La dernière librairie de la ville s’apprête à tirer le rideau

Roger et Régine Tennerel, à la tête de la Maison de la presse depuis 2005, sont sur le point de partir à la retraite. Si des repreneurs se sont manifestés, aucun ne compte, pour l’instant, faire perdurer cette boutique emblématique du centre-ville.

« Alors, comment ça va aujourd’hui, Roger ? » À la Maison de la presse d’Achères, on s’adresse au maître des lieux comme à un membre de la famille. Il faut dire qu’il fait désormais partie des meubles : lui et sa femme occupent depuis 2005 ce commerce qui, lui, date de plusieurs dizaines d’années. Une véritable institution achéroise !

Toutefois, toutes les bonnes choses ont une fin. Après 18 ans de loyaux services, ils s’apprêtent à tirer le rideau et profiter d’une retraite bien méritée. Une nouvelle qui attriste bon nombre d’Achérois, habitués à rendre visite à Roger et Régine et à leur boutique singulière. Car au-delà d’être un simple bureau de tabac, la Maison de la presse est également une librairie à part entière. Et la dernière de la ville, qui plus est.

« Cette librairie date d’il y plus de 50 ans, rappelle Roger Tennerel. Tous les Achérois la connaissent ! C’est un magasin complet, il y en a pour tous les goûts. On travaille même avec les écoles pour les manuels scolaires. »

Si des repreneurs ont bel et bien manifesté leur intérêt pour le commerce de l’avenue Stalingrad, aucun ne souhaite, pour l’instant, poursuivre l’activité de Roger et Régine, qui combine bureau de tabac, papeterie, librairie et carterie. « Ça m’embête, avoue-t-il. J’aurais déjà pu dire oui à quelqu’un, mais au dernier moment, j’ai tiqué. J’ai toujours espoir qu’un libraire ou un marchand de journaux se manifeste. Regardez ce commerce ! »

La nouvelle émeut particulièrement les clients habitués, qui ne savent pas vers où se tourner si la librairie ferme définitivement. « On n’a rien d’autre par ici ! », s’exclame une cliente retraitée, déjà anxieuse à l’idée de trouver un nouveau lieu où acheter ses livres et ses magazines. « C’est vraiment dommage, car cette boutique permet aux personnes seules de rencontrer du monde, de discuter », regrette une autre fidèle. C’est surtout ce lien privilégié avec sa clientèle qui manquera à Roger et Régine. Que ce soit avec les enfants rivés à la vitrine à la sortie de l’école, ou avec les « gangsters de Pompidou », comme il appelle affectueusement les pensionnaires du foyer 3ème âge, situé à quelques rues de là.