Le Département lance les Assises de l’alimentation

Le 2 février, le Département des Yvelines lançait à Thoiry les Assises de l’alimentation. Durant 4 mois, plusieurs groupes d’experts réunis sur 8 thématiques prioritaires devront établir un plan d’actions afin de co-construire une offre alimentaire locale, durable et abordable.

Crédits photo : Département des Yvelines

Tout un repas 100 % Yvelinois, de l’entrée jusqu’au dessert, une utopie qu’aimerait atteindre le Département des Yvelines. Le 2 février, à Thoiry, il lançait les premières Assises de l’alimentation sous la houlette de Pauline Winocour-Lefevre, vice-présidente du conseil départemental en charge de la ruralité, et avec la bénédiction de la chambre d’agriculture de la région Ile-de-France. Mais cette envie ne date pas d’hier. « Il y a quelques années nous avions mis en place une SEMOP (société d’économie mixte à opération unique, ndlr) afin de renforcer la présence des produits yvelinois dans les assiettes des collégiens », rappelle l’ancienne conseillère municipale de Montfort-l’Amaury. Toutefois, si le résultat s’est vu dans les assiettes, cette structure n’a pas réussi à soutenir les filières concernées de façon conséquente et rassurante. « Il y avait des freins logistiques, peut-être juridiques aussi, ainsi que des intérêts divergents entre les différents acteurs », temporise Pauline Winocour-Lefevre.

Durant 4 mois, une centaine de personnes répartie sur 8 thématiques différentes se réuniront afin de co-construire cette « offre alimentaire locale, durable et abordable ». Elles seront issues de tous les milieux en lien avec ce sujet comme par exemple certaines associations de parents d’élèves siégeant déjà dans les commissions de menu des établissements scolaires. Les groupes de travaux étudieront donc les problématiques suivantes : faciliter l’approvisionnement local dans les restaurants scolaires, fidéliser les consommateurs sur les achats en local, relancer et pérenniser la production de légumes et de fruits, développer la filière légumineuse sur le territoire, soutenir la filière élevage, répondre aux nouveaux enjeux de la précarité alimentaire, faciliter l’accès au foncier agricole, soutenir et accompagner la durabilité et la viabilité des fermes. « Nous ne sommes pas sûrs d’avoir une réponse concrète sur chacun de ces huit points. Le but est de voir les freins », explique la conseillère départementale du canton d’Aubergenville.

Mais pour avoir des produits yvelinois, il faut impérativement des agriculteurs de ce territoire. Cela a été un des cris d’alerte lancé durant la soirée de lancement. Un bon nombre d’exploitants ont interpellé la représentante du conseil départemental ainsi que Christophe Hillairet, le président de la chambre d’agriculture de la région Ile-de-France, sur le problème du recrutement, pour tout type de tâches et qu’importe la taille de la structure concernée. Et si le Département participe déjà à la transformation des fermes – notamment lorsqu’elles souhaitent se diversifier – l’insertion professionnelle est une des tâches qui lui incombe et il devra donc agir dessus. Parmi les autres remontées du terrain se trouve également la chute de la fréquentation des producteurs en circuit court. Ceux-ci sont tombés à des niveaux de vente inférieurs à la période pré-COVID et craignent maintenant pour leur avenir. « Durant le confinement, les personnes avaient le temps et ne voulaient pas forcément affronter le climat anxiogène des grandes surfaces », théorise Pauline Winocour-Lefèvre.

La question de la résilience et de la durabilité des exploitations agricoles se pose également. Elles n’échappent pas aux problématiques environnementales actuelles – utilisation des pesticides, meilleure consommation énergétique – et l’une des vice-présidentes du Conseil départemental aimerait les accompagner face à la pression sociétale. Enfin, plusieurs cas de friction entre ruraux et néo-ruraux – dont un dernièrement à Adainville où des « voisins » ont adressé une lettre d’intimidation à Fabien Le Coïdic, un agriculteur qui s’apprête à lancer son exploitation de chevaux et de vaches – émergent. « Quand on s’installe dans une commune rurale, il faut accepter les avantages et les inconvénients, comprendre qu’une moissonneuse coupe tard le soir en été et que le poulailler peut faire du bruit », martèle Pauline Winocour-Lefèvre.

La solution miracle ne sortira pas en mai, toutefois ces Assises permettront de tracer une feuille sur le court, moyen et long terme. Et entre l’alimentation des ménages (1,4 million d’Yvelinois), les élèves en restauration scolaire (près de 450 000 jeunes) et les plus précaires (environ 100 000 personnes), nul doute que la demande est bien présente et qu’il faudra y répondre.