Dans la confusion, le maire perd une partie de ses compétences

Au bout de longues heures de débats, le conseil municipal a fini par adopter l’abrogation de la délibération du 3 juillet 2020, réduisant le pouvoir du maire SE Cédric Aoun de 31 compétences à 10.

Voilà un feuilleton qui a de quoi ravir les amateurs de séries à rebondissements. Si les récents soubresauts de la vie politique trielloise étaient pour le moins mouvementés, le dernier épisode en date, soit le conseil municipal extraordinaire du 25 janvier 2023, n’a rien à envier à ceux de Game of Thrones ou House of Cards. Et pour preuve : une centaine de Triellois a suivi les débats, en direct sur les réseaux sociaux, du début à la fin.

Après quatre heures de séance tantôt houleuse, tantôt monotone, le conseil municipal a fini par adopter l’abrogation de la délibération du 3 juillet 2020, qui n’accordait pas moins de 31 compétences au maire SE Cédric Aoun. Cette décision de restreindre ses pouvoirs fait suite à la volonté de 9 élus de se désengager de l’édile, l’accusant de « gérer seul » la commune, sans consulter ses adjoints.

« Notre position n’est pas de pousser le maire à la démission, assure Florent Béquignon, conseiller municipal délégué membre du groupe dissident. Nous souhaitons seulement redonner au conseil municipal un pouvoir de décision. »

La majorité dissidente et l’opposition souhaitaient réduire ses compétences au nombre de 5 : c’est finalement une version amendée rédigée par le maire qui a été adoptée, lui accordant 10 compétences. « Le bon sens l’a emporté, a-t-il réagi. On a pu constater qu’il y a une majorité bienveillante qui l’a emporté sur une minorité. »

Du côté de l’opposition, on estime que cette délibération amendée est « moins satisfaisante que la version initiale », comme le souligne Yvon Rosconval, élu d’opposition du groupe Triel Autrement. « L’idée était de faire en sorte que le conseil municipal dispose de plus d’informations sur ces différentes compétences, et se déroule de manière plus démocratique, notamment sur les marchés publics, les finances et l’urbanisme. Le maire a modifié la donne, mais elle lui est quand même défavorable par rapport à son comportement depuis deux ans et demi. Cela l’oblige à faire preuve de transparence, le rapport de force s’est inversé. »

Une position partagée par Florent Béquignon. « Les choses vont dans le bon sens, souligne-t-il. Il y avait un problème de gestion autoritaire du maire, sur des prises de décision qui ne reflètent pas le programme, ce qui a provoqué la scission de l’équipe. En outre de l’absence de délibérations municipales et de passations de marchés bizarres. Désormais, cela va pousser le maire à prendre des décisions collégiales ».

Cédric Aoun, lui, nie tout manque de transparence. « Des défauts de communication, peut-être, je peux comprendre », admet-il. Ce dernier affirme cependant son incompréhension quant aux problématiques soulevées par ses désormais nombreux opposants. « C’est purement politique, il n’y a pas de sujet qui pourrait générer de dissidence quelconque, assure-t-il. Ce sont surtout des personnes qui n’assurent pas leur rôle d’élu, et qui après s’étonnent de ne pas connaître les sujets. »

La passe d’armes n’aura que peu amusé les Trielloises et Triellois ayant assisté au débat, déplorant un « dialogue de sourd », ou encore un « spectacle de désolation ». Si certains ont relevé « un manque de franchise total des opposants et dissidents », d’autres imaginent des solutions plus radicales : « Ne vaudrait-il pas une bonne fois pour toute repasser aux urnes pour mettre fin à ce cirque ? »