Quelle gouvernance pour les îles de loisirs ?

Le Département souhaite se désengager du syndicat mixte de gestion de l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines. Celle du Val de Seine pourrait être concernée, à plus long-terme.

Lors de sa séance du 1er octobre dernier, le Département a fait part de sa volonté de quitter le Syndicat mixte d’étude, d’aménagement (Smeag) de l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, la collectivité ne voyant pas l’intérêt de financer un déficit « récurrent, [qui] se creuse inexorablement, grévant le budget de fonctionnement du conseil départemental sans qu’aucune solution ne soit proposée pour le résorber », rapporte Joséphine Kollmannsberger (LR), également maire de Plaisir.

Si elle est votée par le comité syndical de l’île de loisirs, cette sortie sera effective au 1er janvier prochain. Mais alors que les subventions aux îles de loisirs du Val de Seine et des Boucles de Seine ont elles été votées, le président du Département, Pierre Bédier (LR), a tout de même fait part de son souhait de changer le mode de gouvernance de la première.

« La loi prévoit que les bases de loisirs sont une voiture, qu’il y a pour cette voiture trois places devant, une place pour celui qui tient le volant, une place pour celui qui tient le frein et une place pour celui qui tient l’accélérateur. Vous allez m’expliquer comment on peut faire fonctionner une voiture comme ça, c’est impossible », tance ainsi Pierre Bédier.

Concernant celle du Val de Seine, située à Verneuil-sur-Seine, « les statuts du syndicat mixte stipulent que les frais de fonctionnement et les dépenses d’exploitation de l’île de loisirs, non couverts par les recettes de gestion, sont mis, pour moitié d’entre elles, à la charge du conseil départemental des Yvelines », indique la délibération.

Pour l’année 2020, « le Conseil départemental a accompagné sa participation habituelle de 120 000 euros, d’un appui supplémentaire de 200 000 euros, sollicités par l’île au regard de la perte d’activités liée à la crise sanitaire », poursuit cette dernière. Pour l’année 2021, le montant alloué est de 120 000 euros. Dans cette délibération, le Département fait toutefois état d’un « niveau d’autonomie de gestion très satisfaisant », malgré un taux de dépenses annuelles de « plus de 2,16 millions d’euros ».

Pour autant, « nous plaidons, en Yvelines, pour un changement de paradigme qui soit une meilleure gestion et qui permette comme ça de continuer à faire vivre ces bases, de les développer mais avec une gouvernance unique », abonde Pierre Bédier, le Smeag de l’île de loisirs du Val de Seine regroupant Région, Département, communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) et Les Mureaux. Pour lui, l’île de loisirs devrait être portée par GPSEO : « Si dans une communauté urbaine qui est très étalée le long de la Seine, il y a bien un centre de gravité d’activités ludiques, c’est bien la base de Verneuil-Vernouillet. »

Président du syndicat, Jean-François Raynal (LR) abonde de ces difficultés de gestion : « Quand nous avons des projets qui pourraient apporter des investissements porteurs de recettes qui permettraient de pérenniser et faire le budget tout en respectant la dimension sociale, c’est-à-dire de faire des activités qui rapportent peu mais en parallèle d’avoir d’autres activités qui assurent des recettes, on est bloqués parce que l’investissement dépend de la Région. »

Le conseiller départemental prend pour exemple la récente réfection des parkings. « On a un programme d’investissement de 700 000 euros par an, quand vous avez la rénovation des parkings, c’était 1,8 million d’euros, rappelle-t-il. […] On a voté un investissement sur trois ans pour une opération qui est nécessaire pour améliorer l’accueil de la clientèle mais qui quelque part ne nous rapporte rien. »

En revanche, la situation concernant l’île de loisirs des Boucles de Seine, située sur les communes de Moisson et Mousseaux-sur-Seine, est légèrement différente. « À l’évidence [elle] ne peut pas être portée par l’intercommunalité des Portes de l’Île-de-France, qui est une petite intercommunalité, grande par les talents de ses élus et la qualité de ses habitants, […] mais faible, petite par ses capacités financières, souligne Pierre Bédier. Et de fait c’est ce qui montre pour nous que [pour] la base de loisirs de Moisson-Mousseaux, c’est au Département de financer cela, toujours dans cette logique que le Département est le partenaire bienveillant des ­communes. »