Les panneaux photovoltaïques ont visiblement la cote en vallée de Seine. L’inauguration le 6 octobre dernier par TotalEnergies de « la plus grande centrale solaire d’Île-de-France » sur un terrain de son dépôt pétrolier, à Gargenville, en est la preuve. Selon la journaliste et spécialiste en communication environnementale et des phénomènes météorologiques extrêmes, Karine Durand, ces projets sont même certainement voués à s’accentuer en raison du changement climatique et de l’augmentation de l’ensoleillement dans les Yvelines.
« L’énergie photovoltaïque c’est vraiment l’énergie du futur. Pourquoi ? Parce que le changement climatique est responsable d’un temps de plus en plus ensoleillé, de plus en plus sec […]. En 2022, en France, nous avons battu des records d’ensoleillement y compris ici, dans les Yvelines […]. Depuis début janvier 2022, dans la station météo la plus proche de Poissy, [nous avons recensé] 2 078 heures d’ensoleillement. C’est 27 % au-dessus de la normale alors que l’année n’est pas encore finie », déclare la journaliste le 24 novembre dernier lors de la cinquième édition des rencontres économiques du territoire organisée au forum Armand Peugeot, à Poissy.
Ces propos ont été entendus par l’association Seinergy Lab. Basée aux Mureaux, la structure associative promeut, entre autres, la sensibilisation aux défis environnementaux et énergétiques sur le territoire de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO). Durant l’événement, Marie-Gabrielle Méry, directrice de Seinergy Lab, a présenté le projet Part’Ener qui, monté sous la forme d’une association nommée Part’Ener pour une énergie locale renouvelable, vise notamment à rendre plus facilement accessible l’énergie solaire aux particuliers mais aussi aux entreprises présentes sur le territoire.
« Aujourd’hui, l’énergie solaire est une énergie renouvelable plébiscitée par les Français mais, encore aujourd’hui, la grande majorité d’entre eux n’ont pas accès à cette énergie pour des raisons diverses […], déclare-t-elle aux côtés du responsable de l’énergie pour la Ville de Poissy et de Marine Philippart, responsable territoriale des Yvelines et des projets concernant la transition énergétique pour l’entreprise de service public Enedis. On est donc partis sur l’idée de travailler sur une expérimentation collective participative, [le projet Part’Ener]. En fait, il s’agit de produire et de consommer localement l’énergie [d’origine solaire]. Cette expérimentation sera une première au niveau national et trouvera deux sites pilotes sur le territoire de Grand Paris Seine et Oise. [Ils seront] au centre de formation de l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, Ndlr), à Magnanville, et à Poissy sur le parking qui est à l’arrière du forum Armand Peugeot. L’objectif c’est de mettre en place des centrales de production photovoltaïques mutualisées et qui permettent de donner accès [à l’énergie solaire] au plus grand nombre : les entreprises, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes, les particuliers et les acteurs publics. »
Pour installer les panneaux photovoltaïques, des ombrières de parking seront créées sur les deux sites pilotes. Selon nos informations, que ce soit à Magnanville ou à Poissy, ils devraient s’étendre sur une superficie de « 700 mètres carrés ». D’après Marie-Gabrielle Méry, les travaux pour le site de Poissy débuteront en début d’année 2023 pour permettre une « livraison des premiers kilowattheures (kWh) en juin 2023 ». « On est sur un calendrier qui est à peu près similaire [pour le site de Magnanville], précise-t-elle. On est sur la livraison des premiers kilowattheures à l’été 2023. »
Quant à la capacité de production électrique, elle serait estimée à « 100 000 kWh par an » sur chacun des deux sites avec une durée d’exploitation « sur 20 ans ». En comparaison, selon TotalEnergies, en 2021, la consommation moyenne en électricité par foyer était de « 4 679 kWh par an ». Pour pouvoir bénéficier des centrales de production photovoltaïques mutualisées, le responsable pour l’énergie de la Ville de Poissy indique que « chaque partenaire qui investit dans le projet obtiendra un code barre de la production relative au pourcentage de sa participation ».
« Enedis va relever tous les mois, grâce aux compteurs Linky, la production des centrales photovoltaïques mais aussi la consommation électrique de [chaque] participant du projet. Ensuite, Enedis va calculer la part de la production à affecter à [chaque] participant. Elle va être transmise au fournisseur d’énergie qui va prendre en charge la facturation », détaille Marine Philippart.
