Affrontement entre riverains, les juges relaxent le prévenu

Un habitant soutenait avoir été agressé par un groupe de jeunes qui causaient des nuisances sonores. Devant le tribunal, le jeudi 28 octobre, l’agresseur présumé a contesté la version de la victime.

« Non je ne reconnais pas les faits », affirme le jeune homme de 18 ans qui se présente le 28 octobre à la barre du tribunal correctionnel de Versailles. Convoqué en comparution immédiate, il est suspecté de s’en être pris, avec plusieurs autres jeunes, à un voisin venu se plaindre du son de la musique du groupe, en bas de son immeuble. Devant les juges, le prévenu a contesté la ­version de la victime.

Selon cette dernière, dans la nuit du 6 au 7 septembre, le jeune homme se serait montré violent envers lui, et lui aurait lancé une bouteille de vodka. Ce que le jeune homme conteste formellement. « Il y a beaucoup de choses qui sont fausses. […] Quand la police est venue j’avais encore la bouteille avec moi et elle était intacte », se défend le prévenu. Deux versions s’opposent donc.

Cela faisait plusieurs jours que le son de la musique dérangeait la victime, « qui se lève à 5 h du matin tous les jours pour aller à son travail », rappelle son avocat. Alors, au bout de quatre jours de nuisances, l’homme décide d’intervenir. Muni d’une batte de baseball, le Conflanais descend voir le groupe de jeunes, composé surtout de mineurs, sauf le jeune prévenu. « Certains avaient le visage dissimulé par leur masque, l’un portait une cagoule et une barre de fer », rapporte le juge du rapport de police tout en distinguant que le suspect, « reconnaissable à ses cheveux blonds décolorés », lui, n’était pas cagoulé.

Ils étaient six face à la victime, qui, après les avoir réprimandés, a discuté calmement avec eux en posant sa batte de baseball. Mais la situation bascule lorsque l’un des jeunes du groupe se saisit de l’objet. Un point que le prévenu ne conteste pas. « Dans ces cas-là, tu ne descends pas pour discuter avec une batte de baseball. Sinon c’est que ça ne va pas ­s’arranger », rétorque-t-il pour ­autant.

Et la situation a justement dégénéré après. Selon la victime, le prévenu se serait interposé entre lui et le groupe, et il aurait collé sa tête contre la sienne. Le voisin l’a donc giflé, ce qui aurait excité le reste du groupe qui s’est ensuite jeté sur lui. Cependant, devant les juges, le jeune homme l’assure : il n’a pas touché la victime alors qu’elle lui aurait asséné un coup de poing sans raison. Puis pour se défendre, l’habitant de l’immeuble aurait sorti un tournevis. Ce que conteste encore une fois la défense qui parle plutôt « d’un couteau ». L’homme victime s’en est finalement sorti avec quelques entailles au bras, potentiellement causées par le fameux lancer de bouteille. Il a aussi des blessures à la tempe. Il a reçu deux jours d’incapacité temporaire de travail. De plus, les fenêtres et les volets de son appartement ont été brisés dans la foulée après ­l’affrontement.

Alors qui dit vrai qui dit faux ? C’est l’objet de cette comparution immédiate. La victime a pourtant formellement reconnu son présumé agresseur, mais lui assure ne pas l’avoir touché. Un témoin, un des habitants de l’immeuble, aurait a priori vu toute la scène, mais il n’aurait pas été entendu par la police. « J’ai demandé des confrontations, mais il n’y a rien eu, affirme le suspect à la barre. Je suis innocent et même victime. » « Pourtant il n’a pas porté plainte », rétorque l’avocat des parties civiles.

Il faut également savoir que le jeune prévenu est encore en sursis probatoire. Déjà condamné par le tribunal des enfants pour violence il y a moins d’un an, il serait en récidive légale, selon le procureur qui réclame trois mois de prison ferme, avec un aménagement de peine sous surveillance électronique à domicile. Mais sa situation est bonne. Il dit travailler en CDI chez Picard et compte ­passer son permis.

À l’annonce du délibéré, les juges ont finalement retenu le préjudice du doute quant aux deux versions. Le prévenu est relaxé mais prévenu sur ses fréquentations. « On peut être responsable des faits d’un groupe », lui rappelle la juge.