RER E : Nouvelle augmentation du coût, élus et associations en colère

Alors que la possibilité d’une augmentation du coût de mise en service du RER avait déjà été évoquée au début de l’année, SNCF Réseau réclame désormais 1,7 milliard d’euros supplémentaires entraînant la colère des élus locaux et des associations d’usagers.

Alors qu’il devait coûter 3,7 milliards d’euros, le projet Eole, prolongement du RER E vers l’Ouest jusqu’à Mantes-la-Jolie, pourrait finalement coûter 5,4 milliards d’euros. La semaine dernière, SNCF Réseau a annoncé avoir besoin d’un financement supplémentaire de 1,7 milliard d’euros pour pouvoir terminer les chantiers. Une demande qui a déclenché la colère des élus de la Région Île-de-France et du Département des Yvelines. Du côté de l’association d’usagers Plus de trains, la colère monte aussi face à cette annonce qui remet en cause l’investissement pour d’autres lignes de transports, alors que l’arrivée à Mantes-la-Jolie est prévue en 2025.

SNCF Réseau, maître d’ouvrage, avait déjà prévenu que le coût du prolongement du RER E allait augmenter. Mais la facture pour la Région et les Départements qui profiteront de ce prolongement est bien plus salée que prévu. Valérie Pécresse (Libres!), présidente de la Région a vivement réagi dans les pages du Parisien jeudi 7 octobre : « Fin juin, nous avons fait un audit et nous sommes tombés d’accord sur un surcoût de 640 millions… Et à peine trois mois après on me dit que finalement c’est 1,7 milliard ! […] C’est un véritable scandale d’État. »

Le surcoût de 30 % « du chiffrage initial, [est] cohérent avec la recommandation de 2017 de la Cour des comptes en matière de grands projets du type d’EOLE », précise SNCF Réseau à la Gazette de la Défense et s’explique selon eux par deux crues importantes sur les chantiers, des manifestations qui les ont ­immobilisés et par la crise sanitaire.

Mais les élus ne semblent pas convaincus par ces explications. Rappelant l’importance du projet Eole, Pierre Bédier (LR), président du Département des Yvelines déclarait à la Gazette en Yvelines au début du mois : « Nous attendons des explications plus détaillées, mais nous considérons en l’état actuel que le coût de ces dépassements n’est pas justifié. Donc, en l’état actuel, nous n’avons pas de raison de financer. »

« En réalité, dès le départ, les coûts ont été sous-estimés. Et si c’est le cas, SNCF Réseau doit prendre ses responsabilités. Mais, ce n’est pas possible de continuer ainsi, a indiqué Valérie Pécresse au Parisien. […] Nous sommes en proie à un chantage permanent de sa part, d’interruptions de travaux si on n’avance pas la trésorerie. » Même son de cloche du côté de l’association d’usagers Plus de trains étonnée par une telle annonce et surtout le montant évoqué. Pour Arnaud Bertrand, président de l’association : « Ça manque totalement de ­transparence […] C’est vraiment ­choquant ».

D’ajouter ensuite : « On est extrêmement sceptique […] On comprend bien que ce sont des chantiers complexes, mais là c’est assez téléphoné le truc qui arrive comme ça, quand le chantier est déjà très engagé, qui semble même fini. » Pierre Bédier rassure pour le moment malgré la menace d’interruption des chantiers. Le RER E verra bien le jour selon lui : « Je rassure vos lecteurs futurs utilisateurs d’Eole, de toute façon le chantier, au point où il en est, il faudra bien le finir ».

« Ce qui nous gêne, c’est qu’on sait très bien que la ressource pour investir et améliorer les transports publics, elle est limitée et donc là il y a beaucoup d’œufs qui sont mis dans le même panier […] en coûtant beaucoup plus cher, le projet était beaucoup plus discutable », réagit Arnaud Bertrand. Selon lui, ce sont d’autres projets d’importance en Île-de-France qui pourraient donc souffrir de cet investissement supplémentaire pour financer le projet Eole, notamment les projets de tramways ou de modernisations de RER, « des projets qui sont quand même utiles ».

Le président de l’association Plus de trains qui soutient la réaction de Valérie Pécresse, qu’il juge « à la hauteur du problème », demande comme elle que soient organisés « des audits, des enquêtes » pour comprendre ces débordements. Selon la présidente de la Région, si cela n’aboutit pas, elle demandera « une mission de contrôle parlementaire. Et tout cela devra se faire cet automne. Sinon, en janvier, Eole s’arrête. »