Les usagers des transports en commun devront probablement prendre encore leur mal en patience. Mardi 13 septembre, durant le conseil d’administration extraordinaire d’Île-de-France mobilités (IDFM), le PDG de SNCF Réseau, Luc Lallemand, était notamment auditionné. Invoquant des difficultés avec le logiciel du nouveau système d’exploitation des trains Est-Ouest (Nexteo), il n’a pas souhaité communiquer le calendrier de mise en service du prolongement du RER E jusqu’à Mantes-la-Jolie dont l’arrivée était prévue à l’horizon 2024.
« Compte tenu des difficultés avec Nexteo, j’ai demandé [à Luc Lallemand] à quelle échéance Eole entrera en service à Mantes-la-Jolie. À quelle date cela se fera-t-il ? Il a refusé de me répondre […]. Il a refusé de s’engager », affirme Patrick Stefanini, conseiller départemental LR du canton de Bonnières-sur-Seine et administrateur d’IDFM.
« Nous passons du concept à l’opérationnel. Et nous sommes obligés de reconnaître aujourd’hui que c’est plus compliqué que prévu, il y a des difficultés techniques qui ne sont pas dépassées », détaille SNCF Réseau dans Le Parisien. « On nous a reproché de ne pas avoir alerté suffisamment à l’avance, poursuit-elle. Là c’est ce que nous faisons, nous voulons prévenir plus tôt. » Le 6 juillet, lors de la présentation des conclusions de la mission d’information et d’évaluation (MIE) du surcoût d’Eole au conseil régional, le président de la MIE, Vincent Poiret, avait effectivement déclaré que les financeurs « n’ont été systématiquement informés qu’à postériori des dérives de coût ». Pour rappel, en octobre 2021, le coût d’Eole était passé de 3,7 à 5,4 milliards d’euros.
Mais au-delà du surcoût, la non communication du calendrier de mise en service du prolongement du RER E jusqu’à Mantes-la-Jolie inquiète en tout cas Pierre-Yves Dumoulin, vice-président à la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) et maire LR de Rosny-sur-Seine. « On est dépité […], déclare-t-il en insistant sur le fait que la communauté urbaine investit dans les aménagements des pôles gares destinés à accueillir le prolongement du RER E. Qu’est-ce-qu’on dit à nos usagers qui ont des conditions de transports dégradées ? »
Interrogés par La Gazette le 16 septembre aux abords de la gare mantaise, plusieurs d’entre eux ne cachaient pas leur colère. « Nous qui prenons les transports en commun, on n’a pas d’autres choix que d’attendre, encore et encore, jusqu’à ce qu’un jour, peut-être Eole arrive enfin. Mais, moi, j’en ai marre d’attendre ! Je connais des personnes qui travaillent à Paris, habitaient un appartement en proche banlieue et qui ont acheté une maison dans le secteur parce qu’ils se sont dits que, bientôt, ce serait facile pour eux d’aller au travail et de pouvoir profiter de leur maison dans un cadre agréable sur leur temps de repos. Là, ils sont dépités ! », explique un quadragénaire.
« C’est de toute manière une très mauvaise nouvelle tant pour les habitants que pour le territoire, poursuit Pierre-Yves Dumoulin. On compte vraiment sur Eole pour redynamiser le territoire notamment en termes d’emplois. Apprendre que SNCF Réseau ne souhaite plus communiquer le calendrier de mise en service du prolongement du RER E jusqu’à Mantes-la-Jolie est donc un vrai coup dur. »
Alors que plusieurs usagers des transports en commun craignent un abandon du projet de prolongement du RER E jusqu’à Mantes-la-Jolie, Île-de-France mobilités souhaite néanmoins les rassurer. « C’est un projet essentiel pour nous et c’est un vrai plus pour les habitants […]. On a toujours soutenu ce projet car l’Île-de-France en a besoin […]. On va le faire », lance IDFM en insistant sur le fait qu’un chantier tel que celui du prolongement du RER E jusqu’à Mantes-la-Jolie représente un énorme chantier.
« Ce sont les aléas attendus d’un chantier gigantesque et je rappelle qu’Eole est une priorité, confie le président du Département, Pierre Bédier (LR), dans le journal Le Parisien. Je ne suis pas inquiet, c’est un problème d’ordre technique et il sera surmonté. »