Téléconsultation : bilan mitigé pour les urgences pédiatriques

La téléconsultation assistée s’est développée depuis janvier dernier aux urgences pédiatriques de l’hôpital François Quesnay. Son but est de faciliter le travail des soignants. Ces derniers ne sont cependant pas tous convaincus de son utilité.

Utiliser la téléconsultation à l’hôpital pour éviter la saturation des urgences pédiatriques. Ce but est celui de la téléconsultation assistée Medaviz. Financé par l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, ce dispositif a été déployé depuis le 4 janvier par la plateforme territoriale d’appui Apta78 au centre hospitalier intercommunal Poissy Saint-Germain en Laye et à l’hôpital mantais François Quesnay. Concrètement, par le biais d’un système de garde de 20 h à minuit en semaine et de midi à minuit en week-end d’une trentaine de praticiens yvelinois, les patients accueillis ne présentant pas de signe d’urgence pédiatrique sont orientés vers la téléconsultation assistée. Après plusieurs mois d’utilisation, les avis des soignants mantais sont mitigés.

« En valeur absolue, c’est 140 enfants qui ont bénéficié d’une téléconsultation entre mi janvier et fin mars. On parle de un à deux patients sur les quatre heures [de fonctionnement en semaine]. En termes d’impact pour désengorger les urgences c’est d’une efficacité nulle », déplore Béatrice Pellegrino, pédiatre et cheffe de service en pédiatrie à l’hôpital mantais, qui considère que la pédiatrie nécessite ­obligatoirement un examen clinique.

Dans le cas de la téléconsultation assistée, des auxiliaires de puériculture ont néanmoins été formées au maniement d’instruments médicaux connectés. « Certaines y ont vu une augmentation de leurs compétences, quelque chose d’intéressant puisqu’elles font l’interface avec les familles […]. D’autres se sont senties en risque puisque ce sont elles, du coup, qui devaient indiquer au médecin à distance comment elles trouvaient l’enfant », déclare Béatrice Pellegrino en précisant qu’environ « 10 % » des cas de téléconsultation retournaient ensuite au service d’urgence ­pédiatrique pour ­confirmer le ­diagnostic.

Affirmant qu’actuellement « six pédiatres » travaillent à l’hôpital mantais et qu’ils réalisent « une, deux voire trois gardes par semaine », la cheffe de service en pédiatrie s’interroge sur la nature de son travail. « Les urgences ne sont pas un site de consultation sans rendez-vous […]. Moi je suis oncologue pédiatre et j’ai passé l’hiver à voir des nez qui coulent à trois heures du matin […]. Notre rôle en tant que pédiatre hospitalier c’est de prendre en charge les enfants qui ont des maladies graves et des maladies chroniques », explique-t-elle en insistant sur le fait que son service est uniquement dimensionné à hauteur de leur véritable mission d’urgence. Contactée, la direction n’a pas répondu à nos sollicitations.