Crédits photo : Start 2 Step
Du centre de vie sociale des Églantines de Mantes-la-Jolie à Los Angeles, il n’y a qu’un pas que François Marna n’imaginait pas franchir. « Quand nous avons lancé la Start 2 Step Academy en 2015 nous étions quatre amis avec comme but de faire découvrir l’univers du Hip-Hop aux plus jeunes et transmettre notre passion », raconte le professeur de danse. Depuis, l’association a bien grandi et de la quinzaine de curieux des débuts, il y a dorénavant 180 adhérents de tout âge. Un nombre grandissant qui a permis de revoir les ambitions à la hausse même si ce n’était pas le but premier : « Je m’étais fixé certains objectifs (il a été champion du monde en House Dance en 2016 avec son frère et 2019 en solo, ndlr) mais nous n’avons jamais imaginé atteindre ce niveau », avoue celui qui est connu dans ce milieu sous le nom de Frankwa.
En effet, le World of Dance est le graal de la compétition du Hip-Hop pour les moins de 18 ans. Tout d’abord, Jennifer Lopez en est l’ambassadrice, ensuite les épreuves sont retransmises sur NBC, l’un des plus grands groupes audiovisuels américains, ce qui assure des millions de téléspectateurs. Pour atteindre la phase finale qui se déroule outre-Atlantique, les danseurs doivent participer à des qualifications et, depuis presque une dizaine d’années, une épreuve existe dans l’Hexagone. Cette année, elle prenait place à l’Avant Seine de Colombes le 18 février mais ne cherchez pas de retransmissions télévisuelles, pour le moment TF1, M6 et consort n’ont pas encore acheté les droits TV afin de donner le même rayonnement étasunien.
Mais avant d’obtenir un ticket pour les USA, il faut surmonter plusieurs difficultés. La première, même si cela prend place en France, tous les participants ne sont pas circonscrits à ce territoire. « Cette année il y avait même plus d’étrangers que de Français, notamment avec des Ukrainiens, des Russes et des Moldaves », explique François. Si la Star 2 Step Academy figure parmi les meilleurs nationaux, les véritables favoris sont les derniers cités.
Deuxième obstacle : le format de cette compétition. Toutes les chorégraphies sont les bienvenues – il peut donc y avoir aussi bien de la danse contemporaine que du Hip-Hop – et sont notées par un jury de 5 membres éclectiques. « C’est cela qui est dur, nous connaissons notre impact dans notre milieu mais suivant le juge et sa sensibilité, nous pouvons perdre cet avantage », détaille le professeur de danse. Et pour les séduire, il faut aussi bien répondre à des critères techniques, esthétiques et en lien avec la thématique du show.
Qu’importe, les minots jouent leur partition sans pression et attendent patiemment le résultat. Après plusieurs heures, les délibérations arrivent et les juges s’expriment. « Ils étaient surpris du charisme qu’ils dégageaient sur scène pour leur jeune âge et estimaient que leur démonstration était digne d’un spectacle de danseurs confirmés », dit Frankwa avec enthousiasme. Devant des critiques aussi dithyrambiques, la Start 2 Step Academy monte sur la deuxième marche du podium – intercalée entre deux groupes moldaves – mais veut surtout connaître sa note. En effet, si elle dépasse les 80 points, les jeunes pousses peuvent tout de même composter leurs billets pour les États-Unis. Ce qui va donc donner lieu à une scène cocasse. « Au début, Cécile et moi leur avions fait une blague : nous leur avions dit qu’ils avaient eu un score de 79. Il y a eu tellement de larmes que rapidement nous leur avons avoué la vérité et qu’ils ont eu 80,1 » s’amuse le Mantais.
Mais ce 0,1 point a des conséquences. Pour s’envoler à Los Angeles, il faut maintenant trouver 35 000 euros. Car entre les frais d’inscription – 225 dollars par personne – le billet d’avion et les repas, l’addition grimpe vite. « C’est la somme pour être sûr que les parents aient le moins possible à payer. Par exemple, dans notre groupe il y a un frère et une sœur, si leur mère avance de l’argent pour les deux, elle aura du mal à subvenir à ses propres besoins » déplore François.
Plusieurs leviers doivent être rapidement actionnés. Mantes-la-Jolie, GPSEO et le Département des Yvelines devraient répondre présents et le champion du monde de Hip-Hop 2019 doit les rencontrer prochainement. Il a également lancé une cagnotte en ligne afin de récolter les fonds nécessaires. « Nos jeunes danseurs ont déjà des étoiles plein les yeux. Quand ils voient L.A, ils pensent au rêve américain, à Universal studio. Certains n’ont même jamais pris l’avion ou seulement en Europe ! » s’emballe Frankwa. Il ne faudrait donc pas que des freins financiers entravent le rêve américain de ces futures graines de champions…