L’unité de la majorité municipale en sursis

Cinq élus ont fait un pas en retrait de la majorité en créant leur propre groupe en amont du dernier conseil municipal. Les dissidents pointent des désaccords vieux de plusieurs mois.

C’était « dans les cartons » depuis un moment déjà à en croire l’initiateur du mouvement. Mardi 12 octobre, cinq élus issus de la majorité municipale ont officialisé leur départ pour créer un nouveau groupe politique.

Pour les membres dissidents que sont l’adjoint à l’urbanisme Eugène Dalle et les conseillers municipaux Socrate Gabrielides, Philippe Lenfant, Caroline Pisica et Georges-Edouard Bacle, cette décision résulte de la dissension et « du manque de dialogue » qui régnait au sein du bureau municipal. De son côté, le maire Fabien Aufrechter (LREM), reste optimiste au vu du « soutien » affiché par le nouveau groupe, même si celui-ci reste encore très flou.

Si certains observateurs s’attendaient à un règlement de comptes en règle, la fissure au sein de la majorité dévoilée en fin de conseil municipal n’a finalement pas fait de vague, du moins publiquement. « Tout paraît très paisible […] on s’interroge sur ce qui se passe dans votre majorité », interroge d’ailleurs le conseiller municipal d’opposition, Julien Fréjabue, en fin de séance alors que ni le maire, ni les élus concernés n’ont visiblement décidé d’évoquer le sujet.

Georges-Edouard Bacle, conseiller municipal délégué aux travaux et président du nouveau groupe, confirme sobrement la séparation :« Moi, je considère que c’est comme dans un couple, les emmerdes ça commence à partir de deux : donc imaginez à 23 […] nous avons décidé de créer ce groupe pour que nos voix soient clairement entendues, c’est un groupe de soutien de majorité ce n’est pas un groupe qui a vocation de faire scission. » « Dont acte », conclut quant à lui Fabien Aufrechter.

Pour autant, une fois les caméras du conseil municipal éteintes, la situation semble bien plus électrique qu’elle n’y paraît notamment du côté des « frondeurs », salués ironiquement d’un « bienvenue dans l’opposition » par leurs homologues minoritaires.

Interrogé à l’issue de la séance, Georges-Edouard Bacle précise ainsi les raisons qui les ont poussés à quitter la majorité. « Quand on a une liste qui a pris la mairie a 32 voix près, qui est une liste d’union (entre les listes de Fabien Aufrechter et du premier adjoint Oliver Melsens, Ndlr )[…] les 32 voix d’écarts tout le monde peut les revendiquer […] mais à la fin, lorsque finalement cette liste d’union déroule son programme du premier tour là je dis non », revendique-t-il en précisant que sa position de soutien à la majorité est « plus une forme de politesse ».

Les membres du nouveau groupe sont (de gauche à droite) Socrate Gabrielides, Philippe Lenfant, Caroline Pisica, Georges-Edouard Bacle et l’adjoint à l’urbanisme, Eugène Dalle.

Les cinq membres du nouveau groupe Agir et progrès pour Verneuil, sont tous issus de la liste Agir ensemble pour Verneuil conduite au premier tour par Olivier Melsens. Le choix même de l’acronyme « AEPV » est donc « une pichenette envoyée au premier adjoint », souligne Georges-Edouard Bacle. Il poursuit : « On devait être sept initialement, mais à la fin, il y a deux personnes qui ont préféré ne pas suivre le mouvement. »

La facture entre les deux composantes se serait notamment scellée autour des projets du maire en matière de sécurité causant une forte augmentation de la fiscalité du Sivucop, le syndicat intercommunal ayant en charge la gestion du commissariat de Vernouillet-Verneuil et la vidéosurveillance. Un sujet qui cristallisait déjà les ­tensions entre majorité et ­opposition.

« C’était la goutte d’eau, confie Georges-Edouard Bacle. Quand la plupart des Vernoliens ont découvert des +10 %, +11 % sur la taxe foncière, moi, j’ai des gens qui sont venus toquer à ma porte et ça la majorité n’était pas au courant, on s’est rendu compte que c’était trois à quatre personnes en cercle restreint qui géraient et moi je n’ai pas envie d’être associé à ça. »

S’il confirme les divergences d’opinions qui circulent dans ses rangs, Fabien Aufrechter, dit ne pas être inquiet de la constitution de ce nouveau groupe. « Ce sont des sujets sur lesquels ils voudraient amener du débat moi je n’ai peur d’aucun débat, assure l’édile. Je n’ai pas de problème avec [la création de ce groupe] ils sont dans le cadre de la majorité, de la même manière que le groupe soit formel ou informel, c’est une manière de travailler. La majorité, elle est plurielle et différentielle, on vient de tous les horizons, on est le fruit d’une fusion, c’est notre richesse. »

Interrogé sur ses intentions de maintenir ou non les délégations attribuées à Eugène Dalle, Georges-Edouard Bacle et Caroline Pisica (déléguée à la santé), l’édile semble être dans l’expectative. « Pour l’instant, ça ne change rien, affirme-t-il. Après on verra selon les directions [de vote] qui seront prises. »