Vinyle Vintage Studio, la boutique tout terrain

Amoureux du vinyle, groupes amateurs ou futurs musiciens, Vinyle Vintage Studio accueille tous les passionnés de musique afin qu’ils puissent trouver chaussure à leur pied. L’ambition de son propriétaire est claire : devenir une véritable alternative à Paris.

Depuis le 8 décembre, les aficionados du 4ème art ont une nouvelle adresse : Vinyle Vintage Studio. Située en plein cœur de Conflans-Sainte-Honorine, l’échoppe de 230 m² a tout pour les séduire : plus de 4 000 références de 45 tours, des guitares, du matériel hi-fi, deux studios d’enregistrement et une scène pour se produire. D’un côté, son propriétaire Arnaud Jorge n’a rien laissé au hasard mais pour connaître son cheminement, il faut remonter trois ans en arrière.

Lorsque la pandémie de Covid-19 arrive et le confinement décrété, le quarantenaire ne pouvant momentanément pas continuer son activité professionnelle – il est alors patron d’une entreprise dans le BTP – il ressort sa guitare fétiche. Lorsque ses doigts glissent à nouveau sur les cordes, le plaisir, la passion ainsi que les souvenirs ressurgissent. Tout d’abord celui de la première galette reçue des mains de son père, Dark Side of the Moon des Pink Floyd, un album qui le marqua jusqu’à dans sa chair puisqu’il arbore un tatouage de la pochette sur l’avant-bras droit. Ensuite, tous ses rêves quand il appartenait à des groupes de musiciens amateurs. Cela lui provoque une tempête sous son crâne. « Tout est remonté à la surface, et là je me suis dit que j’étais en train de passer à côté de ce que je voulais vraiment faire, vivre de ma passion pour la musique », confie-t-il. Le Conflanais prend donc la décision d’entamer une reconversion professionnelle.

Ouvrir un commerce est tout de suite une évidence. « Qu’est-ce qui est indispensable pour moi ? Le contact avec les gens. Je voulais garder cette dimension de mon ancien travail », dit-il avec entrain. Pour la localisation, cela coule de source également : « Quand j’ai réalisé l’étude de marché, j’ai découvert que mon concept n’existe pas à des kilomètres à la ronde. En banlieue il y a peu de disquaires, il faut forcément aller dans Paris. » Si l’idée d’y mettre une scène vient de lui, l’ajout des studios provient de ses proches. Les petits groupes cherchant toujours un endroit où enregistrer, ils le convainquent de faire cet espace dédié s’il dispose d’assez de place.

Arnaud et Andrea gèrent ensemble ce coin de paradis pour tous les ­aficionados du 4ème art.

La Mairie se laisse séduire par ce projet et lui propose un local en centre-ville qu’elle a préempté accompagné d’autres avantages comme la gratuité des loyers sur les premiers mois puis situés dans une fourchette basse par rapport au nombre de mètres carrés et la localisation. Le reste fut moins une partie de plaisir. Il essuie cinq refus avant de trouver la banque qui accepte de lui accorder un prêt. Toutefois, il n’englobe que la partie travaux. Pour constituer ses stocks de 45 tours, il utilise ses propres fonds et passe par Initiative Seine Yvelines, un réseau associatif de financement et d’accompagnement des créateurs, repreneurs et développeurs d’entreprise. « Pour obtenir mon prêt d’honneur, je suis passé devant un jury. C’était un peu comme l’émission qui veut devenir mon associé sur M6 », dit-il en rigolant. Dès que le chantier est mis en marche, Arnaud se fixe une deadline : ouvrir juste avant les fêtes. Ainsi, il a pu faire un premier mois au-dessus de ses espérances, mais il sait que le plus dur est à venir.

Pour que sa clientèle ne se lasse pas, ses bacs doivent rester attractifs. Il faut retrouver les artistes en vogue comme Nekfeu, Orelsan, Lompal. Et pas question non plus d’hasarder pour le marché de l’occasion. « Si tu n’as pas régulièrement des nouveautés, les gens arrêtent de venir », explique-t-il. Un chineur professionnel travaillant exclusivement pour lui écume la France pour dégoter des lots intéressants et de bonne qualité. Le presque-quinquagénaire compte également sur les showcases pour attirer de nouvelles personnes. Tous les quinze jours, le samedi, il met à disposition gratuitement sa scène à des groupes.

L’engouement est tel que les réservations sont pleines jusqu’en septembre. Par ailleurs, si la boutique tourne bien et commence à se faire connaître, c’est aussi grâce à Andrea. En apprentissage en Master en évènementiel, la jeune femme gère les réseaux sociaux, s’occupe de la vente ainsi que du planning de la scène. Le marché du vinyle peut le rendre optimiste. Il est en plein essor depuis 5-6 ans et attire les jeunes puisque la moitié des acheteurs ont moins de 30 ans. Le 45 tours a cette chaleur incomparable. Et pour le mettre en route, c’est toute une cérémonie. « On lâche enfin son téléphone et on se détend », confie Arnaud. Des moments indispensables ces derniers temps. La musique adoucit les mœurs, encore plus quand c’est avec vinyle.