À partir de septembre, un RER A en moins pour Poissy en pointe du matin

L’expérimentation sera menée pour six mois dans le cadre du rééquilibrage du RER A entre les branches de Poissy et Cergy (Val-d’Oise).Une étude sur la signalétique a également été évoquée.

« Donc ce qui n’était pas possible il y a un mois l’est désormais ? » Ce jeudi 14 avril, le maire de Conflans-Sainte-Honorine, Laurent Brosse (DVD), s’interroge. Alors qu’il vient de sortir du conseil communautaire, plusieurs textos envoyés par les associations d’usagers font état d’une réunion s’étant tenue le même jour portant sur le rééquilibrage des branches Poissy et Cergy (Val-d’Oise) du RER A.

Le sujet est en réflexion depuis plusieurs mois, ainsi que le révélait La Gazette au début du mois de novembre. Plusieurs scénarios avaient été étudiés par la SNCF et Île-de-France mobilités, organe de la Région en charge des transports, afin de rajouter des dessertes sur la branche Cergy, desservant également les gares de Conflans Fin-d’Oise et Achères-Ville, diminuant de fait l’offre sur la branche pisciacaise.

Une deuxième réunion, le 11 février dernier avait finalement écarté tous les scénarii proposés initialement, pour manque de robustesse et une variante proposée. Finalement, une expérimentation de six mois à partir du mois de septembre prochain a été retenue : il s’agit de supprimer un RER A en heure de pointe du côté de Poissy et d’en rajouter un du côté de Cergy, sans toucher à la L3.

Sur cette branche, élus et associations d’usagers se réjouissent de cette solution trouvée, même si elle ne correspond pas tout à fait à leurs attentes et qu’ils militent pour une réorganisation plus franche. À Poissy, on déplore cette suppression et les élus n’excluent pas de se faire entendre pour ­obtenir gain de cause.

« On est ravis d’avoir obtenu ça a minima », confirme Camille Vaur, adjointe achéroise en charge des mobilités, pour qui la réunion du 11 février avait laissé un goût amer. Même réaction du côté de Laurent Brosse, qui avait été échaudé par la réunion du 11 février. « Je me félicite de cette première avancée et remercie la SNCF et Île-de-France Mobilité pour nos échanges constructifs, écrit-il ainsi dans un communiqué de presse ce jeudi 21 avril. Je serai attentif, avec l’ensemble de mes collègues concernés, au suivi de cette expérimentation pour que nous puissions mettre en place la meilleure solution possible à l’issue de ces 6 mois de test. »

Lors de la réunion du 14 avril, le scénario consistant à rajouter deux RER A supplémentaires durant la pointe du matin à Cergy en supprimant un L3 et un RER A à Poissy, présenté comme alternative à la réunion du 11 février avait lui aussi été écarté, pour cause de « dégradation de l’ordre de cinq points de la régularité […] pendant l’hyperpointe » du RER A et de la L3 selon les estimations des deux instances.

« Nous à Poissy on a une position très claire, c’est que tant que le RER E n’est pas en service on ne touche pas au cadencement du RER A et après on verra », affirme Patrick Meunier, adjoint pisciacais chargé des transports.

« À un [RER A] il nous ont démontré que c’était quelque chose qui avait certaines promesses, détaille Camille Vaur en évoquant notamment la non-surcharge du tronçon central entre Maisons-Laffitte et Nanterre (Hauts-de-Seine) où circulent les RER des deux branches, les trains de la ligne L, les trains de fret mais aussi les trains normands. […] Ils étaient en capacité de rajouter un train sur le tronçon central sans risques et comme c’était un train qui circulait déjà sur le tronçon ­partagé. »

Les contraintes du tronçon central imposent de ne pas faire passer plus de 15,42 trains par heure. « C’est une petite avancée, mais c’est ça ou rien », note l’Achérois Thierry Robin, chargé de mission mobilités au sein du Collectif d’associations pour la défense de l’environnement des boucles de la Seine (Cadeb). Il fait toutefois remarquer que l’horaire de ce nouveau RER A n’a pas été précisé lors de cette réunion et qu’actuellement, la gare de Cergy compte un départ toutes les 12 minutes pour le RER A et un départ toutes les 12 minutes pour la L3, soit un départ toutes les six minutes au total.

