Rentrée scolaire : la vaccination s’invite dans le protocole sanitaire

Le pass sanitaire n’est pas exigé pour les établissements scolaires mais une distinction sera néanmoins faite entre les collégiens et les lycéens vaccinés ou non. La mesure n’est pas unanimement bien accueillie par les enseignants et parents d’élèves.

Le 2 septembre, une nouvelle rentrée scolaire placée sous l’épidémie du coronavirus attend les élèves et le personnel, qu’il soit enseignant ou non. Pour éviter au maximum les fermetures de classes et d’établissements scolaires, ces derniers sont à nouveau soumis à un protocole sanitaire strict visant à empêcher la circulation active du virus dans l’enceinte des écoles, collèges et lycées. Dans ces deux derniers, une nouvelle mesure vient néanmoins s’ajouter à celles déjà préexistantes. Elle concerne la vaccination qui, depuis le 15 juin, est ouverte aux adolescents âgés de 12 à 17 ans. Bien que le pass sanitaire ne soit pas exigé dans les établissements scolaires, des restrictions existeront cependant pour les collégiens et lycéens non vaccinés. Cela n’est pas forcément bien accueilli chez les parents d’élèves et enseignants.

« Dans les collèges et les lycées, un protocole de contact-tracing renforcé sera mis en œuvre pour identifier les élèves ayant eu des contacts à risque avec un cas positif. Les élèves contact à risque ne justifiant pas d’une vaccination complète poursuivront pendant sept jours leurs apprentissages à distance. Les élèves contact à risque justifiant d’une vaccination complète poursuivront les cours en présentiel », indique le ministère de l’éducation nationale sur son site internet, education.gouv.fr, en précisant que « la règle de fermeture de la classe [maternelle et élémentaire] pour une durée de sept jours, dès le premier cas positif, ­continuera à ­s’appliquer dans les écoles ».

Selon un professeur du nouveau collège situé dans le quartier du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, la mesure ne sera pas aisée à appliquer, les enseignants ne pouvant pas se dédoubler pour assurer à la fois les cours en présentiel et en distanciel. « ­L’enfant [qui n’est pas vacciné] on va lui transmettre des documents mais ce sera comme un enfant qui est absent quand il est malade, qu’il ait une angine ou autre chose, explique le professeur. Ce sera la même chose donc, en fait, il ne faut pas vendre du rêve. Si on est en cours avec les élèves qui sont vaccinés, forcément les autres ils seront comme en absence médicale mais il n’y aura pas de cours à la maison en distanciel. Ce n’est pas vrai, cela n’existe pas. »

À la différence des collèges et des lycées, le ministère de l’éducation nationale indique sur son site internet que « la règle de fermeture de la classe [maternelle et élémentaire] pour une durée de sept jours dès le premier cas positif continuera à s’appliquer dans les écoles ».

Contactée, l’académie de Versailles se veut rassurante. « Les enseignants ont pris beaucoup d’expérience [depuis le début de la crise sanitaire] en termes d’enseignement hybride et puis ils sont outillés avec des ressources comme Ma classe à la maison (une plateforme de continuité pédagogique, Ndlr) pour pouvoir suivre à la fois les élèves qui seront en présentiel et les élèves qui seront en distanciel », détaille-t-elle en précisant néanmoins que cela « se construit à l’échelle de l’établissement en fonction de l’établissement, de l’enseignant et du moment où il en est dans son cours ».

Outre d’éventuelles difficultés pour assurer le suivi pédagogique, Christine Boutry, représentante des parents d’élèves à la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) au collège Albert Thierry à Limay, considère aussi que cette nouvelle mesure est « discriminatoire ». « Je trouve que c’est une mesure qui est complètement injuste parce qu’il y a des familles qui refusent la vaccination et, du coup, cela embête les enfants, déclare-t-elle. Ce sont les enfants qui sont les victimes et, du coup, ils ne pourront plus assister aux cours. »

D’après l’académie de Versailles, « l’isolement [des enfants non ­vaccinés] se fait sur déclaration des parents d’élèves », le but étant de conserver le secret médical. « Le chef d’établissement n’a pas à contrôler le statut vaccinal dans le sens où il n’a pas le dossier médical de l’élève, détaille-t-elle. Le dossier médical est quelque chose qui, par essence, n’est consultable que par un personnel médical. Ni chef d’établissement, ni enseignant, n’auront donc pas accès au dossier médical. C’est une déclaration des parents qui atteste de la vaccination. Elle sera suivie par l’établissement qui permettra à l’élève de venir en présentiel pendant cette période-là. »

Pour la présidente de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (Peep) à Conflans-Sainte-Honorine, Cécile Ribet-Retel, la décision de l’éducation nationale n’est pas parfaite mais elle a au moins le mérite de maintenir en présentiel les élèves vaccinés. « Si on regarde par rapport à la situation antérieure, quand il y avait un cas, la classe entière fermait donc ce sont tous les enfants qui se retrouvaient à la maison […], affirme-t-elle. De ce point de vue-là, on va quand même avoir un plus pour les enfants vaccinés qui pourront rester en classe donc, par rapport à la situation antérieure, on a une amélioration pour les enfants vaccinés. »

De plus, d’après elle, les taux de vaccination chez les adolescents sont encourageants. « J’ai tendance à croire que la grande majorité des enfants seront vaccinés pour la rentrée ou pour [fin] septembre […] et que, finalement, une majorité d’enfants pourra rester en classe », espère Cécile Ribet-Retel. Dans son point épidémiologique régional du 26 août dernier disponible sur le site de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, Santé publique France a indiqué que la couverture vaccinale pour au moins une dose en Île-de-France était de 48,7 % chez les 12-17 ans durant la semaine du 16 août contre 17,2 % durant la semaine du 28 juin.

