Mantes-la-Jolie veut puiser dans le fonds vert pour sa transformation écologique

Le 13 février, le conseil municipal de Mantes-la-Jolie se réunissait pour la première fois de l’année. Parmi la vingtaine de délibérations à voter, une des plus importantes a été celle du fonds vert portée par la conseillère municipale déléguée en charge du Développement durable Clara Bermann.

Conseillers municipaux, élus et élus de l’opposition se donnaient rendez-vous la veille de la Saint-Valentin afin de statuer sur une vingtaine de délibérations. Ce sont d’ailleurs les derniers cités qui ont ouvert le bal par l’intermédiaire de Guillaume Quévarec. S’il n’y avait pas forcément de l’amour dans l’air, la solidarité, elle, était bien présente. Après une minute de silence en hommage aux victimes du séisme qui a eu lieu en Turquie et en Syrie, le membre du Printemps Mantais a formulé un vœu, « que la Ville de Mantes-la-Jolie apporte toute aide humanitaire possible à l’attention des victimes du tremblement de terre ». Personne n’a trouvé mot à redire et l’ensemble du conseil municipal a voté pour. Raphaël Cognet n’a détaillé ni le montant ni la manière mais a précisé que la municipalité a déjà pris contact avec la Croix Rouge et qu’elle encourage les associations turques et kurdes à organiser des événements caritatifs.

Passé ce moment d’union sacrée, Guillaume Quévarec pointe du doigt des décisions avec effet rétroactif alors que le Conseil d’État applique une jurisprudence qui rend ces actes irréguliers. Il a pris comme exemple la régularisation du local mis à disposition 3 mois plus tôt, ce à quoi l’édile mantais rétorque : « Dans le meilleur des mondes possibles nous ne devons pas utiliser cela oui. » Le conseiller municipal s’inquiète également de la carte scolaire locale. Alors que la Mairie a lancé une consultation dessus – et qui donnera ses premières conclusions en mars – l’inspection académique prévoit 7 fermetures de classes pour la rentrée 2023. Elles concernent les établissements de Pierre de Coubertin, Jules Verne, Madame de Sévigné, Gabrielle Colette, Jean-Jacques Rousseau et les Roses.

L’élu de l’opposition se demande donc si Raphaël Cognet s’opposera à cela sachant que son programme de mai 2022 était clairement orienté sur l’enfance, la jeunesse et l’éducation et que ces décisions portent sur des zones d’éducations prioritaires. « Pour le moment ce sont des chiffres provisoires. Une classe qui ferme lorsqu’il y a moins d’enfants n’est pas un drame », répond le maire mantais, tout en rappelant que rien n’est acté puisqu’une réunion avec les inspecteurs académiques est prévue ainsi qu’une étude sur les dérogations sera effectuée afin de connaître leur impact sur les ouvertures ou fermetures de classe. Enfin, avant d’attaquer le plat de résistance, Monsieur Quévarec interpelle le maire sur le montant des dommages et intérêts dans le cadre des procès dit du « Val-­Fourré » où la Ville s’est portée partie civile. Le parquet de Versailles a estimé que la commune a été victime et devrait toucher 10 000 euros. Toutefois comme certains condamnés ont fait appel, il n’y a eu aucune force exécutoire.

Lors des délibérations, le principal sujet de crispation portait sur le taux des résidences secondaires. Actuellement, il est de 17,81 % et rapporte un peu plus de 400 000 euros à la Ville. L’opposition n’a pas manqué de citer les villes comme Bordeaux, Nantes, Lyon, Nice qui profitent des dispositions légales pour porter ce taux à 50 voire 60 % pour cause de tension dans le logement ou de tourisme, Mantes faisant clairement partie de la première catégorie. Raphaël Cognet a botté en touche arguant que c’était un de ses engagements. « Vous me mettez dans un corner : si je le fais, vous allez dire que je ne respecte pas mes promesses, et si je ne fais rien, vous me le reprocherez quand même. » Les administrés présents dans la salle n’étaient pas du même avis que lui.

