenne. Parmi la trentaine de personnes réunies, beaucoup s’interrogent sur l’éventuelle précocité de l’annonce alors même que le duo Cédric Aoun Marie-Hélène Lopez-Jollivet ont quelques centaines de bulletins d’avance après une victoire écrasante à Triel-sur-Seine avec 84,06 % des suffrages et un succès arraché à Vernouillet avec une pointe de 300 unités.

Mais les derniers résultats tombent finalement. Le binôme de la majorité départementale remporte Noisy-le-Roi à 79,65 % des votants, ce qui entérine sa victoire, en arrivant en tête dans dix des 13 communes du canton. « Je suis ravi que le travail effectué pendant tout un mandat sur ce canton, qui était pas facile à faire vivre […] par ce que les préoccupations des uns et des autres étaient peut-être différentes, soit récompensé », se réjouit Jean-François Raynal (LR). Pour expliquer ses résultats obtenus aussi bien au premier qu’au second tour, celui qui est également le vice-président aux mobilités du Département note que le sujet de la déviation de la RD154 fût à nouveau « un sujet de campagne, bien que pour le ­Département ce soit derrière nous ».

De son côté, Cédric Aoun a déploré qu’un certain nombre de communes ne se sentent pas concernées par le sujet de la voie de contournement : « On tient à remercier les villes de Verneuil, Vernouillet et Triel qui se sont mobilisées massivement contre la RD 154, on regrette que les habitants des autres villes […] n’aient pas saisi l’enjeu environnemental qui est très important. Pour moi c’est le message aux générations futures qui a perdu. » Il faut également noter que dans le canton, la campagne d’entre-deux tours a été très musclée sur les réseaux sociaux relatant notamment la venue de Gérard Larcher (LR), président du Sénat, en soutien au binôme ­Raynal-Devèze.

Pierre Bédier s’est également rendu sur place, le long de la RD154, pour y tourner une vidéo à l’intention des électeurs, dans laquelle il indiquait que la déviation se ferait, parce que déjà votée. Une initiative que n’a pas goûté la binôme de Cédric Aoun, Marie-Hélène Lopez-Jollivet (SE) : « C’est une vraie provocation, ­comment aujourd’hui on peut accepter qu’un président du conseil départemental vienne dans une commune tourner une vidéo pour dire : « quoi que vous décidiez, quoi que vous votiez, de toute façon vous aurez la voie de contournement » ? C’est inacceptable. » Cédric Aoun, lui, regrette une « campagne ­délétère ».

« Un nouveau grand chelem, c’est un sujet de satisfaction, c’est une victoire collective parce que ça veut dire que toutes les équipes ont été performantes et ont su convaincre les électeurs », se réjouit le président sortant, Pierre Bédier (LR).

Le duel dans le canton des Mureaux s’annonçait serré, mais il s’est finalement conclu par la victoire de la conseillère départementale sortante et maire de Meulan-en-Yvelines, Cécile Zammit-Popescu (DVD) et son binôme, le maire d’Ecquevilly, Marc Herz (SE), avec 56,30 % des suffrages. Comme lors du premier tour, le duo s’est imposé dans la ­quasi-­totalité des ­communes du canton.

Leur avance obtenue dans leurs communes respectives, de 452 et 431 voix, s’ajoutant à l’avantage de 438 voix dans les urnes de Vaux-sur-Seine, leur ont notamment permis de compenser leur large déconvenue prévisible dans la commune des Mureaux. Dans le chef-lieu de canton, marqué par plus de 82 % d’abstention, la liste de gauche s’est toutefois imposée à 63.23 %. « On est très contents, surtout moi qui suis sortante parce qu’on avait bien dit qu’on allait être dans la continuité de tout ce qu’on avait fait dans la précédente mandature, cela veut dire que les gens ont jugé aussi notre bilan dans ce vote c’est ça qui est aussi important », se réjouit Cécile Zammit-Popescu en fin de ­soirée.

