L’alerte des associations kurdes pour la solidarité envers les victimes du séisme

Il y a deux semaines, le Sud-Est de la Turquie et le Nord de la Syrie étaient touchés par un violent séisme d’une magnitude de 7,8. Si la solidarité internationale se met en place pour aider les rescapés, l’association Franco-Kurde de Mantes-la-Jolie met en garde sur les détournements qui peuvent se produire.

Crédits photo : Yunus Altin

« Nous sommes obligés de faire des montages financiers pour transférer de l’argent vers le Kurdistan car Ankara centralise toute aide humanitaire », déplore Yunus Altin, président de l’association franco-kurde des Yvelines. Au lendemain du séisme d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle ouverte de Richter, Recep Tayyip Erdogan décrète l’état d’urgence dans les régions touchées par ce tremblement de terre. Résultat, tout envoi doit être géré depuis la capitale politique, ce qui provoque d’énormes craintes pour les 650 000 Kurdes de France.

Pour mieux comprendre, il faut remonter à 1999, lorsque le même événement a touché Izmit. Afin de venir en aide aux futures victimes de ce type de catastrophe naturelle, une taxe est mise en place dans toute la Turquie. Sauf que les 45 milliards de dollars (environ 42 milliards d’euros, ndlr) que cela aurait dû générer ont complètement disparu des caisses de l’État. Mais ces détournements de fonds ne sont qu’une goutte d’eau dans les dysfonctionnements du pays.

« Après 1999, des règlementations de construction ont été adoptées afin de répondre aux exigences sismiques. Sauf qu’en Turquie il y a une grande mafia immobilière aveuglée par la rente. Il y a 5 ans le président Erdogan fait passer une réforme immobilière pour régulariser les constructions réalisées après cette date et non conformes aux nouvelles normes. Cette Mafia en a donc bénéficié et en a même profité pour construire des étages en plus sur certains édifices. Et lorsque l’on regarde les bâtiments écroulés, nous voyons parfaitement ces rajouts. C’est pour ça que les fondations n’ont pas supporté. Le gouvernement a du sang sur les mains », détaille Yunus Altin. Il explique également pourquoi le gouvernement actuel a tardé à envoyer des secours.

En dehors du conflit kurde qui sévit depuis presque 100 ans au sein de la Turquie, la zone touchée est pro-HDP, un parti politique opposé au président Erdogan. « C’est malheureux à dire, mais dans une autre région, cela se passerait différemment », regrette le président de l’association franco-kurde des Yvelines Un sentiment qui persiste puisque d’après des vidéos visibles sur les réseaux sociaux ainsi que les remontées de ces adhérents, beaucoup de quartiers n’ont toujours rien reçu. « Il fait -15°C le soir et des gens dorment dans des grottes ou dans leur voiture… » s’énerve Yunus Altin.

Lui – ainsi que les nombreuses associations franco-kurdes – demandent aux personnes de passer par la Croix Rouge ou le Secours Catholique pour effectuer leurs dons, en privilégiant l’envoi de couvertures et vêtements chauds. Il va également profiter de l’élan de solidarité qui parcourt la France pour organiser des événements caritatifs. « Il y en a eu ce week-end à Vernon et notre association mère va rencontrer différents ministères pour mettre en place des actions », détaille Yunus Altin. Par ailleurs, il est en train de voir avec ses adhérents comment ceux-ci peuvent rapatrier leurs proches le temps que tout rentre dans l’ordre.