Le sujet de ce conseil municipal du 13 février était clairement la future transformation écologique de Mantes-la-Jolie. Non prévue à l’ordre du jour, elle s’est intercalée dans cette session grâce au report de deux délibérations puisque les demandes de subventions doivent être faites ce mois-ci. C’est Clara Bermann qui porte le projet puisqu’elle a fait un rêve, « un plan vert ». Tout démarre en avril 2021 lorsqu’elle écrit à Raphaël Cognet, toute angoissée par le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Et il y a de quoi, il nous donne 3 ans pour agir sur le réchauffement climatique pour que 2050 ne devienne pas une fournaise ardente. Nous sentons alors quelques réticences dans le public mais il ne faut pas oublier que les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Dans la continuité des assises de la transition écologique lancée par Edwige Hervieux, il est décidé mi-2022 que l’aménagement du territoire serait l’angle le plus impactant pour cette transition écologique. Une dizaine d’élus et conseillers municipaux – dont celle en charge du Développement durable ainsi que Jamila El Bellaj, adjointe à la Culture, patrimoine, transition écologique et cadre de vie – décide qu’il faut agir sur les ilots de chaleur, pouvant faire varier la température entre 1 et 8 degrés, la pollution et la qualité des eaux, la maîtrise du risque d’inondations et enfin la préservation et restructuration de la biodiversité. L’objectif est le suivant : faire de Mantes-la-Jolie le joyau vert de l’Ouest parisien.

Concrètement, un minimum de 1 000 nouveaux arbres va être planté en choisissant les bonnes espèces pour que cela soit durable dans le temps. Et si la commune peut déjà se targuer d’avoir 35 % d’espaces verts, tout sera fait pour améliorer ce taux comme avec la végétalisation de rues et de quartiers ciblés, soit de manière transitoire comme la dalle du Val-Fourré ou la gare de Mantes Station en attendant des projets plus globaux, soit durable dans certaines voiries déjà identifiées. Une première demande de subvention à la Région Île-de-France va être faite pour l’urbanisme transitoire afin d’agir à court terme. Cet argent permettra de casser les ilots de chaleurs, de créer un corridor de biodiversité place de l’Europe ou au Belvédère, puis de débétonniser et renaturaliser les places Sainte-Anne et Paul Bert.

La Ville va aussi se porter candidate au fonds vert du gouvernement. Lancé le 30 janvier par Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, il se dote de 2 milliards d’euros en 2023 de la part de l’État et de 1,2 milliard de la Banque des Territoires. Ce fonds d’accélération de la transition écologique dans les territoires repose sur la conviction que les collectivités territoriales tiennent un rôle essentiel pour la décarbonation et l’adaptation au changement climatique et doit s’inscrire sur des projets de performance environnementale et d’amélioration du cadre de vie.

Les élus de l’opposition ont été avares en remarques : Jean-Luc Santini a tenu à rappeler qu’en 1995, 2 000 arbres avaient été plantés histoire de valoriser les mandats précédents, et Guillaume Quévarec espère voir une augmentation de ce budget au fil des années.

Avant de conclure un conseil municipal qui s’est déroulé dans le calme, Carole Philippe a posé une dernière question à l’édile mantais. Actuellement, la mairie demande aux commerçants du centre commercial Mantes 2 de régulariser leurs situations en cas d’utilisation de terrasse car le CCM2 est sur une copropriété avec bail emphytéotique jusqu’en 2027, ce qui signifie que tout dépassement au-delà des murs reste une occupation du domaine public. L’élu de l’opposition se demande si c’est vraiment le moment de régulariser ce genre de choses puisqu’en plus il y a une montée en puissances des étales sauvages sur la dalle.

« Il y a des règles et il ne s’agit absolument pas de massacrer les échoppes car un travail de pédagogie est fait avec Nathalie Aujay qui va à la rencontre de ces établissements », explique Raphaël Cognet, puis il poursuit « concernant les biffins qui s’installent un peu partout, nous luttons sauf qu’il y a des personnes en situation irrégulière donc dès que la police intervient elle les relâche et ils reviennent. Ce sont aussi des gens d’une extrême pauvreté. Les équipes de la Ville, du marché et de la Police nationale sont mobilisées pour réduire ce problème. Mais il n’y a aucune façon de traiter ce sujet rapidement. ». Rendez-vous en mars pour un nouveau conseil municipal ainsi que de nouvelles délibérations pour transformer la ville.