Extension du Centre Gilbert Raby, exemple concret de projet biosourcé

Le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement organisait une visite de l’extension du centre Gilbert Raby. Accompagné par les architectes du bâtiment, Gaston Tolila et Nicholas Gilliland, le CAUE voulait démontrer la possibilité ainsi que les bienfaits d’une construction biosourcée.

Le Centre Gilbert Raby, établissement de soins spécialisé en addictologie et dans le traitement de la dépendance, dispose d’une multitude de bâtiments avec des styles architecturaux différents mais celui qui dénote le plus est sa nouvelle extension. Non pas pour son aspect neuf mais de par sa conception : elle est majoritairement biosourcée et les éléments qui en découlent ont été minutieusement choisis par les architectes Gaston Tolila et Nicholas Gilliland.

Lorsque la fondation l’Élan Retrouvé – gérant du centre – souhaite remplacer un immeuble en préfabriqué tombant en décrépitude, elle fait appel à ce cabinet d’architecte franco-américain spécialisé dans l’éco-conception. Ce n’est pas un galop d’essai puisque tout ce petit monde a déjà travaillé ensemble sur un hôpital de jour dédié aux enfants autistes à Chevilly-Larue.

Comme signe annonciateur du projet, il a fallu composer avec les éléments naturels avant de pouvoir poser la première brique en terre crue (ou BTC). Avec la présence de la Seine en contrebas et celle d’une zone boisée protégée à droite, cette nouvelle construction ne pouvait pas se situer n’importe où. Cette problématique réglée, la construction peut commencer. L’unicité de cet édifice ne réside pas dans sa conception mais dans l’assemblage final. L’isolation en liège, les BTC, l’enduit en terre et les façades bois, toutes ces techniques sont déjà usitées. « Ce qui rend le bâtiment original, c’est le fait d’associer tout cela », explique Gaston Tolila.

Afin de mieux visualiser les prochains éléments, voici une description de la bâtisse : elle se décompose en 2 étages avec une rue centrale et de part et d’autre des pièces qui peuvent être destinées pour les ateliers dédiés aux patients (poteries, dessins…), la laverie, l’hôpital de jour, la pharmacie ou la cuisine thérapeutique. Au sein de cette rue, nous retrouvons les fameuses briques de terre crue. Comme leur nom l’indique, elles ne passent pas par la case four et sont seulement compressées pour obtenir leurs caractéristiques mécaniques. Toutefois, les trois rangées du bas ont été stabilisées avec du béton puisque comme l’explique Nicholas, « si nous les plongeons dans un seau d’eau, elles redeviennent un amas de terre ».

Gaston Tolila et Nicholas Gilliland, du cabinet d’architecture éponyme, détaillent les techniques écologiques utilisées.

Par ailleurs, les autres seront lasurées afin d’assurer une meilleure tenue dans le temps. Dans les parties dédiées aux ateliers, les murs sont recouverts d’un enduit terre, rendant l’hygrométrie de la pièce stable. Ces deux éléments proviennent de Cycle Terre. L’entreprise sevranaise approvisionne sa matière première grâce aux chantiers métropolitains de Paris où la partie minérale de la terre est récupérée. N’imaginez donc pas construire vos propres BTC, la substance utilisée ne se situe pas en surface, là où vous plantez vos ­carottes dixit Gaston.

À l’instar de l’hôpital de Chevilly Larue, les architectes ont misé sur le bois pour la façade extérieure dans le but « d’avoir cette ambiance particulière d’odeur, de texture » mais aussi car l’Élan Retrouvé a remarqué que les enfants autistes étaient plus calmes depuis qu’ils avaient déménagé de leur section faite de béton. Grâce à ces éléments naturels – ainsi que des fenêtres situées en hauteur se mettant en oscillo-battant automatiquement quand il faut avoir une bonne circulation d’air – le bâtiment s’autorégule aussi bien en hiver qu’en été. Toute cette conception a tout de même un coût : 2,8 millions d’euros. « Il y a un surcoût, entre 10 et 15 % par rapport à un bâtiment classique mais avec l’isolation, on peut s’y retrouver sur le long terme », concède ­Nicholas.

Même si ce projet n’est pas le plus grand pour le cabinet d’architecture franco-américain, il pourra servir de vitrine pour d’autres constructions plus imposantes. C’est sur cette reproductibilité que mise le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines. Pour Élisabeth Rojat-Lefebvre, la directrice du CAUE 78, cette visite de fin de chantier était prévue pour cela : informer, sensibiliser puis former si besoin les architectes et les élus présents afin de pousser la construction de bâtiments biosourcés. D’autres « éco-rencontres » seront donc prévues tout au long de l’année afin de ­poursuivre ce travail.