La famille Demassiet vous donne la patate

Depuis près de trois ans, un camion de transport de marchandises sillonne les routes de l’Île-de-France. À son bord, 28 tonnes de pommes de terre qui partent en moins d’une journée lorsque le véhicule se pose dans les endroits stratégiques des communes. Et tout le monde en redemande.

Sur la page Facebook tenue par la famille Demassiet – sobrement intitulée « Pomme de terre Fontane » du nom du type de pomme de terre qu’elle vend – les commentaires sont souvent les mêmes lorsqu’ils annoncent leur planning de vente : « Quand est-ce que vous passez chez [insérez le nom de la ville voulue]. » Et l’impression donnée sur la toile est la même lorsque nous allons à leur rencontre. Aux Mureaux, il est à peine 9 h lorsqu’une petite file ininterrompue de voitures commence à se former. Les échanges sont directs : « Bonjour, combien de sac aujourd’hui ? 1 ? Cela fera 7,50 euros s’il vous plaît. » lance un des employés des agriculteurs. Cela durera jusqu’à la fin de l’après-midi, juste avant l’heure de départ officielle du camion fixée à 18 h. 28 tonnes du tubercule appartenant à la famille des solanacées viennent de partir dans les coffres ou directement entre les mains des Muriautins.

Cette aventure a commencé il y a trois ans chez les Demassiet, au moment du Covid-19. À cause du confinement, les restaurateurs et commerçants sont contraints de baisser leurs rideaux sauf qu’ils représentent l’essentiel de la clientèle de Martine et Pascal. Malheureusement pour eux, c’est encore la saison de la pomme de terre (de septembre à mars, NDLR) et il faut donc liquider les stocks. Au début, ils songent à « creuser un trou et toutes les enterrer » mais décident finalement de faire appel à leur fils Jérémy habitant en région parisienne, alors que celui-ci n’est absolument pas du métier. Ils réfléchissent tous ensemble et décident donc de les vendre en direct aux particuliers.

Mais pour commencer cela, il y a plusieurs processus à mettre en place. Tout d’abord les achats de filets pour le conditionnement, le tri des pommes de terre, et l’embauche de plusieurs employés pour gérer la vente au cul du camion. Une fois cette organisation bien ficelée, le top départ est lancé et les camions de marchandises partent à la conquête des terres franciliennes. Les Mureaux, Chanteloup-les-Vignes, Vitry, le succès est au rendez-vous de chaque ville où le poids lourd s’arrête. La principale raison est économique. À 40 centimes le kilos – maintenant 50 à cause de l’augmentation des matières premières – aucun commerce ne peut rivaliser avec un prix aussi bas. Et même si les sacs sont vendus par 15 kilos, Jeremy rassure sur la durée de conservation de la pomme de terre : « Comme elles ne sont pas lavées, si vous les garder dans un endroit sec et dans le noir, elles peuvent tenir 3 mois. » Une durée correcte pour éviter de manger des dérivés de la patate toute la semaine.

Ainsi, sans faire de gros bénéfices la famille Demassiet écoule ses stocks et fait plaisir à tout le monde. La question se pose rapidement de rééditer l’expérience. L’entrain des clients mais aussi les demandes des mairies font pencher la balance du bon côté. Il est donc décidé que les patates Fontane feront leur tour de l’Île-de-France autant que faire se peut. Cette année, il devrait s’arrêter durant ce mois de février. Avec la sécheresse de cet été, les récoltes ont été moins fructueuses mais cela ne les empêchera pas de revenir dès que les stocks seront à nouveau pleins.