Horizons sort du bois pour préparer 2027

Mercredi à Poissy, le parti d’Édouard Philippe officialisait l’ouverture de 6 comités locaux dans le nord des Yvelines. Une stratégie se targuant de faire remonter les véritables problèmes des Français afin de se lancer dans l’élection présidentielle de 2027.

Pour voir Horizons se déployer dans le nord des Yvelines, direction le bar pisciacais « La Cabane ». À l’étage, une cinquantaine de personnes – composée de curieux et d’élus des alentours – s’est amassée mercredi soir afin de connaître la ligne de conduite que veut se donner le parti d’Édouard Philippe. Pour conter cela : Arnaud Péricard, maire de Saint-Germain-en-Laye, et Naïma Moutchou, députée de la 4ème circonscription du Val d’Oise et vice-présidente de l’Assemblée nationale. Coïncidence ou pas, c’est dans une ville où l’ancien maire se revendiquait « véritable élu de terrain » que la même stratégie est mise en place. « Nous avons décidé d’ouvrir plusieurs comités de commune afin de voir et de connaître ce qui se passe sur le terrain » détaille l’édile saint-germanois. Les heureux élus sont : Poissy, Villennes-sur-Seine, Triel-sur-Seine, Vernouillet, Verneuil-sur-Seine et Les Alluets-le-Roi. Avec à leur tête des personnes symbolisant les thématiques sur lesquelles Horizons veut agir comme la sécurité – symbolisée par le super policier local Grégory Bion – la culture avec Karine Emonet-Villain, maire-adjointe sur ce sujet à Poissy, ou bien l’écologie personnifiée par Katia Lefeuvre, directrice exécutive de la mobilisation pour la transition écologique à l’ADEME.

Ils ont également un autre but, augmenter le nombre d’adhérents. « Je ne suis pas là pour faire du lobbying mais donner envie aux gens », théorise le chef de la police pluricommunale d’Épône-Mézières « si nous distillons de vraies valeurs, ils viendront par eux-mêmes ». Apolitique, il s’est laissé tenter après une rencontre avec l’ex-Premier ministre lors d’un match du Havre Athletic Club, voyant la bienveillance avec laquelle il traitait les forces de l’ordre, mais aussi dont le pôle idée accueillait les siennes. Il faut aussi convaincre les jeunes. C’est la mission de Marin Des Roseaux, référent régional jeune sur l’Île-de-France, plus spécifiquement sur le 78, le 92 et 95. « Même si nous sommes actifs sur les réseaux sociaux, nous appliquons la même technique d’ancrage local avec des tractages, des afterworks et des conférences suivies de débat. Surtout, les jeunes sont très bien intégrés au sein de tous les niveaux de l’institution et nous les mobilisons sur tous les sujets du pôle idées », explique-t-il. Pour le moment les chiffres sont bons : Horizons compte 22 000 adhérents et enregistre des fortes progressions en Île-de-France. Arnaud Péricard reste toutefois réaliste : « Il y a 13 millions d’habitants, c’est normal aussi. »

Naïma Moutchou estime qu’il est grand temps de préparer les ordres de bataille puisqu’elle voit les nombreuses brèches des autres partis lorsqu’elle siège à l’Assemblée Nationale : « Je vois ce qui se passe dans les mouvements, les différents rapports de forces à la Nupes. Et chez LR, il y a presque autant de courant de pensées que d’individualité. » D’ailleurs, la cacophonie ambiante au sein du parti d’Éric Ciotti avait entraîné le départ d’Arnaud Péricard. « J’ai adhéré au RPR à 16 ans, j’ai beaucoup milité mais je me suis senti à l’écart de ma famille politique. Cette diaspora de droite et de centre-droit attendait que quelqu’un prenne des initiatives », narre-t-il. Regroupés autour de la figure tutélaire d’Édouard Philippe et de « ses valeurs communes », les adhérents se targuent d’avoir déjà un peu d’importance, notamment grâce à la présence d’un groupe parlementaire au Palais Bourbon même si le maire de Saint-Germain-en-Laye reconnaît qu’il y a eu des négociations à l’époque avec Renaissance.

Si Horizons veut donc compter localement, il profitera des feux des projecteurs le 2 mars : cette journée leur sera consacrée afin de présenter trois propositions de loi. La première concernera la récidive – une thématique liée à la sécurité que Naïma Moutchou ne veut pas laisser à la droite traditionnelle – composée de trois volets : des peines planchers pour les récidives sur une certaine catégorie de la population (gendarmes, pompiers, enseignants…), la transmission d’information auprès des élus locaux car les maires sont régulièrement les derniers à savoir la présence de délinquants sur leur commune, et un plan de sortie de prison pour les peines courtes (62 % de récidive pour celles de moins de 6 mois, 64 % entre 1 an et 2 an) afin de favoriser la réinsertion. Le 2ème texte- porté par la députée du Val d’Oise – se concentrera sur les réseaux sociaux. Malgré de nombreux intérêts, ils restent le lieu du harcèlement et de la prolifération des fake news. Elle voudrait donc voir la création d’un observatoire sur ces thèmes ainsi que l’augmentation des moyens de prévention au sein des établissements scolaires. Enfin, la lutte contre les déserts médicaux où la question de la régulation de l’installation des médecins sera abordée.

Dans les discours, Horizons porte bien son nom. Les têtes pensantes misent sur un futur programme mêlant court, moyen et long terme, s’inquiétant déjà de l’état du pays à l’orée 2027. Est-ce que ces 4 ans pourront amener Édouard Philippe à la fonction suprême ? Arnaud Péricard souffle le chaud et le froid : « C’est possible, ce sera semé d’embuches et il faut convaincre les gens de nous rejoindre, finalement ce n’est peut-être pas assez… »