Du côté de la gauche, le report de voix attendu via les soutiens des autres listes non qualifiées n’aura visiblement pas suffit ou pas assez existé. « C’est mort », admet Boris Venon (PS) alors que les résultats, bien qu’anecdotiques, se font toujours attendre. Pour expliquer le résultat, l’adjoint muriautin met le doigt sur le taux de participation identique à celui du premier tour, soit 25,25 %. : « La gauche comptant généralement sur le vote populaire pour se qualifier est beaucoup plus en difficulté quand les électeurs ne se déplacent pas. » Pour autant, celui qui est également secrétaire fédéral adjoint au PS, croit en la renaissance prochaine de la gauche lors de prochaines échéances : « Cette campagne a noué des liens entre tout un tas de personnes sur le territoire à gauche et ça c’est plutôt prometteur pour la suite parce que ça retisse des liens entre des familles de pensée de gauche qui ne se parlaient plus ou moins ces dernières années : la gauche n’est pas morte ni sur ce ­territoire ni sur le département. »

Dans d’autres cantons, le suspens n’aura pas été de mise. « On est ravis, souligne ainsi la conseillère départementale sortante Pauline Winocour-Lefevre (LR), réélue dans le canton d’Aubergenville avec 68,60 % des voix. […] Nous étions présents sur le terrain pendant le mandat et pendant la campagne et ce travail paye. » Pour autant, Rachid Zerouali (EELV) a indiqué vouloir s’impliquer davantage lors des prochaines élections : « Cette campagne et les bons résultats obtenus nous ont convaincu que nous avions notre place sur la scène politique et nous n’abandonnerons pas les électeurs qui nous ont fait confiance. » L’enjeu écologique, Pauline Winocour-Lefevre compte bien continuer à le diffuser tout au long du mandat : « Nous ça fait partie des actions qu’on mène, quand on construit des collèges, on construit éco-responsable, enfin totalement éco-responsable. […] Voilà, à chaque politique qu’on mène, on s’intègre ­automatiquement [dans l’écologie]. »

À Poissy, le sortant Karl Olive (DVD) a raflé 70,57 % des voix, en arrivant en tête dans les trois communes qui composent le canton. « Par ce score sans appel, prolongement direct des victoires municipales de l’année passée, les électeurs nous rappellent que l’élection départementale est un scrutin local qui valorise les élus engagés tout au long de l’année et proches des préoccupations quotidiennes des habitants, indique-t-il dans un communiqué de presse. […] Désormais, nous disposons de six années pour mettre en œuvre le programme ambitieux que nous avons présenté aux habitants pour le ­canton de Poissy. »

Pour expliquer ses résultats obtenus aussi bien au premier qu’au second tour, Jean-François Raynal (LR) note que le sujet de la déviation de la RD154 fût à nouveau « un sujet de campagne, bien que pour le Département ce soit derrière nous ».

Michèle Foubert (PCF), se montre toutefois satisfaite du score obtenu : « Nous avons progressé par rapport au premier tour et donc c’est un bon résultat pour moi, sur Achères, c’est ma ville et c’est aussi ce qui m’intéresse beaucoup. D’ailleurs, par rapport aux municipales, nous avons bien progressé également donc je pense que c’est un bon signe pour l’avenir de notre ville. […] Je remercie, bien entendu, tous les électeurs qui ont voté pour notre liste […]. Grâce à eux, nous avons pu participer au second tour et défendre nos chances même si, évidemment, par rapport aux moyens déployés par monsieur Karl Olive, nous étions bien loin du compte. »

Dans le canton de Bonnières-sur-Seine, Laurent Morin (RN), se montre lucide sur les résultats : « Il était difficile de rattraper un retard déjà significatif. Malheureusement, nous avons tous constaté ce record d’abstention sur l’ensemble du territoire national. Notre électorat plus particulièrement, plus que les autres, ne s’est pas déplacé […] dans ces conditions il était difficile [de gagner]. […] Nous sommes déçus que les Yvelinois continuent à faire perdurer un système dont on sait la nocivité. »

« Par rapport au score de 2015, le Rassemblement National recule de plus de sept points dans le canton, analyse Patrick Stéfanini (LR). Je pense aussi que nous avons fait avec Josette [Jean] une vraie campagne de terrain et nous avons veillé, dans tous nos documents de campagne, à parler à nos électrices et électeurs de leurs préoccupations quotidiennes […]. J’ai été frappé par le fait que le Rassemblement national n’abordait absolument pas les problèmes du canton, que ses tracts étaient des tracts nationaux. »

Rive droite, dans le canton de Limay, le report de voix s’est finalement fait en faveur du binôme sortant, composé de Cécile Dumoulin, conseillère d’opposition limayenne et Guy Muller (LR), maire d’Epône (LR), bien que l’adjoint limayen Djamel Nedjar (DVG) et l’élue juziéroise Catherine Potier (DVG) obtiennent 57,13 % des voix au sein de la ville de Limay. « On a effectivement un contexte régional qui est quand même assez favorable à la droite, Pécresse a été la locomotive de tous les candidats locaux de droite et puis la présence de Jordan Bardella aux régionales a contribué au report des voix du front national sur des voies de droite […] Après, bien sûr, c’est une défaite de la gauche sur ce canton », analyse ainsi Djamel Nedjar.

