Promo 16-18 : 2 ans après, l’heure de faire le bilan

Lancée en janvier 2021, la promo 16-18 de l’AFPA avait pour but de rassembler des décrochés ou des décrocheurs scolaires. Mercredi, celle de Magnanville mettait à l’honneur ses jeunes ainsi que ceux de Trappes afin qu’ils racontent leurs histoires et leur parcours.

« Aujourd’hui, nous célébrons la jeunesse, car c’est notre richesse et notre avenir », clame d’emblée Laure Nascimento da Silva, conseillère en insertion professionnelle sur le département des Yvelines. Des mots prononcés à l’occasion de la remise d’attestation pour des jeunes de la promo 16-18 inscrits dans les missions locales de Magnanville et de Trappes, un dispositif qui a vu le jour en novembre 2020 suite à la loi sur l’obligation de formation jusqu’à sa majorité d’un enfant. Dans le cadre du programme « un jeune, une solution », l’État a mandaté l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) afin de mettre tout un parcours de remobilisation à destination des décrochés et des décrocheurs scolaires ayant entre 16 et 18 ans.

Dans les Yvelines, presque 300 jeunes se sont lancés dans cette aventure de 13 semaines – avec 80 % de sorties positives c’est-à-dire soit la réintégration du système scolaire classique, le décrochage d’une alternance, l’engagement dans une formation de l’AFPA ou d’un service civique voire le lancement dans la vie professionnelle. Pour obtenir ces résultats, il a fallu faire preuve d’imagination comme l’explique Laure : « Il y a un fil rouge, développer leur esprit collectif et la bienveillance. Toute activité pédagogique a un sens mais quand elle ne fonctionne pas, nous nous adaptons puisque la principale difficulté réside à garder l’engagement de nos jeunes et leurs motivations. » « Le but n’est pas de reproduire le cadre de l’école, l’idée est de leur redonner un rythme et confiance en eux », rappelle Alexandra de Macedo, responsable de la promo 16-18 sur le ­département des ­Yvelines.

Et cette confiance en eux revient grâce à l’investissement et aux travaux qu’ils peuvent réaliser. Par exemple, sur la thématique de la solidarité où les jeunes effectuent des recherches d’associations afin de participer à des actions humanitaires. Ou bien lors des ateliers découverte de métier grâce à la rencontre de professionnels qui les mènent à travailler sur leurs CV et le pitch de leur projet professionnel. « Nous cassons aussi les codes », ajoute la conseillère en insertion professionnelle. En effet, de nombreuses activités sportives ou des sessions de jeu de sociétés sont au programme dans le but de détendre l’atmosphère et créer une osmose. Un sentiment de camaraderie qui pourrait servir plus tard ajoute Laure : « Nous avons réuni Trappes et Magnanville pour qu’ils puissent aussi développer leur réseau professionnel. »

L’ambiance était donc à leur image pour les célébrer. Des bonbons en guise de goûter, des sodas avec ici et là quelques bouteilles d’eau en guise de caution morale et une enceinte Bluetooth permettant de passer les chansons de rappeurs à la mode. Pour couronner le tout – hormis la galette des rois – une certification remise par le directeur de l’AFPA de Magnanville et de Saint-Quentin-en-Yvelines, Bruno Montel, attestant de leurs parcours assidus et des étapes traversées par ces jeunes.

Si certains osaient prendre le micro – avec l’aide de notes pour les aider dans la plupart des cas – pour prononcer un discours, d’autres préféraient laisser leurs éducateurs parler à leur place. Mais qu’importe la voix, c’est la force des mots le plus important. Le témoignage le plus poignant fut celui de Darling. Issue de la communauté des gens du voyages, l’adolescente racontait son histoire, déscolarisée depuis le CE1 et qui a dû apprendre le français grâce à son téléphone portable en surfant sur internet. Et bien que cela soit un travailleur social qui égrenait les mots, ce sont bien les yeux de la jeune fille qui se sont embués de larmes lors du passage de l’apport de l’AFPA dans sa vie. « Le dispositif est toujours en phase d’expérimentation jusqu’en mars 2024, nous espérons que cela va se poursuivre », souffle Alexandra de Macedo. L’école est un chemin pour arriver à s’insérer dans la vie active, ce programme démontre qu’il en existe d’autres pour retrouver cette voie et vivre ses rêves.