Inondations : le ras-le-bol de tout un quartier

Lors de l’épisode orageux du mardi 22 juin, une dizaine de pavillons ont vu leur jardin transformé en cours d’eau. Pour certains, à bout de nerfs, c’est la cinquième fois en deux ans.

Mardi 22 juin, il est environ 11 h et les habitants s’activent dans le quartier pavillonnaire situé le long de la rue du 8 mai. Ici a pris place depuis plusieurs heures un ballet de pompes à eau, raclettes et nettoyeurs haute-pression pour tenter d’effacer les traces du torrent de boue qui a inondé, plus tôt dans la matinée, ce quartier d’environ 70 habitations.

Bien que décrit cette fois comme particulièrement spectaculaire, ce n’est pas la première fois que des habitants de ces maisons mitoyennes, sorties de terre en 2019, subissent un tel scénario. Certains, touchés pour la cinquième fois en l’espace de deux ans, pointent du doigt la conception du promoteur, Nexity.

Vers 9 h, lorsque l’orage frappe au-dessus du quartier, les précipitations font rapidement déborder la noue, située dans un champ en surplomb des maisons les plus touchées, formant alors un courant de boue qui se déverse dans les jardins d’une dizaine de maisons et à ­l’intérieur de certaines d’entre elles.

« On y a eu le droit deux fois aujourd’hui, on avait à peine réussi à tout sécher quand j’ai vu une énorme vague arriver et s’engouffrer à nouveau dans les jardins », raconte un homme en s’efforçant d’évacuer l’eau de l’arrière maison de sa fille qu’il est venu aider en urgence. À côté de lui, son gendre, Kévin, saisit son téléphone avec lequel il a capturé les images des jardins où stagnent plusieurs dizaines de centimètres d’eau. « On a déjà eu des inondations en mars 2020 et puis l’année dernière, cette fois c’est monté jusque dans le garage : on ne vit plus, c’est un enfer », raconte le jeune homme.

« On a déjà eu des inondations en mars 2020 et puis l’année dernière, cette fois c’est monté jusque dans le garage : on ne vit plus, c’est un enfer », déplore Kévin, l’un des sinistrés.

Prévenus par de nombreux riverains, les pompiers ainsi que la police municipale sont arrivés sur place en fin de matinée et ont constaté les dégâts tout comme le maire, Franck Fontaine (LREM), arrivé lui plus tôt. Selon l’édile et ses habitants, ces inondations consécutives seraient dues au manque d’un bassin de rétention d’eau au sein des lotissements. « Il y a eu des magouilles pour construire trois logements de plus », dénonce l’une des sinistrées croisée dans la matinée.

Un historique que Franck Fontaine peine également à expliquer : « Quand on regarde les premiers plans du permis de construire, il y avait bien un bassin d’orage de prévu sauf que du jour au lendemain le bassin à disparu et le permis a été accordé. »

Contacté, Jean-François Fastré, qui occupait le poste de maire lors de la construction des lotissements, n’a pas répondu dans le temps imparti à notre publication. Pour autant, il indique à nos confrères de 78actu que « la création d’un bassin de rétention en dehors de la résidence, plus haut dans les champs, avait été évoquée et inscrite au PLUI (plan local d’urbanisme intercommunal, Ndlr) » mais que ce dernier n’a toujours pas vu le jour. Il réfute également tout vice de forme sur l’instruction du permis de construire. Contacté, le groupe Nexity ne nous a pas répondu.

Lors de ses échanges avec les habitants, Franck Fontaine leur a conseillé de monter une action en justice contre le promoteur. « Même si Nexity se retourne contre nous par la suite, les responsables doivent payer », tonne le maire.

Cela dit, du côté des riverains, encore éprouvés par l’incident, la priorité ne semblait pas être là. « Ce n’est pas rien, il faut qu’on prenne le temps d’y réfléchir ensemble », note une riveraine tandis qu’un autre réclame des solutions plus immédiates. D’après le maire, un bureau d’études a été commandé de façon à pouvoir rediriger à l’avenir les eaux que la noue ne parvient pas à absorber.

Les pompiers engloutis sous les appels de victimes

Les services de secours yvelinois ont été particulièrement mobilisés durant et après les violents orages qui se sont abattus ce mardi 22 juin. « On compte près de 150 interventions pour environ 550 demandes », rapporte la préfecture qui a coordonné les actions sur l’ensemble du département. Les villes de Houilles et de Carrières-sur-Seine ont été les plus touchées, sans pour autant qu’il n’y ait de blessé.

Dans la première commune, les rues ont été inondées après que le réseau d’évacuation urbain atteigne son point de saturation. « Trente personnes ont été évacuées et relogées », rapportent d’ailleurs les services de l’État. Les trombes d’eau ont aussi fait s’écrouler le toit d’une crèche à Carrières-sur-Seine. De cet incident, la préfecture précise que « les enfants avaient été mis à l’abri au préalable ».