Surcoût d’Eole : la mission d’information et d’évaluation rend son verdict

La mission d’information et d’évaluation du surcoût d’Eole a rendu ses conclusions le 6 juillet au conseil régional. Elle appelle SNCF Réseaux à revoir son mode de gouvernance.

La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe. En octobre dernier, SNCF Réseau avait annoncé avoir besoin d’un financement supplémentaire de 1,7 milliard d’euros pour terminer le chantier de prolongement du RER E jusqu’à Mantes-la-Jolie. De ce fait, le coût du projet a bondi de 3,7 à 5,4 milliards d’euros. Pour en comprendre les raisons, une mission d’information et d’évaluation (MIE) avait été initiée le 12 janvier 2022 par la Région. Elle a rendu ses conclusions le 6 juillet lors du conseil régional et pointe un manque de transparence de la part de SNCF Réseau.

« La conclusion la plus importante est qu’il y a eu un déficit important et structurel de transmission des informations de la part du maître d’ouvrage, SNCF Réseau, sur le coût à terminaison de l’opération et la consommation de la provision pour risques malgré les demandes récurrentes des financeurs », déclare Vincent Poiret, président de la MIE, en ajoutant que les financeurs « n’ont été systématiquement informés qu’à posteriori des dérives de coût ».

Pour pallier ce surcoût, la Région demande donc, dans un communiqué de presse du 6 juillet, une aide de l’État. « Si [SNCF Réseau] ne peut suivre financièrement, il revient à l’État, tutelle de SNCF Réseau, d’y pallier ». Ce même-jour, lors de l’inauguration du Tram 13, à Saint-Germain-en-Laye, la présidente du Conseil régional, Valérie Pécresse (Libres), a lancé un appel en ce sens au préfet de la Région, Marc Guillaume. « J’implore le préfet de Région de demander enfin […] une vraie enveloppe digne de ce nom pour les transports franciliens puisqu’on veut Eole jusqu’à Mantes-la-Jolie », lâche-t-elle.

« Nous avons signé hier [avec le président du Département, Pierre Bédier et la présidente de Région, Valérie Pécresse] un avenant pour financer une partie de la ligne E Eole. Nous avons [signé l’accord de financement du premier surcoût de] 650 millions hier dont 55 % [est financé] par l’État. C’est donc un effort exceptionnel et nous n’avons pas fini pour qu’en 2024-2025 cette ligne arrive enfin jusqu’à Mantes », répond-il.

Alors que Valérie Pécresse dénonce le sentiment d’être « prise en otage » par SNCF Réseau, le communiqué de presse de la Région appelle à la nécessité d’une « révision du mode de gouvernance de l’entreprise dans la conduite des projets de transports structurants au service de la transition écologique, si cela n’est en France, au moins en Île-de-France ».

« Pour les grands projets d’infrastructures à venir, il importera que l’ensemble des parties prenantes tirent les enseignements des difficultés rencontrées sur Eole en imposant des modalités plus strictes de reporting et une gestion des surcoûts plus souple afin de traiter cette situation sans risquer de bloquer les opérations, lance Vincent Poiret. Ce nouveau mode de gouvernance devra également responsabiliser le maître d’ouvrage sur les aléas rencontrés dans les exécutions. »

En attendant l’arrivée du RER E jusqu’à Mantes-la-Jolie, Jean-Marc Germain, rapporteur de la MIE, insiste sur le fait que « le coût à terminaison sera bien de 5,4 milliards d’euros à minima et pas en deça. »

« Ce projet daté et trop cher ne correspond plus aux enjeux des transports franciliens : un maillage fin du territoire entre l’Est et l’Ouest. Pire, ce dérapage, tant financier qu’industriel, va impacter négativement la vie des franciliennes et franciliens et l’environnement », affirme, quant à lui, le pôle écologique du conseil régional dans un communiqué de presse du 5 juillet.