Concernant son score à Limay « c’est un excellent score sur la ville qui montre que les Limayens sont attachés à nos valeurs, à nos belles valeurs que nous avons défendues pendant la campagne […]. On savait que le canton était difficilement gagnable », juge-t-il. Cécile Dumoulin estime, elle, que ce résultat est le fruit « du travail qu’on a effectué pendant six ans, un travail sur le terrain auprès des maires, auprès des habitants pour les accompagner dans leurs projets ou pour accompagner leurs revendications ou leurs demandes ». De même, elle se réjouit des résultats obtenus par la liste de Valérie Pécresse : « Mélanger un scrutin régional qui a une portée plus générale avec un scrutin départemental qui fait suite aux municipales, cela pouvait être un handicap. Le fait est que Valérie Pécresse a eu un très bon bilan et que ce bilan a été plébiscité, je suis ravie du score de Valérie Pécresse sur le canton de Limay et plus généralement dans les Yvelines. » La séance d’installation de l’assemblée départementale aura lieu le jeudi 1er juillet prochain à Versailles. Sauf surprise de dernière minute, Pierre Bédier ­devrait être ­candidat à sa ­succession.

Résultats des élections départementales

Canton d’Aubergenville
50 480 inscrits – 36,53 % de participation
Votes blancs : 759 – Votes nuls : 304
Laurent Richard (DVD) – Pauline Winocour Lefevre (LR) : 68,60 %
Léa Denise Delcroix-Bidart (EELV) – Rachid Zerouali (EELV) : 31,40 %

Canton de Bonnières-sur-Seine
43 367 inscrits – 36,07 % de participation
Votes blancs : 1 183 – Votes nuls : 310
Josette Jean (LR) – Patrick Stefanini (LR) : 70,85 %
Monique Führer-Moguerou (RN) – ­Laurent Morin (RN) : 29,15 %

Canton de Conflans-Sainte-Honorine
41 633 inscrits – 31,04 % de participation
Votes blancs : 448 – Votes nuls : 197
Catherine Arenou (DVD) – Laurent Brosse (DVD) : 57,89 %
Raphaël Prats (EELV) – Annie Minarik (EELV) : 42,11 %

Canton de Limay
37 456 inscrits – 30,89 % de partivcipation
Votes blancs : 626 – Votes nuls : 269
Cécile Dumoulin (LR) – Guy Muller (LR) : 61,79 %
Djamel Nedjar (DVG) – Catherine Potier (DVG) : 38,21 %

Canton de Mantes-la-Jolie
44 236 inscrits – 28,99 % de participation
Votes blancs : 1 291 – Votes nuls : 416
Pierre Bédier (LR) – Nathalie Pereira (LREM) : 70,05 %
Mathilde Androuët (RN) – Cyril Nauth (RN) : 29,95 %

Canton des Mureaux
32 375 inscrits – 25,25 % de participation
Votes blancs : 386 – Votes nuls : 182
Cécile Zammit-Popescu (DVD) – Marc Herz (SE) : 56,30 %
Gwenaële Guillo (SE) – Boris Venon (PS) : 43,70 %

Canton de Poissy
44 436 inscrits – 30,66 % de participation
Votes blancs : 408 – Votes nuls : 197
Suzanne Jaunet (LR) – Karl Olive (DVD) : 70,57 %
Salah Anouar (EELV) – Michèle Foubert (EELV) : 29,43 %

Canton de Verneuil-sur-Seine
53 350 inscrits – 37,25 % de participation
Votes blancs : 1 005 – Votes nuls : 362
Jean-François Raynal (LR) – Fabienne Devèze (DVD) : 52,96 %
Marie-Hélène Lopez-Jollivet (SE) – Cédric Aoun (SE) : 47,04 %