Il plaide l’acharnement des policiers et obtient la relaxe

Suspecté d’avoir tenté de foncer en scooter sur des policiers en août 2019, l’homme de 27 ans a finalement été relaxé par le tribunal sur « le bénéfice du doute ».

L’enquête de la police n’était pas assez aboutie aux yeux de la défense et du tribunal. Jeudi 10 mars, un Mantais de 27 ans comparaissait devant la 8e chambre correctionnelle du tribunal de Versailles pour « refus d’obtempérer » et « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Accusé par deux policiers de Mantes-la-Jolie de leur avoir foncé dessus avec un scooter en août 2019, le prévenu a finalement été relaxé faute de preuves ­suffisantes amenées par ­l’accusation.

Lors de l’audience, la juge a détaillé le procès-verbal rédigé par les deux policiers de la brigade anti-criminalité (BAC), qui se sont ­constitués partie civile dans cette affaire. Selon leur version des faits, les deux hommes étaient en patrouille dans le quartier du Val Fourré lorsqu’en fin de journée, ils auraient aperçu un homme « bien connu de leurs services » et à qui il devaient notifier un jugement.

« Mais, à la vue des uniformes, il a pris la fuite, rapporte la juge des dires des policiers. Il a ensuite foncé sur les agents avec un scooter de type T-Max […]. S’ils n’avaient pas fait d’écart, ils auraient été percutés. » Une course-poursuite se serait alors engagée jusqu’à ce que la patrouille de la BAC se retrouve face « à un groupe hostile d’une trentaine d’individus » l’obligeant à quitter les lieux. D’après les victimes, le fuyard aurait également manqué, « à plusieurs reprises », de renverser des piétons qui circulaient en cette fin d’après-midi près de la dalle du Val Fourré.

Interpellé et interrogé quelques jours plus tard, le suspect a assuré qu’il ne s’agissait pas de lui. « C’est une histoire montée de toute pièce par un policier avec lequel il y a eu un différend », avance le Mantais devant le tribunal. À la barre, il explique avoir déjà été opposé à l’un des deux fonctionnaires dans une autre affaire. « Il m’avait juré qu’il allait en découdre avec moi », enchaîne-t-il. S’appuyant sur son passé judiciaire plutôt fourni, et estimant que cet épisode place le prévenu en état de récidive légale, le ministère public a requis une peine de six mois de prison ferme à son encontre.

Son avocate, maître Isabelle Felenbok, s’étonne, quant à elle, que les victimes présumées puissent, du fait de cette qualité, être les rédacteurs des procès-verbaux et les agents chargés de l’enquête. « [Dans ce genre de situation], les procédures doivent être dépaysées pour assurer l’impartialité », déplore-t-elle. Au moment d’entamer sa plaidoirie, l’avocate interroge l’accusation : « Si ces messieurs les policiers disent que mon client a tenté de foncer sur eux volontairement, pourquoi ne comparaît-il pas pour une double tentative d’homicide ? Pourquoi, alors que la charge de la preuve revient à l’accusation, les policiers ne sont-ils pas capables d’étayer leur dossier pour prouver ce qu’ils avancent ? Je n’ai pas de témoins, pas de vidéosurveillance et pas non plus de géolocalisation de téléphone… L’assermentation [des policiers] ne suffit pas ».