Le Phénix, l’équipement culturel tout terrain de la ville

Suite à l’incendie du chapiteau de la Compagnie des Contraires en 2019, toute la sphère politique souhaitait voir un nouvel équipement sortir de terre pour le remplacer. Après deux ans de travaux, le Phénix s’est enfin dévoilé, une construction qui a mis les petits plats dans les grands.

Dans la nuit du 2 au 3 novembre 2019, l’impensable se passe. Le chapiteau de la Compagnie des Contraires – équipement à haute valeur sociale – part en fumée à cause d’un incendie volontaire. Toute la sphère politique s’agite. Plusieurs ministres se déplacent, le préfet ainsi que le président du département des Yvelines également. Les caméras s’amassent aussi, et tombent sur la maire de Chanteloup-les-Vignes, hagarde devant ce triste spectacle. « Pour la première fois, j’ai vu des larmes dans les yeux de l’indestructible Catherine Arenou », relate Pierre Bédier, président LR du Département. L’élue n’est pas la seule à laisser parler ses émotions. Deux enfants de la Compagnie des contraires sanglotent devant les fumerolles. Témoin de cette scène, l’élue se fait la promesse de reconstruire plus beau, plus grand, pour eux deux et pour tous les autres.

La référence est donc claire, et même désirée par les Chantelouvais qui ont choisi cette désignation grâce à un sondage sur le site internet de la ville. Dans de nombreuses mythologies, le phénix ressuscitait au milieu de ses propres cendres. À l’instar de cet oiseau majestueux, l’édifice éponyme fait donc de même. « Ils ont voulu tuer plus que la culture, il y avait une volonté d’éteindre le vivre-ensemble. Et c’est pour cela qu’un équipement encore plus fédérateur devait sortir de terre », assène Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France. « Les quartiers populaires, c’est 99 % de personnes formidables, pourris par 1 % de gens qui agissent comme des crapules. Et nous ne cèderons pas devant les crapules », martèle Pierre Bédier. « Si la loi nous autorisait, nous aurions financé 100 % des travaux », s’emporte l’ex-maire de Mantes-la-Jolie, une part réduite finalement à 50 % grâce à l’aide de l’organisation représentée par Valérie Pécresse ainsi que l’État. D’après les estimations, le coût total serait aux alentours de 3,4 millions d’euros.

Pour Catherine Arenou (DVD), « c’est une histoire qui a été douloureuse pendant un temps mais maintenant ce sera une histoire de joie et de réussite ». Pour cela, le cabinet d’architecture In Situ arrive à sortir le mouton à 5 pattes : une scène équipée d’un dispositif son et lumière dernier cri ainsi que d’une tribune télescopique permettant d’accueillir 200 personnes, un Fab-Lab – un espace contigu comportant des imprimantes 3D et casques de réalité virtuelle – et une Micro-folie. Ce dispositif étatique déjà présent aux Mureaux débarque à Chanteloup-les-Vignes avec dans ses bagages, la culture la plus brillante des musées français. Tous les habitants du quartier de la Noé et environnant pourront s’amasser dans ce musée numérique afin de contempler les œuvres du Louvre, de l’Institut du monde arabe, du centre Pompidou…

« Nous devons faire vivre la culture et la République dans ces quartiers – dont certains sont constitués de 100 % de logements sociaux – et de faire mieux qu’ailleurs », rappelle la doctoresse. L’équipe municipale chantelouvaise n’a pas peur de l’affirmer, cette salle est la plus belle des Yvelines et à l’image de la ville. Ce n’est pas le gérant d’In Situ, Pierrick Beillevaire qui dira le contraire. La conception du Phénix s’inspire du patrimoine géologique de la commune avec notamment les volumes des galeries de gypse présentes dans le massif de l’Hautil auxquels s’ajoutent des références à la haute antiquité du Moyen-Orient comme la fameuse rose des sables ou le fer de lance qui ont inspiré le visage extérieur du bâtiment. « Un projet qui alloue histoire locale mais également l’apport et la richesse du multiculturalisme », théorise l’architecte.

Le Phénix accueillera donc du théâtre, de la musique, des spectacles de danse et des séances de cinéma et sera également à disposition des associations, des établissements scolaires qui devront les utiliser autant que faire se peut. Et la maire ne compte pas s’arrêter là : « Chaque jour je dis à mes équipes « ne vous interdisez rien ». Il faut jeter des idées car il en sortira forcément le meilleur. Le principe dans les Quartiers Politique de la Ville, c’est l’extrême effervescence et l’expérimentation. » Nul doute que d’autres projets innovants verront le jour dans cette ville à ­jamais ­associées au film La Haine.