Thierry Robin voit aussi une volonté de temporiser en attendant l’arrivée du RER E à l’Ouest en 2025. Un point d’étape est prévu pour décider de la poursuite de l’expérimentation en mars 2023. Mais déjà, Camille Vaur précise que d’autres études pourraient être menées, notamment en ce qui concerne la signalétique et la communication des trains entre eux, afin de réduire les temps de communication et d’améliorer le cadencement. « Actuellement le temps que la signalétique arrive, que la signalétique reparte etc. je ne suis pas technicienne, c’est peut-être de 45 secondes, explique-t-elle. S’ils avaient une signalétique plus efficace on passerait peut-être à 32 secondes et ces dix secondes, quand on sait que sur Saint-Lazare c’est un train qui arrive toutes les 28 secondes, vous voyez comment SNCF peut arriver à exploiter ces dix secondes de plus sur toute la journée. »

En novembre dernier, des réunions individuelles avaient été menées auprès des villes concernées sur les deux branches, plusieurs sources évoquant auprès de la Gazette des discussions plus que tendues entre les élus de Cergy et Poissy lorsqu’elles se retrouvaient ensemble. Convié lors des réunions du 11 février et du 14 avril, l’adjoint aux transports pisciacais Patrick Meunier prend acte de cette décision, mais se montre ferme : « On a été invités à la réunion, je n’appelle pas ça être associés.[…] On n’a pas validé ça, on ne nous a pas demandé de le valider d’ailleurs. »

« On est ravis d’avoir obtenu ça a minima », confirme Camille Vaur, adjointe achéroise en charge des mobilités, pour qui la réunion du 11 février avait laissé un goût amer.

Concernant l’expérimentation proposée, l’élu ne mâche pas ses mots : « C’est quelque chose qui est mauvais, pourquoi je pense que c’est mauvais, parce qu’on déshabille la branche Poissy où les choses se passaient normalement, convenablement, et où on crée quand même beaucoup d’habitat et beaucoup d’emplois, donc on a quand même besoin, tout en étant conscient qu’on a moins de voyageurs à Cergy, on a quand même besoin d’une desserte. »

En supprimant un train en heure de pointe le matin, le temps d’attente serait de 24 minutes entre deux RER A. « Forcément, pour les usagers et les clients qui vont utiliser ce créneau horaire qu’on ne connaît pas encore c’est une dégradation du service, j’espère qu’il y aura au moins dans cet horaire-là, par chance, un train de la ligne J », fait-il ­remarquer.

Patrick Meunier regrette de ne pas avoir été entendu sur une autre solution. « J’ai proposé quelque chose qui a semblé, comment dire, un peu farfelu, c’est de créer quelques trains de la ligne J […] qui seraient sans arrêt jusqu’à Achères-Ville comme cela a pu se faire dans le passé et après desservir les gares jusqu’à Cergy, détaille-t-il. L’intérêt ce serait de rouler par les voies rapides […] et ensuite à la bifurcation prendre Achères. »

Par-dessus tout, il craint que cette suppression ne puisse être la porte ouverte progressivement à d’autres. « Nous à Poissy on a une position très claire, c’est que tant que le RER E n’est pas en service on ne touche pas au cadencement du RER A et après on verra, affirme-t-il. […] Pour l’instant il n’y a pas eu de débat. […] J’ai le sentiment qu’on veut essayer de faire du bricolage, un peu de politique pour essayer de répondre à une ­campagne médiatique. »

Et les élus de Poissy pourraient, eux aussi, faire leur propre campagne médiatique, laisse-t-il sous entendre. « On verra si on s’y oppose par des moyens autres ou politiques, on a quand même quelques moyens, fait savoir Patrick Meunier. On sera aussi très attentifs à ce qu’il se passera au moment où il manquera un train en pointe, peut-être que l’action sera avant l’expérimentation […]. En termes d’actions, on fera ce que nous devons faire ».

Des fermetures du RER A à prévoir durant l’été

Durant les vacances d’été, des fermetures seront à prévoir sur les différentes branches du RER A en raison des travaux menés. Ainsi, pour la branche Cergy, des fermetures sont à prévoir entre Sartrouville et Cergy-le-Haut à partir de 22 h 15 du lundi au vendredi sur les périodes du 11 au 14 juillet, du 18 au 22 juillet, du 25 au 29 juillet, du 1er au 4 août et du 29 août au 2 septembre, pour cause de désamiantage du tunnel de Cergy. Pour ces mêmes raisons, aucun RER A ne circulera le week-end du 23 et 24 juillet.

Pour cause de renouvellement des voies à Sartrouville, les RER A ne circuleront plus à partir de 22 h le vendredi soir et durant le week-end, du 8 au 10 juillet, du 15 au 17 juillet, du 5 au 7 août et du 12 au 14 août.