« On a créé des tickets d’entrée [pour pouvoir bénéficier de la production photovoltaïque mutualisée], poursuit le responsable pour l’énergie de la ville de Poissy. Pour les grands investisseurs, le ticket d’entrée sera à 20 000 euros. On en cherche cinq. Pour les commerçants, les artisans, les PME, le ticket d’entrée est à 2 000 euros et on en cherche 7 ou 8, peut-être 10. Les particuliers, eux, ont un ticket d’entrée à 500 euros. On en cherche une vingtaine. »
Le directeur du centre Afpa, à Magnanville, Bruno Montel, ne voit, en tout cas, que des avantages à adhérer au projet. « Dans tous nos centres [Afpa] on est très attaché aux énergies renouvelables […], affirme-t-il. Tout ce qui touche aux énergies vertes, c’est important […] et puis, en plus, il y a un côté pédagogique. Cela permet d’aller vers des nouveaux métiers qui n’existaient pas. Nous, on a, par exemple, des formations au métier de technicien de maintenance. Cela nous permet donc d’emmener [nos élèves] sur ces nouveaux procédés de production. » Pour obtenir plus de renseignements concernant le projet Part’Ener, il est possible de contacter le Seinergy Lab qui est joignable par téléphone au 01 30 22 45 60.
Pour réduire sa facture énergétique, ArianeGroup se tourne vers l’énergie solaire
Des panneaux photovoltaïques bientôt installés sur le site muriautin d’ArianeGroup. Le 5 décembre dernier, en conférence de presse, le directeur d’ArianeGroup aux Mureaux, Hugues Émont, a indiqué que de tels travaux sont prévus « courant 2023 ». Ils entrent dans le cadre du projet Territoires d’industrie demandant notamment aux entreprises d’utiliser des friches ou des terrains non exploitables sur le plan industriel pour y développer des projets innovants.
« Il y aura à peu près huit hectares de panneaux photovoltaïques sur l’établissement […] et cela permettra de couvrir environ 20 % de la consommation énergétique totale [d’ArianeGroup aux Mureaux], explique Hugues Émont en précisant que le site souhaite réduire sa facture énergétique de 15 % par rapport à la référence 2019. [Sur les huit hectares concernés par le projet], nous allons [notamment] mettre sept hectares d’ombrières de type parking dans des zones où nous ne construisons pas. Elles seront dans la zone où il y a la présence des bassins de rétention pour réceptionner les eaux de Seine en cas de crue et limiter l’impact de la crue sur la vallée. »
En cas de crue, pour éviter le contact des panneaux photovoltaïques avec les eaux de Seine, les ombrières seront installées en hauteur. « L’eau et l’électricité ne font effectivement pas bon ménage, précise-t-il. Mais en les positionnant en hauteur, nous pourrons néanmoins exploiter une zone du site qui n’est de toute façon pas exploitable pour nos activités. » Le coût total du projet est estimé à « 10 millions d’euros ». Il est financé par « un tiers investisseur [qui] investit et rétrocède [à ArianeGroup] une partie [de l’énergie produite] à travers la location ». La Région subventionne également le projet à hauteur « d’un peu plus d’un million d’euros ».
À Triel-sur-Seine, la centrale photovoltaïque « monte en charge »
Comme l’indiquait La Gazette en novembre 2021, sous l’impulsion de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), l’entreprise Urbasolar devait construire et mettre en service « mi-2022 » une centrale photovoltaïque d’une capacité de production d’environ « 21,8 mégawattheures par an » sur un terrain de 19,5 hectares le long de la route départementale 190. Le 9 janvier, Urbasolar a indiqué à La Gazette que le projet sera complètement achevé pour « avril 2023 ».
« Le terrain est particulièrement adapté à la construction d’une centrale photovoltaïque car il s’agit d’un ancien [site] ISDND (Installation de Stockage de Déchets Non Dangereux). Le caractère dégradé et pollué du terrain en fait un site idéal pour l’implantation d’une centrale photovoltaïque », précise Urbasolar du choix du terrain.
Par ailleurs, le 6 janvier, l’édile triellois, Cédric Aoun (SE) a annoncé que des panneaux solaires sont en cours d’installation sur le toit du Cosec. « Ils auront une capacité de production permettant de couvrir la consommation énergétique équivalente à celle d’une quinzaine de maisons », précise-t-il.