Paris-Nice 2022 : une saveur retrouvée

Le départ et l’arrivée de la première étape de la course au soleil ont eu lieu le 6 mars à Mantes-la-Ville. Contrairement à l’an passé, l’allègement du contexte sanitaire a permis au public d’approcher au plus près les coureurs.

Le 6 mars, le lancement de la 80e édition de la course au soleil, pour la treizième année d’affilée dans le département, n’a pas été uniquement marqué par le beau temps. Contrairement à l’an passé où le public était gardé à bonne distance des coureurs en raison du contexte sanitaire, la première étape de l’édition 2022, dont le départ et l’arrivée étaient à Mantes-la-Ville, a vu le retour des spectateurs aux abords de la zone de départ et d’arrivée. Quelques minutes avant le départ, une foule s’était effectivement massée au niveau du village des animations, près du centre aquatique Aquasport, pour assister à la présentation des coureurs et les encourager.

C’est notamment le cas de Claudine et Gérard, deux passionnés de cyclisme qui n’ont pas hésité à faire le déplacement depuis l’Eure-et-Loir pour assister à l’événement. Selon eux, comme dans tous les sports, le public joue un rôle essentiel pour encourager les coureurs à se surpasser. « Une course sans public, ce n’est pas du tout pareil, ajoute Gérard. Je dirai même que c’est ­tristounet. »

Ce constat n’est pas simplement celui des spectateurs. Il est également partagé par les participants du Paris-Nice eux-mêmes. « Retrouver le public, cela fait du bien. C’est chaleureux », confie à La Gazette le coureur sous le maillot Groupama-Française des jeux (FDJ), David Gaudu. Tout comme d’autres participants, le cycliste professionnel répond volontiers aux sollicitations de la foule qui lui tend un carnet et un stylo pour signer des autographes. À quelques minutes du départ, il garde néanmoins en tête son objectif de rester concentré.

Sollicités par le public, de nombreux cyclistes professionnels ont signé des autographes.

« On sait que le départ de Paris-Nice est toujours stressant, est toujours difficile à aborder. Il faut rester concentré du premier kilomètre jusqu’à ce qu’on passe la ligne d’arrivée [finale], à Nice. C’est une semaine qui va être très, très intense mais qui sera sans doute très belle », expliquait David Gaudu de la course à étapes dans laquelle il participe du 6 au 13 mars. À l’issue de la première étape qui a traversé de nombreuses communes de vallée de Seine, le coureur est arrivé avec 22 secondes de retard sur le vainqueur du jour, Christophe Laporte (voir encadré). « Une entrée en matière intense mais bien assurée », déclare le ­communiqué de presse de l’équipe cycliste ­Groupama- Française des jeux.

Mais au-delà des encouragements donnés aux cyclistes, l’événement était également pour le public l’occasion de partager un moment convivial et festif. Le village des animations, organisé du 5 au 6 mars, a ainsi attiré de nombreuses personnes. Certains, comme Mickael, un Magnanvillois accompagné de son fils, s’y sont rendus le 5 mars « par curiosité » et ont notamment profité d’une animation d’initiation au VTT Trial. Pour d’autres, le rendez-vous de la course cycliste était un excellent moyen de se retrouver entre passionnés. « On se déplace donc on revoit des gens qu’on voit régulièrement. Cela permet de se retrouver », affirme Claudine.

Cette déclaration est loin de surprendre Magali Lecroq, la mère du coureur sous le maillot B&B hôtels-KTM, Jérémy Lecroq. Bien qu’elle ait surtout fait le déplacement depuis le Val-d’Oise pour encourager son fils, Magali Lecroq est consciente que l’événement festif rassemblant des passionnés ou non de cyclisme est aussi l’occasion pour eux de s’aérer l’esprit. « Après les deux années [marquées par la crise sanitaire] qu’on vient de passer, sortir, se promener, voir du monde, [cela fait du bien] », explique-t-elle.

L’envie de profiter des animations a ainsi conduit bon nombre de spectateurs à s’orienter vers les démonstrations de VTT Trial de l’association Energy Trial Show spécialisée dans ce type de spectacles et qui a déjà collaboré avec le Paris-Nice par le passé. « Le village est plutôt bien animé et cela fait plaisir », ­déclare le gérant Ludovic Hemmery.

Quelques minutes avant le départ, une foule s’était massée au niveau du village des animations, près du centre aquatique Aquasport, pour assister à la présentation des coureurs et les encourager.

Avec de telles animations organisées autour du Paris-Nice, Cédric, un Mantevillois venu le 5 mars avec son fils, est convaincu que la course cycliste va permettre de faire « beaucoup de publicité à Mantes-la-Ville ». Et justement, donner une image positive de la ville est un des points sur lequel le maire, Sami Damergy (SE), avoue avoir travaillé. « Notre ville renaît. Le fait qu’on fasse le départ et l’arrivée ici, au niveau du boulevard Roger Salengo […] au niveau de la zone d’université en développement de la ville [est important] », affirme-t-il de l’importance de mettre en lumière ce quartier et, plus ­globalement, la commune.

