On croyait le phénomène appartenant à un passé révolu grâce aux actions efficaces des municipalités précédentes qui avaient mis en place une police municipale opérationnelle et sensibilisé la police nationale, déterminante dans son éradication. Mais voilà qu’il revient à la vitesse grand V. Depuis quelques semaines, des adolescents sont attaqués en centre-ville de Mantes-la-Jolie, y compris en plein jour.
Le scénario est toujours le même ou presque. Les agresseurs localisent une proie facile, généralement un jeune seul. Ils l’entourent, lui bloquent le passage pour un motif futile puis lui réclament de l’argent ou des objets de valeur. Les smartphones arrivent bien entendu en tête des convoitises. Mais pas seulement ! La situation est suffisamment alarmante pour que la direction du collège Notre-Dame s’en émeuve et mette en garde élèves comme parents.
Dans un courrier adressé précisément à ces parents, un responsable de la vie scolaire du collège lycée Notre Dame signale des faits précis : « Depuis quelques semaines, plusieurs vols ont eu lieu à Mantes-la-Jolie, entre la place du cinéma, la gare et le Val-Fourré. Deux de nos élèves en ont été victimes ». Il tente de les rassurer en indiquant ne pas être resté inactif : « les forces de l’ordre sont prévenues et mettent tout en œuvre pour prévenir de nouveaux évènements ». Très au fait de ces vols, ce responsable éducatif distille aussi des conseils de bon sens : « Nous tenions néanmoins à vous prévenir afin que vos enfants soient vigilants et qu’ils se promènent accompagnés s’ils le peuvent ».
La prévention de ce type d’agressions qui devrait être la mission première de la police municipale n’est visiblement pas assurée, ce qui inquiète les Mantais : « Je vis ici depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’avant que les municipalités successives ne prennent le problème à bras le corps, le centre-ville était l’objet de descentes en règle, se souvient un retraité. Beaucoup de commerçants qui sont aujourd’hui retirés pourraient témoigner. Des bandes de jeunes délinquants entraient en nombre dans leurs boutiques, se servaient comme si c’était un libre-service et repartaient en courant ».
À la même période, le centre-ville de Mantes-la-Jolie, c’était aussi « racket-land ». « Les mêmes arrêtaient des adolescents ou des jeunes adultes dans la rue, souvent du côté de la gare, et faisaient main basse sur leur argent et même parfois sur leurs baskets de marque, laissant parfois leurs victimes en chaussettes. Il ne faudrait surtout pas revenir à cette période mais je sens comme un relâchement. La sécurité n’est apparemment pas la priorité de la municipalité actuelle. La police municipale est beaucoup moins présente. Je ne les vois jamais intervenir avec autorité. Quant à la police nationale elle fait ce qu’elle peut avec les moyens qui sont les siens ».
Cette recrudescence de vols en centre-ville inquiète les commerçants : « La période est déjà très très compliquée pour nous avec l’inflation galopante et tout qui augmente, assure l’un d’eux. Si en plus, notre centre-ville est déserté par nos clients les plus fidèles qui, pour ceux qui peuvent, préfèrent les centres commerciaux parce qu’ils disposent de vigiles, on n’a plus qu’à mettre la clef sous la porte ».
« C’est très inquiétant » Corinne*, mère d’élèves de Notre-Dame
Corinne* refuse de décliner son véritable prénom par peur d’éventuelles représailles. Tout juste consent-elle à livrer son sentiment sur la situation actuelle, elle dont les deux enfants fréquentent le collège Notre-Dame. « Avec mon mari, nous avons fait le choix de venir habiter à Mantes-la-Jolie. Nous sommes d’abord venus en repérage. En vendant ce que nous possédions, nous avions beaucoup plus grand et beaucoup plus confortable. Les enfants ont chacun leur chambre et nous la nôtre. Alors que nous habitions dans les Hauts-de-Seine et que nous avons annoncé à nos amis notre intention de déménager, beaucoup s’en sont émus.
Ils étaient restés sur l’image de cette ville rongée par les vols, les trafics et les violences urbaines qui faisait la Une plus souvent qu’à son tour. Certains se sont même faits porter pâle pour ne pas venir à notre pendaison de crémaillère de peur de retrouver leurs voitures sur les jantes. Ça, c’est ce qu’ils nous ont dit après. Jusqu’à ces dernières semaines, nous étions particulièrement satisfaits de notre vie en centre-ville. Nous apprécions le côté provincial des petites rues, les commerces de bouche de très bonne qualité, les balades sur les bords de Seine, les petits restos sympas. Mais si nos gamins ados ne peuvent pas aller seuls au cinéma ou rentrer en toute sécurité de leur collège, nous allons peut-être revoir notre position. Avoir des gamins qui vont et viennent la peur au ventre, ce n’est pas admissible. J’ose un grand mot : c’est une régression sociétale »
*le prénom a été changé à la demande de l’intéressée.