L’abattage d’arbres sur l’étang du Gallardon crée la polémique

Les associations environnementales et la Ville dénoncent des coupes « illégales » sur une île abritant une espèce d’oiseaux protégée. Les pêcheurs à l’origine de l’abattage mettent en avant un intérêt de « sécurité ».

Les critiques fusent ces dernières semaines autour de l’abattage de plusieurs arbres sur l’étang du Gallardon situé dans le périmètre de l’île de loisirs du Val de Seine. Outre le fait que le site constitue l’habitat d’une espèce d’oiseaux protégée, ces coupes ont été réalisées bénévolement par l’association de pêcheurs du site dans un cadre réglementaire flou. Bien que ces derniers assurent n’avoir coupé « que des arbres morts » et n’avoir détruit « que des nids anciens », plusieurs associations environnementales ainsi que le maire de Verneuil-sur-Seine envisagent de porter plainte.

Au début du mois de février, avant même l’abattage des arbres, l’association Adiv-environnement avait fait part d’inquiétudes auprès de la direction de la base de loisirs. Elle assure ainsi avoir été alertée de la volonté des pêcheurs de l’étang « d’abattre tous les arbres présents sur l’île aux cormorans » de façon à réduire la présence de ces oiseaux qui se nourrissent sur le site de pêche.

« Une rumeur totalement infondée », répondait son directeur, Jean-Yves Roux, le 7 février dans un mail publié par l’Adiv sur son site internet. Dans ce dernier, le directeur assure « que rien ne peut être entrepris sur la base de loisirs sans un accord préalable de sa part » et qu’« en l’occurrence, ce n’est pas le cas, et ce ne le sera pas ». Cinq jours plus tard, l’îlot de terre était défriché « d’une dizaine » d’arbres par des bénévoles de l’Union de pêcheurs de la base de loisirs (UPBL).

Les week-ends du 12 et du 19 février, le bataillon de volontaires organisait effectivement sa traditionnelle opération d’entretien et de nettoyage des berges de l’étang. « Une équipe de trois personnes est allée sur l’île et (a) constaté qu’il y avait déjà un arbre de tombé, trois, quatre arbres qui penchaient dangereusement, et la plupart des arbres étaient morts ou mourants », explique le trésorier de l’UPBL, Jean-Luc Gallais, qui a piloté l’opération cette année.

Le 12 février, le bataillon de pêcheurs volontaires a coupé « une dizaine d’arbres » de l’île jugés « mort ou mourants » lors de sa traditionnelle opération d’entretien et de nettoyage des berges.

Depuis plus de vingt ans, le groupement de pêcheurs est autorisé à pratiquer sur l’étang du Gallardon en échange de ces opérations annuelles. Un accord qui n’est pourtant inscrit nulle part, créant donc un flou sur les limites posées à l’intervention des bénévoles. « C’était un accord tacite », confirme le président du syndicat de gestion de l’île de loisirs, le conseiller départemental du canton Jean-François Raynal (LR), lorsqu’il se replonge dans la convention qui lie les deux parties.

Jean-Luc Gallais réfute totalement une quelconque volonté de faire fuir les oiseaux qui vivent autour du lac et ont pour habitude de nidifier sur l’île. « C’est du délire absolu, on a fait exprès ce travail deux mois avant la période de nidification, insiste-t-il. Si on voulait vraiment nuire aux cormorans, on aurait attendu la fin avril, voire le début mai pour abattre les arbres. » Le trésorier précise que seuls « deux ou trois nids anciens » ont été impactés par les travaux d’abattage ­réalisés « pour la sécurité » des pêcheurs qui naviguent en ­float-tube autour de l’île.

Mais s’agissant du lieu de reproduction d’une espèce protégée, ces travaux auraient dû faire l’objet d’une demande de dérogation auprès des services préfectoraux pour « la destruction, l’altération ou la dégradation des habitats d’espèces protégées », comme le prévoit le code de l’environnement. Pour l’Adiv, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et Triel environnement, ces abattages constituent une atteinte à l’habitat naturel des cormorans. Une trentaine d’individus y serait recensée à en croire Eric Grosso, bénévole au sein de la ­délégation ­francilienne de la LPO.

« Sur ce qui est de l’entretien, je n’ai pas de soucis, mais pour ce qui est des abattages, on rentre dans un cadre qui est réglementé […] il faut une déclaration au service urbanisme en mairie, ce qui n’a pas été le cas et, par conséquent, je ne suis pas d’accord », grince de son côté le maire LREM de Verneuil-sur-Seine, Fabien Aufrechter. En attendant une rencontre avec les pêcheurs, l’édile comme les associations envisagent de porter plainte. Jean-François Raynal a assuré à La Gazette, qu’à l’avenir, cette mission ne sera plus confiée à l’UPBL. « Il est hors de question aujourd’hui qu’on aille mélanger le bénévolat à des actions qui peuvent après être compliquées, on va arrêter tout ça et comme ça il n’y aura plus de difficulté », conclut-il.