« J’ai acheté une maison, pas un bateau. » Comme le relatait La Gazette en janvier, le « ras-le-bol » des habitants face aux inondations récurrentes dans le quartier du 8 Mai était perceptible lors d’une réunion publique organisée en décembre dernier pour tenter de solutionner ce problème. Fin juin, devant une vingtaine de personnes et en présence de Nexity, le promoteur des lotissements, la Ville et le syndicat mixte Seine Ouest (SMSO) ont présenté les solutions retenues. En 2023, la construction de deux bassins de rétention devrait débuter. D’ici là, avant la fin de l’année, des haies seront également plantées au niveau des champs alentours.
« Ces haies ont deux utilités : filtrer les eaux pour que ce qui arrive ne soit plus de la boue mais de l’eau beaucoup plus claire et aussi absorber une partie des eaux parce que vous voyez que là où c’est végétalisé cela pompe plus l’eau », résume l’édile Franck Fontaine (Ensemble) tandis que les représentants du SMSO affirment que les essences végétales seront sélectionnées en conséquence. Alors que la question des plantations ne suscite pas particulièrement de débat, les interrogations sur la création de deux bassins de rétention sont, elles, plus nombreuses.
Tandis qu’un habitant s’inquiète au sujet des éventuels risques de noyade, un autre se demande si les agriculteurs pourront utiliser l’eau stockée pour arroser les récoltes. « Il faut que les bassins se vidangent très vite pour qu’ils soient prêts à absorber la prochaine pluie […], répondent les représentants du SMSO. De part leur fonctionnement, ils ne pourront donc pas servir à l’irrigation. Leur but c’est de tamponner le surplux d’eau et de l’évacuer le plus vite possible pour être à nouveau opérationnels en 24 à 48 heures, maximum 72 heures [après la dernière pluie]. »
Le maire souhaite en tout cas faire de ces bassins de rétention des éléments intégrés au paysage. « Vous verrez un peu d’herbe, un léger dénivelé qui descend en pente jusqu’à 1 m 50. Ce sera une pente douce. C’est histoire que ce soit intégré au paysage avec des arbres autour […]. S’il faut mettre des clôtures [pour la sécurité] on le fera mais je trouve quand même dommage de fermer ce genre d’espace qui justement peut être agréable en promenade. »
Mais pour la réalisation de ces bassins, les terrains sur lesquels ils seront implantés doivent au préalable être vendus. « J’ai donné ma parole aux propriétaires que je ne les abandonnerai pas donc ces bassins je les ferai […], lance Franck Fontaine. J’ai deux possibilités sur ces terrains : soit les propriétaires jouent le jeu, vendent et on fait les bassins le plus vite possible mais j’ai aussi préparé un deuxième effet Kiss cool [au cas où cela ne fonctionnerait pas]. Au mois de septembre, je passe une DUP (délibération d’utilité publique, Ndlr) pour exproprier les propriétaires [récalcitrants]. Je vous le dis, je n’abandonnerai pas, je ne vais pas lâcher et j’irai jusqu’à l’expropriation [s’il le faut]. »
« C’est toujours les propriétaires qui payent l’incompétence des maîtres d’œuvres des permis de construire [qui ont été délivrés pour la construction des lotissements concernés par les inondations]. On avait prévenu que dans ces endroits-là, il ne fallait rien faire », gronde un agriculteur.