La semaine dernière a été émaillée de tensions dans le quartier du Val Fourré comme en attestent les événements qui se sont déroulés dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 mai. Le quartier a été le théâtre d’un épisode de violences urbaines où les forces de l’ordre ont été la cible de cocktails Molotov et de feux d’artifices lancés par plusieurs dizaines d’individus.
Ces derniers ont vraisemblablement tenté de piéger les policiers qui, la veille, avaient fait usage de gaz lacrymogène au milieu des habitants pour interpeller un délinquant. L’audition de l’un des émeutiers, un jeune homme de 18 ans, devant le tribunal correctionnel de Versailles le jeudi 5 mai, a effectivement permis d’expliquer cette soudaine poussée de colère.
Le jeune mantais comparaissait pour avoir visé au mortier d’artifice trois policiers de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), appelés en renfort durant les affrontements débutés aux alentours de 0 h 10 rue du docteur Broussais. Alors que de nombreux feux de poubelles inondent déjà le quartier, « vers 1 h ils sont informés qu’une école et une habitation auraient été touchées par un incendie », rapporte la juge des rapports de police versés au dossier. Ces appels ne sont qu’une ruse visant à attirer les policiers dans le quartier plongé dans le noir et où les attendent « une cinquantaine d’individus ».
Pour progresser sous la pluie d’artifices et sécuriser l’intervention des sapeurs-pompiers dépêchés sur place, les policiers répliquent par plusieurs tirs de LBD et de grenades incapacitantes. Alors que les émeutiers se dispersent, l’un deux vise et touche un CRS aux parties génitales. Il est immédiatement interpellé. « Il avait encore un mortier en main », rapporte la juge du procès-verbal.
Interrogé sur les événements de la nuit, le prévenu au casier vierge reconnaît tout sans forcément mesurer la gravité de ses actes. Quand on lui signale qu’il aurait pu gravement blesser un homme, celui-ci répond qu’il a déjà été touché par un mortier « mais je n’ai rien eu ». Le tribunal lui demande alors d’expliquer ses intentions à l’encontre des forces de l’ordre. « C’est parce qu’ils ont gazé des mamans », indique-t-il en faisant référence à l’intervention policière dans le quartier des Garennes le lundi 2 mai.
En fin de journée, la police avait utilisé du gaz lacrymogène au milieu des habitants, réunis pour la fête de l’Aïd, dans le but d’arrêter un homme de 19 ans recherché par les services locaux. « Une course-poursuite s’est engagée […] le suspect a traversé plusieurs jardins avant de se réfugier au milieu d’un groupe important qui s’est montré assez hostile à l’arrivée des effectifs », rapporte la juge en indiquant que les policiers ont justifié l’utilisation du gaz par le besoin de « disperser » la foule, essentiellement composée de familles.
Devant le tribunal, l’émeutier de 18 ans a avoué qu’il n’était pas présent lors de cet épisode. Il a été condamné à une peine de 12 mois d’emprisonnement dont six avec un sursis probatoire de deux ans. Le tout, assorti d’un maintien en détention.
Ce mercredi 11 mai (après la mise en ligne de l’article, Ndlr), l’une des mamans gazées a tenu à revenir sur les propos de la juge sur le déroulé de l’intervention. Le jeune homme de 19 ans a été interpellé par deux policiers à pied, dans le calme.
C’est lors de l’arrivée des renforts, en fourgons, « entre 17 h45, 18 h » que la situation s’est tendue. Intrigués par leur présence, plusieurs riverains de cette rue pavillonnaire sortent et se rassemblent. C’est à ce moment-là que sont tirés les premières grenades lacrymogènes, comme le rapporte Le Parisien, avant de repartir. Depuis, un collectif composé de « quatre, cinq familles », attend toujours une rencontre avec le commissaire mantais, afin d’avoir « des explications » sur l’intervention et l’usage de ces grenades.
Mise à jour du 11/05 : Une mise à jour a été faite, intégrant le témoignage d’une des mamans présentes lors de l’intervention du 2 mai.
Crédits photo : CAPTURE ECRAN SNAPCHAT