Reconnaissant que le taux de vaccination chez les adolescents augmente, l’enseignant mantais s’interroge néanmoins sur celui des professeurs en se demandant si, en cas de non vaccination, eux-aussi devront s’absenter de l’établissement en cas de contact à risque avec un porteur du coronavirus. Le 26 août, contrairement à d’autres professions, aucune annonce concernant la vaccination obligatoire des ­enseignants n’était officialisée. « Nous souhaitons aller à 100 % d’adultes vaccinés dans le système scolaire », affirme néanmoins en conférence de presse ce même-jour le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer (LREM). Selon lui, « 78 % » des professeurs sont totalement vaccinés et « 9 % » sont en attente d’une seconde dose de vaccin.

« Tous les collèges et lycées vont se voir proposer la vaccination, absolument tous », déclare l’Académie de Versailles en précisant avoir « jumelée [cet été] les centres de vaccination avec les établissements ».

Loin de se concentrer aux seules salles de classes, la réflexion sur la vaccination des enseignants, des collégiens de plus de 12 ans et des lycéens se pose également durant les sorties scolaires. En effet, le ministre a indiqué qu’à partir du 30 septembre « le pass sanitaire s’appliquera » pour les enfants de plus de 12 ans lorsqu’une sortie scolaire aura lieu dans un établissement accueillant du public, en plus des scolaires, comme les musées par exemple.

Alors que Christine Boutry considère que « ce n’est pas à l’école de savoir l’état de santé d’un enfant pour organiser une sortie », Cécile Ribet-Retel insiste, quant à elle, sur la « mesure collective » de l’instauration du pass sanitaire des élèves de plus de 12 ans dans les lieux accueillant du public. « Le pass sanitaire ce n’est pas la vaccination obligatoire, tient-elle à rappeler. [Lorsqu’un] enfant a une sortie d’organisée, les parents ont la possibilité de le faire tester avant la sortie […]. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas vacciné qu’on ne pourra pas participer à la sortie. Il faut juste s’assurer de ne pas être contagieux, de ne pas être ­porteur. »

Pour encourager cependant encore davantage les adolescents comme le personnel à se faire vacciner, des ­créneaux sont proposés par les établissements scolaires. « Tous les collèges et lycées vont se voir proposer la vaccination, absolument tous », déclare l’académie de Versailles en précisant avoir « jumelé [cet été] les centres de vaccination avec les ­établissements ».

Concrètement, deux solutions sont proposées aux collèges et lycées pour vacciner les élèves dont une « autorisation parentale est demandée avec un seul parent » pour ceux âgés de 12 à 15 ans. « Soit les élèves se déplacent dans un centre proche et, dans ce cas-là, on organise le transport avec nos partenaires et collectivités […] ou [soit] on est dans une situation où il n’y a pas un centre de vaccination facilement accessible pour l’établissement et, dans ce cas-là, on monte un centre de vaccination éphémère dans les établissements en lien avec l’ARS. En fait, c’est le centre de vaccination qui détache une équipe mobile pour venir dans l’établissement », explique ­l’académie de Versailles.

« Je trouve cela idiot parce que les parents sont responsables de leurs enfants […]. S’ils avaient voulu le faire, ils l’auraient déjà fait. Ils n’attendent pas d’aller à l’école pour cela », lâche l’enseignant du nouveau collège mantais. Mais que les élèves soient ou non vaccinés, le respect des gestes barrières doit perdurer. « Il faut être clair, la vaccination n’empêche pas la transmission, n’empêche pas la contamination […], avertit Cécile Ribet-Retel qui insiste sur la nécessité d’aérer régulièrement les classes. Les gestes barrières restent de mise, beaucoup plus d’ailleurs parce que le variant Delta est encore plus contagieux […]. Il faut rester extrêmement vigilant. »

Des enseignements pour sensibiliser
à la vaccination

Tandis que les collégiens de plus de 12 ans et les lycéens pourront se faire vacciner dans les établissements scolaires, l’académie de Versailles indique également vouloir mener des actions de sensibilisation à la ­vaccination dans les établissements scolaires.

« Cela peut être des sensibilisations spécifiques en mobilisant par exemple les infirmières et les médecins scolaires, déclare-t-elle. Cela peut aussi être des sujets qui peuvent être évoqués d’un point de vue disciplinaire. En SVT, en abordant le virus et le vaccin [et] en histoire-géographie en abordant les pandémies dans l’histoire. Enfin, voilà, il y a des possibilités de sensibilisation. »

Pour un professeur du nouveau collège de Mantes-la-Jolie, les « campagnes de sensibilisation [et] d’explication » sont une bonne chose. Il avertit néanmoins sur le fait que, pour être efficaces, de telles actions doivent s’inscrire sur le temps long pour laisser le temps à la population qui serait réfractaire à la vaccination d’être « rassurée » et de changer ­éventuellement d’avis.