« C’est compliqué de réorganiser sa vie. » Les mots sont durs. Ils témoignent pourtant des difficultés vécues par les personnes amenées à s’occuper d’un proche dépendant. Pour la journée nationale des aidants, le 6 octobre dernier, le pôle gérontologique de l’ehpad Richard, situé 2 boulevard Richard Garnier, les a conviés à participer à un temps d’échange avec la plateforme d’accompagnement et de répit des aidants.
« Les objectifs [de cette plateforme] c’est d’écouter, d’informer, de soutenir et d’orienter. Je pense que cette journée met en action ces quatre objectifs », explique la responsable de la plateforme, Sabrina Hardy, aux personnes venues ce jour-là pour témoigner de leur situation en tant qu’aidant. Pour mettre des mots sur les situations vécues, ces dernières ont notamment eu à écrire une phrase sur ce qu’elles ressentaient en tant qu’aidant. Durant le temps d’échange, toutes ont, en tout cas, affirmé que s’occuper d’une personne dépendante est particulièrement difficile à vivre d’un point de vue psychologique.
« Dans un premier temps, on se dit « je vais m’en sortir, je vais y arriver ». Mais, non, on n’y arrive pas […]. Je vois les limites de l’accueil à la maison parce que, malgré tout ce que j’ai pu mettre en place, c’est compliqué à gérer », confie une femme venue de Maisons-Laffitte et qui a accueilli sa mère souffrant d’Alzheimer chez elle suite au décès de son père en février dernier. Selon elle, la vie de couple est également parfois difficile à gérer dans une telle situation. « J’essaye de temporiser, de faire plaisir à tout le monde mais c’est parfois compliqué à gérer », ajoute-t-elle.
« Pensez à vous, à votre vie de famille. C’est très important », conseille Sabrina Hardy en affirmant être parfaitement consciente du fait que les aidants ont souvent des difficultés à s’accorder des moments de repos et de prendre soin d’eux-mêmes.
Les aidants s’occupant d’un proche à leur domicile ne sont cependant pas les seuls à ressentir les difficultés psychologiques qu’impliquent leur rôle. Jacqueline, une Andrésienne de 70 ans, assure que savoir sa mère, bientôt âgée de 90 ans, résider en ehpad n’est également pas facile à accepter. « On se sent coupable, affirme-t-elle en insistant sur le fait que, pourtant, le placement en ehpad était une demande de sa mère. Je me dis que si je regarde les choses d’une manière factuelle j’ai tout essayé avec le maintien à domicile […] mais ce sentiment de culpabilité est particulièrement difficile à gérer. » Selon elle, il le serait d’autant plus que sa mère le ressentirait également. « Je le sens aussi chez ma mère, ajoute-t-elle. Je sais qu’elle se sent coupable [car elle croit être une] charge [alors que non]. »
« La culpabilité n’est pas toujours en lien avec la décision [de mettre un proche en ehpad], explique une psychologue. Elle peut être en lien avec la maladie qui nous emmène à vivre des choses ou à éprouver des émotions qui ne sont pas celles dans lesquelles on s’était projeté […]. Peut-être aussi que vous vivez aussi un moment où maintenant qu’elle est en ehpad et que vous n’avez plus le quotidien à gérer, vous êtes désormais dans une relation plus affective avec votre mère et vous pouvez ressentir des choses qui émergent. Pouvoir vous réécouter aussi à nouveau [c’est important]. » La plateforme d’accompagnement et de répit des aidants située au pôle gérontologique de l’ehpad Richard est joignable par téléphone au 06 74 56 80 50.