« Un projet qui n’est pas partagé par les élus de proximité ne sera pas partagé par la population. » Le maire de Magnanville Michel Lebouc l’affirme : il fera tout pour empêcher la construction d’un centre pénitentiaire sur sa commune. L’édile travaille en effet depuis le mois de novembre sur des alternatives au projet proposé par l’État, aux côtés de parlementaires et d’élus du territoire, parmi lesquels le député Benjamin Lucas, la sénatrice Sophie Primat ou encore les maires de Rosny-sur-Seine, Mantes-la-Ville, Guerville ou encore Limay.
« On travaille sur quatre contre-propositions par rapport au cahier des charges de l’APIJ (Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice, ndlr) selon des axes forts : la mobilité, les terres agricoles et la proximité avec les habitations, précise-t-il. Et outre nos propositions, j’ai aussi demandé à ce qu’on analyse les deux propositions de l’État à Magnanville par souci d’objectivité. »
Dans cette copie rendue à l’État à la fin du mois de décembre 2022, on retrouve donc quatre sites alternatifs, tous situés sur des friches industrielles, qui seront bientôt révélés à la population une fois qu’une réponse sera obtenue. Mais la conclusion du groupe de travail local est claire : les deux sites envisagés à Magnanville sont les moins pertinents. « Tout va à l’encontre de ce projet, avec d’abord la proximité avec les terres agricoles, assure Michel Lecour. Les sols sont riches en argile, ce qui nécessiterait une construction sur pilotis. Nous sommes une petite ville, on a déjà un gros trafic avec la caserne, alors imaginez avec une prison, ses salariés, ses visiteurs… De plus on n’a pas d’accès direct à l’autoroute comme demandé, et pour la proximité avec le Tribunal de Versailles… Il faut m’expliquer. »
Parmi les autres terrains envisageables pour un tel projet, l’édile cite notamment le plateau de Satory à Versailles, qui lui paraît plus adapté. « Il y a la proximité avec le tribunal, avec l’autoroute, et il n’y a personne aux alentours, justifie-t-il. Cela désengorgerait même la surpopulation de la prison de Bois d’Arcy. » Reste désormais à savoir si l’État se montrera plus attentif, après avoir écarté 21 options alternatives proposées par le collectif « Tous mobilisés contre une prison à Magnanville » au mois de novembre.
Dans tous les cas, leur retour se fait toujours attendre, à l’heure où nous écrivons ces lignes. Michel Lebouc espère une réponse rapide pour, ensuite, organiser une réunion publique avec les élus engagés et ainsi présenter l’hypothèse qu’ils plébiscitent. « Le problème, c’est que l’État travaille de son côté, et nous laisse ensuite devant le fait accompli. Ils savaient que l’on travaillait sur des sites alternatifs, et pourtant, il se sont renseignés de leur côté sur un potentiel site à Rosny-sur-Seine. C’est l’État souverain : ils font, et on doit se taire. Alors qu’il faut toujours travailler en amont avec les élus de proximité. »
Le contexte d’une querelle qui dure
Pour rappel, au mois de septembre 2021, le ministre de la justice Éric Dupond-Moretti annonçait l’ouverture, à l’horizon 2027, d’une nouvelle prison capable d’accueillir 700 détenus à Magnanville, afin de lutter contre la surpopulation carcérale. Et ce sans avoir consulté les élus locaux au préalable. Deux hypothèses s’étaient alors dégagées tandis que la population était vent debout contre le projet : un site à 1 kilomètre de la ville près du village de Soindres, et un autre à seulement 150 mètres du lycée Léopold Sédar Senghor.