Le président du Conseil départemental, Pierre Bédier (LR), reconnaît que « Mantes-la-Ville s’est faite particulièrement belle pour cette occasion ». Alors que l’arrivée de l’édition 2021 n’est pas encore terminée, le président du Département est déjà tourné vers l’avenir. « Le vélo et les Yvelines c’est une belle histoire d’amour, confie-t-il. C’est une histoire d’amour qui continuera et qui continuera encore longtemps mais qui continuera encore surtout dans la perspective, et je le redis, des Jeux Olympiques 2024 à Paris puisque les Yvelines seront terre d’olympisme et, en particulier, pour les épreuves cyclistes. » Le vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines accueillera effectivement les épreuves de cyclisme sur piste aux Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. La ville accueillant le départ de la future édition du Paris-Nice en 2023 n’est, elle, pas encore officiellement connue.

De nombreuses animations étaient organisées au niveau du village des animations dont une initiation au VTT Trial.

Les espoirs des sprinteurs enterrés dans la côte de Breuil-Bois-Robert

Un final qui restera dans les mémoires. La formation Jumbo-Visma a réalisé un véritable tour de force en s’offrant un triplé à Mantes-la-Ville ce dimanche. Après avoir fait exploser le peloton avec un tempo ravageur dans la dernière difficulté du jour, la côte de Breuil-Bois-Robert, c’est le Français Christophe Laporte qui a franchi la ligne d’arrivée en tête juste devant ses coéquipiers Wout van Aert (Belgique) et Primoz Roglic (Slovénie).

Longue de 160 kilomètres, le profil de cette première étape de la course au soleil permettait de parier sur plusieurs conclusions. En commençant par celle d’une échappée qui résisterait au peloton jusqu’au bout. Ce fut la stratégie privilégiée par l’équipe Lotto Soudal dont les coureurs ont engagé les deux grandes tentatives de la journée. D’abord Matthew Holmes (Angleterre) qui a pris la fuite dès le kilomètre 5 avec Aimé De Gendt (Intermarché -Wanty Gobert – Belgique). Creusant jusqu’à 3 minutes d’écart avec le peloton, le duo a finalement été repris à la mi-course.

Second coup d’essai à 50 kilomètres de l’arrivée. Fréderik Frisson (Lotto-Soudal – Belgique), Alexis Gougeard (B&B Hôtels KTM – France) et le champion du Kazakhstan, Yevgeniy Fedorov (Astana), profitent d’un moment d’accalmie pour s’extraire du peloton. Gardés à bonne distance, les trois hommes mènent la course sur un peu plus de 25 kilomètres sans jamais s’envoler au-dessus des 1’30 minute d’avance.

À 14 kilomètres du terme, c’est un peloton lancé à vive allure qui avale les trois fuyards. En file indienne dans la commune de Vert, les équipiers s’arrachent pour placer leur leader aux devants en anticipation d’un sprint massif sur le boulevard Roger Salengro. C’est finalement le deuxième ­passage de la côte de Breuil-Bois-Robert qui fera office de juge de paix.

Au pied de la dernière difficulté de la course, 1,2 kilomètre à 6 % de pente moyenne, le train de l’équipe Jumbo-Visma fait littéralement exploser le peloton. Le rythme imposé est trop fort, les sprinters patinent tout comme le champion d’Europe et dernier vainqueur du Paris-­Roubaix, Sonny Colbrelli ( Bahrain Victorious – Italie).

Lorsque Christophe Laporte prend, d’un franc coup de pédale, le relais en tête du peloton, l’impensable se produit. Le français assomme la course avec, dans sa roue, ses deux coéquipiers Van Aert et Roglic. Il ne reste plus que 5 kilomètres, le trio jaune se relaie, creuse l’écart et file tout droit vers la victoire.

Sur les derniers mètres, Primoz Roglic, l’un des grands favoris de ce Paris-Nice, laisse même échapper les quatre secondes de bonification allouées à la première place pour offrir au Français sa première victoire en World Tour. Sur la ligne, les trois coureurs lèvent les bras avec 22 secondes d’avance sur le peloton.

« Ce n’était pas planifié, on s’était dit que si on était placés, j’allais attaquer, raconte Christophe Laporte au micro de France Télévisons. C’est incroyable, je remercie vraiment l’équipe, Wout m’a dit à un kilomètre que c’était pour moi aujourd’hui donc c’est vraiment un beau cadeau qu’ils me font, je vais être maillot jaune sur Paris-Nice. »