Ce dimanche 15 mai, les électeurs mantais seront appelés aux urnes pour désigner leur nouveau maire, suite à la démission de Raphaël Cognet (DVD), survenue le 8 janvier dernier, à la suite de plusieurs mois de conflit ouvert avec une majorité de l’équipe municipale en place.
Six candidats sont donc en lice. L’actuel adjoint à l’urbanisme Jean-Luc Santini (LR), le maire démissionnaire Raphaël Cognet (DVD), l’avocat et ex-élu d’opposition muriautin François Gerber (SE), l’ancien élu d’opposition Guillaume Quévarec (EELV), le conseiller municipal d’opposition communiste Marc Jammet et enfin le conseiller d’opposition LO Thierry Gonot.
Si la campagne a été très courte, un positionnement est très vite apparu pour les différents candidats : celui de « garder le cap », comme le défend Jean-Luc Santini avec la liste Mantes Unie, ou le rompre, comme le souhaitent les autres candidats. Urbanisme et logement, transition écologique, développement économique et éducation font notamment partie des préoccupations soulevées par les candidats.
« On a repris le programme de 2020, ce pour quoi nous avions été élu en 2020, et on l’a enrichi de quelques projets et d’idées qui nous sont arrivées durant les deux dernières années », souligne ainsi Jean-Luc Santini, évoquant pour ce futur mandat, « plusieurs opérations emblématiques », dont la conclusion de l’aménagement de la Zone d’aménagement concertée des Bords de Seine par le déménagement de la gendarmerie actuelle, située boulevard du Maréchal Juin, en partenariat avec le Département, et la construction d’une salle de sport.
Dans le centre-ville, la poursuite de l’Opération programmée d’amélioration de l’habitat est aussi prévue. « Il y a d’après toutes les études, 400 logements vides en centre-ville », justifie Jean-Luc Santini. Pour encourager les propriétaires à faire ces travaux de rénovation énergétique, une remise sur la taxe foncière est envisagée. « On pourrait imaginer 50 % sur trois ans, avec des contraintes importantes sur le résultat », note-t-il.
Concernant la deuxième phase du renouvellement urbain, plusieurs candidats s’accordent pour faire entrer plus de concertation dans le processus. Marc Jammet, François Gerber et Guillaume Quévarec soulignent l’importance de rencontrer et accompagner les copropriétaires de la Tour Jupiter, vouée à la démolition, dans le programme actuel, mais également ceux de la dalle commerçante. Jean-Luc Santini rappelle lui, que l’argent manque : « Le contrat passé avec l’Agence nationale de la rénovation urbaine, aujourd’hui repose sur un financement de la communauté urbaine qui n’a absolument pas les moyens de le mettre en œuvre. […] La seule solution c’est que le Département prenne la place de la communauté urbaine. »
Comme régulièrement en conseil municipal, Marc Jammet parle lui « d’épuration sociale », en évoquant les opérations immobilières en cours : « Ça va toucher bien sûr les locataires des logements sociaux, […] c’est aussi des petits propriétaires, qui ont consenti beaucoup d’efforts, pour pouvoir rester à Mantes-la-Jolie, se maintenir etc. et à qui on dit, au bout d’une vie d’économies, maintenant vous allez partir et puis si vous ne voulez pas partir, l’expropriation est prévue. » Il souhaite ainsi « suspendre » ces opérations, afin d’organiser une concertation « pour avoir deux projets alternatifs et demander aux Mantais de pouvoir choisir entre l’un et l’autre en permettant à chaque propriétaire qui le souhaite de pouvoir rester dans notre ville », conclut-il.
François Gerber, souhaite intervenir sur la question du logement par la création d’une cellule municipale dédiée au logement social et la création d’une bourse d’échanges de logements, afin de faciliter la transition des personnes âgées vers des logements plus adaptés. « On leur dit vous voulez un F2 en rez-de-chaussée, on va vous donner le F2 en rez-de-chaussée, mais vous abandonnez votre logement et surtout vous abandonnez votre bail, déplore-t-il. Nous allons travailler sur cette problématique qui viserait à maintenir le bail avec un certain nombre de garanties au niveau financier tout en permettant la translation des gens d’un appartement qui ne correspond plus à leurs besoins, à un appartement qui correspond mieux, l’appartement abandonné permettant à des familles avec enfants d’être un peu plus au large. »
Compétence directement liée à la commune, l’entretien et la rénovation des écoles sont la volonté des candidats. « Notre engagement fort c’est la mise à disposition des enseignants, des familles, d’écoles rénovées. Vous passez rue Castor et vous allez voir les fenêtres de l’école Hélène Boucher et vous allez comprendre ce que c’est la vision de l’entretien des bâtiments communaux par les équipes sortantes », s’indigne François Gerber, dont le programme prévoit la construction d’une école élémentaire dans le quartier de Gassicourt et de porter auprès de l’éducation nationale le dédoublement des classes de CE2-CM1-CM2 pour les établissements scolaires en Rep+.
