L’opérateur de bus Keolis en opération séduction

La Ville et Keolis ont organisé, ce lundi 30 janvier au théâtre de Poissy, une réunion publique en réponse aux dysfonctionnements qui impactent le réseau de bus pisciacais depuis de nombreux mois.

La date du 30 janvier 2023 était cochée dans le calendrier de bon nombre de Pisciacaises et de Pisciacais. C’était en effet le jour choisi par la municipalité et l’opérateur de transports Kéolis pour tenir une réunion publique, au théâtre de Poissy, afin de répondre aux inquiétudes des usagers suite aux nombreux dysfonctionnements sur le réseau de bus du territoire.

Retards, bus bondés, lignes non desservies ou service amputé : les déconvenues se sont multipliées sur le secteur Poissy-Les Mureaux, surtout depuis la rentrée de septembre, provoquant une exaspération croissante de la population. Cette réunion publique tombait alors à pic pour permettre de crever l’abcès, et rétablir une relation de confiance entre l’opérateur de transport, la Ville et ses ­administrés.

Car c’est bien de cela dont il s’agissait : la municipalité, la communauté urbaine GPSEO, et surtout Île-de-France ­Mobilités et Keolis avaient à cœur de se racheter auprès des usagers et des habitants. « Cela fait un moment que l’on rencontre tous des difficultés sur le réseau de bus, admet Sandrine Dos Santos, maire LR de Poissy. Nous sommes en contact depuis longtemps avec IDF Mobilités et Keolis pour trouver des solutions. Et aujourd’hui, nous allons communiquer sur ces solutions, car il est toujours plus simple de parler des problèmes, que vous connaissez déjà tous. »

La municipalité, la communauté urbaine GPSEO, et surtout Île-de-France ­Mobilités et Keolis avaient à cœur de se racheter auprès des usagers et des habitants.

D’emblée, le directeur du groupe Keolis, Jérôme Dupont, dresse un constat : l’absentéisme et la pénurie de salariés touche tous les opérateurs de transport, sur tous les territoires. Comme il le souligne, si l’offre non réalisée sur le réseau Poissy-Les Mureaux a atteint un pic de 8 % en septembre, celui-ci était de 9 % à Saint-Germain-en-Laye, et même à 26 % à Paris intra-muros. Une « problématique structurelle liée au métier de transport public », précise-t-il, qui peut s’expliquer par de nombreux départs à la retraite, une forte hausse de l’absentéisme depuis le Covid (+23 % du nombre de jours d’arrêt par salarié), et des contraintes inhérentes au métier comme le travail de nuit ou le week-end.

Afin de palier, à court terme, ces problématiques, des mesures provisoires ont été prises entre le 17 octobre et le 16 janvier. Parmi elles, la mise en place d’un « plan d’offre allégée et garantie ». L’objectif ? Réduire l’offre sur une période donnée, afin d’être capable de l’assumer selon des critères objectifs, comme la fréquence, la desserte scolaire ou la possibilité de report. Ainsi, pas de mauvaise surprise en attendant le bus : les temps d’attentes affichés étaient respectés. « Plutôt qu’avoir une offre dégradée aléatoire, on inscrit une baisse d’offre temporaire mais garantie, déclare Jérôme Dupont. Cet allègement a permis d’étaler l’absence de conducteur sur les lignes ciblées. » Si elle n’est pas viable sur le long terme, cette solution a permis d’atténuer la tension sur le réseau, avec une baisse des réclamations constatée par l’opérateur.

Mais comment rétablir un service à la fois quantitatif et qualitatif ? Keolis a lancé plusieurs actions pour, en premier lieu, « retrouver des conducteurs rapidement », comme le souligne Jérôme Dupont. Cela passe par la création d’un CFA « pour former et recruter nous-mêmes les conducteurs », la diversification des modes de recrutement, la participation aux salons de l’emploi ou encore la multiplication des campagnes de communication. Mais surtout, le plus important : l’amélioration des conditions de travail des conducteurs. Pour y parvenir, Keolis promet une amélioration de la rémunération (hausse du taux horaire de 7,8 % à l’embauche, salaire d’entrée à 1 980 euros sur 13 mois), ainsi qu’une amélioration des services, de l’état des véhicules et des salles de repos, sanitaires et vestiaires.

« Certains itinéraires seront revus, même si c’est à la marge », précise Coralie De Rovère, directrice marketing de Keolis.

Et du point de vue des usagers, finalement, quelles sont les perspectives ? Et bien elles sont plutôt claires : dès le 9 mai, les lignes vont changer. « Certains itinéraires seront revus, même si c’est à la marge, précise Coralie De Rovère, directrice marketing de Keolis. Il y aura des arrêts reportés, des changements de noms, une évolution des grilles horaires… Le réseau sera désormais pensé à l’échelle du territoire de Poissy aux Mureaux, et pas seulement de la ville. »

Concrètement, cela passe, par exemple, par un changement de la numérotation des lignes. « On a souvent des doublons, voire des triplons entre Poissy et Les Mureaux, ajoute Coralie De Rovère. Il y a par exemple 4 lignes 2, il faut éviter ce casse-tête. L’objectif est d’épurer l’information aux voyageurs. Aujourd’hui, le réseau est plutôt basé sur le rabattement vers la gare comme terminus, puis avec des correspondances. Demain, le but est que ces lignes passent sur le parvis de la gare, tout en offrant d’autres destinations. »

Suite à la présentation de ce plan, qui avait le mérite d’être transparent, les élus et représentants de Keolis ont été confrontés aux questions des usagers présents dans la salle. Et notamment de Vincent, jeune lycéen de 17 ans qui s’est inquiété de l’état de la ligne 54 qui dessert le lycée Charles-de-Gaulle. « L’arrêt Gare Sud est toujours bondé, il est souvent impossible de monter dans ces petits bus, on en a marre d’attendre parfois 30 minutes tous les matins », a-t-il déclaré agacé, suscitant des applaudissements du public, et l’inconfort chez ses interlocuteurs. « Cette surcharge date d’avant notre arrivée, se dédouane Jérôme Dupont. On a bien conscience des réclamations des étudiants. Mais malheureusement, on ne peut pas toujours mettre des bus articulés. Si on en rajoute sur cette ligne, il en manquera sur d’autres. Cependant, on travaille pour y ajouter des bus adaptés ».

La nouvelle offre de lignes de bus Poissy-Les Mureaux sera déployée le 9 mai.

« Ma fille la prend souvent, et arrive parfois en retard, renchérit une mère de famille. Mais au lycée, ils s’en fichent, ils veulent juste que les enfants arrivent à l’heure. Donc les enfants partent à pied sur la nationale, c’est très dangereux, c’est pour cela que l’on demande plus d’offres de transport sur les heures de pointe. » Une remarque qui a fait réagir la maire Sandrine Dos Santos, dont la fille est directement impactée par cette problématique. « On travaille avec le Département pour proposer une offre de mobilité douce qui soit sécurisée sur la route Saint Exupéry-Charles de Gaulle. On prépare également un projet de trottinettes à la demande, qui verra peut-être le jour. »

Interpellé par Younes, habitant du quartier de la Coudraie, sur le manque de communication de l’opérateur, Jérôme Dupont s’est défendu en rappelant sa présence aux conseils de quartier, ainsi que sur les réseaux sociaux pour répondre aux réclamations des usagers. Mais même s’il la juge « tardive », Younes a admis, comme d’autres habitants, que cette réunion publique avait au moins eu le mérite d’apporter une transparence longtemps demandée par les usagers.