« Il y a toujours des excuses pour ne rien faire et donc voilà moi cet aspect là il me révolte vraiment, il y a des choses à faire, des choses qui ne sont pas faites et qui seraient simples. Rien que pour avoir un interphone dans une école ça dure un an avec des paperasses pas possible, on voit bien qu’il y a un problème d’agilité », relève pour sa part Emmanuelle Zannini-Pacito, colistière de Guillaume Quévarec, dont la liste souhaite notamment la présence d’une Atsem dans chaque classe et passer la restauration scolaire en régie.
Pour l’ancien maire Raphaël Cognet, l’accent doit être mis « de façon très précoce » sur le décrochage scolaire par le biais de l’aide aux devoirs et de la réussite éducative, explique-t-il sur TV 78. Pour favoriser la reprise d’une formation par les personnes éloignées du système scolaire, il propose également de mettre en place « une école du numérique ».
L’attractivité de Mantes-la-Jolie par ses pratiques culturelles et sportives est aussi un facteur sur lequel les candidats veulent s’appuyer. Par exemple, François Gerber et Ali El Abdi, souhaitent revaloriser la friche Dunlopillo afin d’en faire un pôle culturel référent, avec une salle de spectacle, l’accueil de résidences d’artistes et l’aménagement d’un skate-park. Le duo envisage également de relancer le dossier auprès du comité olympique afin de pouvoir accueillir des épreuves de canoë-kayak au stade nautique international Didier Simond, bien que ces dernières se déroulent à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne). « Je pense qu’on a abandonné la partie un peu tôt » estime-t-il, de cette proposition. Pour Jean-Luc Santini, l’un des projets phares sera le développement d’un partenariat avec le musée du Quai Branly-Jacques Chirac, pour y ouvrir une antenne.
Du côté de la transition écologique, Guillaume Quévarec voudrait que la Ville soit exemplaire. « On a du retard sur le développement des énergies renouvelables, ça fait des années que j’entends la mairie dire on va mettre des panneaux photovoltaïques, ils n’ont même pas fait les études, constate-t-il. C’est pour moi une aberration surtout que c’est une source de recettes pour la commune puisque ça rapporte ou de la location ou autres. » Il évoque l’idée d’une coopérative citoyenne où les « habitants eux-mêmes souscrivent des parts ».
Dans cette même logique, son programme porte également sur la création d’une plate-forme de livraison dans la ville, en lieu et place des poids-lourds du secteur privé. « Il y a un triple intérêt : social, économique et écologique, énumère Guillaume Quévarec. L’intérêt social, c’est pour essayer de trouver des emplois, même si ça peut être en insertion dans un premier temps, qui soient en tout cas un peu plus pérennes et qui ne soient pas dans l’ubérisation. […] Et puis l’intérêt écologique moi je le vois, c’est pour arrêter les hordes de camionnettes qui polluent le centre-ville de partout. »
C’est une autre structure municipale que Marc Jammet aimerait lui voir se développer : celle d’une maison de santé, avec des médecins et un médecin-référent salariés de la commune. « Ça ne suffira pas en tant que tel, mais [cela] permettrait en gros de pouvoir offrir à tous les Mantais l’accès à la santé, ça ne coûterait pas si cher que ça puisque le financement c’est environ 16 000 euros par médecin, une fois déduit le remboursement de la CPAM. »
Les cinq challengers de l’équipe sortante évoquent une opportunité « historique » dans la vie politique mantaise. « On a une occasion historique parce qu’au deuxième tour, dès l’instant où une liste passera les 10 % elle pourra se maintenir », relève Marc Jammet, qui se dit prêt à ce maintien. « Voir la gauche faire 60 % des voix il faut remonter à bien longtemps […], analyse Guillaume Quévarec, faisant référence à l’élection présidentielle. Pour nous ça montre combien les Mantais ont le coeur à gauche et cela va être un des enjeux, nous c’est d’essayer de faire en sorte qu’ils ne l’oublient pas […]. On est la seule liste à proposer ce changement en voulant être élu et en voulant être aux responsabilités. Nous souhaitons être majoritaires […] on ne veut pas juste se contenter de dénoncer et de rester dans l’opposition. »
« Les Mantais ont le choix entre continuer à faire du sur-place, il n’y a plus d’énergie, plus d’innovation […]. L’autre liste c’est une liste de revanche et de vengeance, est-ce que c’est ça dont les Mantais ont besoin ? », questionne Ali El Abdi qui se voit porter « une liste d’avenir, d’actions et de projet ».