Claire Bové, objectif or 2024

Issue d’une famille de rameurs, Claire Bové a mis du temps avant de voir l’aviron comme son sport de prédilection. Maintenant bien installée dans son bateau avec sa coéquipière Laura Tarantola, la vice-championne olympique aux JO de Tokyo ne souhaite qu’une chose : faire aussi bien à Paris l’année prochaine, voire décrocher l’or.

Crédits photo : FFA / Daniel Blin

Le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre. Si les parents de Claire Bové ont été des rameurs de haut niveau, il ne faut pas lui parler de ce sport comme un virus familial. « Durant le collège, ma meilleure amie voulait essayer l’aviron. Je lui ai promis que je l’accompagnerais si elle en faisait de même avec le triathlon », avoue la jeune femme de 24 ans. Elles prennent donc la direction du club de Meulan qui se situe juste à côté de leur école, où le père de Claire ­s’occupe ­également des ­entraînements.

Et au fil du temps, elle commence à en tomber amoureuse. « Quand tu t’entraînes à l’aurore, tu perçois juste le clapotis de l’eau sur la coque et le chant des oiseaux », raconte la rameuse, « c’est une véritable métaphore de la vie, tout est calme puis le moment dur et désagréable arrive lorsqu’il faut ramer. Tu entends juste ton cœur qui palpite puis, une fois fini, tu peux à nouveau profiter de cette quiétude. » Elle poursuit donc dans cette voie et enchaîne les performances malgré le fait de voir certains de ces camarades partir, soit par désintérêt ou à cause des poursuites d’études. Même son père quitte l’Aviron de Meulan Les Mureaux Hardricourt pour l’Association sportive mantaise, chemin qu’elle prend également un an plus tard en 2020.

Mais on peut être une championne dans sa discipline tout en n’ayant pas le statut de professionnel. « À la fin de l’année, nous recevons une médaille et un bouquet de fleurs dans le meilleur des cas. Mais ce n’est pas un reproche, c’est le système qui veut cela. Toutes les fédérations n’ont pas forcément les moyens de payer tous leurs athlètes »(la FFA et l’Agence nationale du sport l’ont intégrée dans le cercle de haute performance de l’Agence nationale du sport, ce qui lui permet quand même d’accéder à des aides personnalisées, Ndlr), relativise-t-elle. Cependant, la sociétaire de l’AS mantaise concède que cela lui permettrait d’être beaucoup plus indépendante financièrement. Elle a quand même réussi à se « professionnaliser » en signant des partenariats avec plusieurs marques. « Je dois sept jours par an à Decathlon pour des conférences ou pour le développement de produits, il y a aussi la Banque Populaire et je suis égérie pour Mauboussin », détaille Claire. Mais elle ne veut pas s’arrêter en si bon chemin et envisage d’autres sponsors même si cela peut surcharger son emploi du temps. En effet, la sportive doit déjà jongler entre les 23 heures d’entraînement par semaine, ses études de kinésithérapie et donc les journées dédiées à ses partenaires.

Chanter une fois dans sa vie la Marseillaise

Ce rythme effréné ne l’empêche pas d’être performante dans sa catégorie, le deux de couple poids légers (le poids moyen de chaque rameuse doit être de 57 kilos avec compensation possible mais 59 kilos maximum pour une athlète, ndlr) avec sa coéquipière Laura Tarantola. « La première fois que j’ai rencontré Lolo, c’était lors de mon premier stage junior. Nous étions les deux meilleures et donc la Fédération nous a appairées », narre-t-elle. Une relation purement professionnelle qui s’est muée en véritable amitié suite à l’obtention de la médaille d’argent lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020 : « Cela nous a rapproché, nous comptons l’une sur l’autre quoiqu’il se passe, pour le meilleur comme pour le pire. » Une deuxième place dont Claire garde encore des souvenirs vivaces. « Jamais je n’avais fait une course aussi serrée. La finale se joue dans un mouchoir de poche, en moins de 2s tous les bateaux sont arrivés », raconte la sportive avec passion. Par ailleurs, la rameuse n’est toujours pas rassasiée et aimerait monter sur la plus haute marche du podium. « Cela m’embête un peu de ne pas encore avoir une médaille d’or dans un championnat de référence et je rêverais de chanter la Marseillaise au moins une fois dans ma vie. Mais cela ne se fait pas en claquant des doigts », confie-t-elle. Pour cela, elle doit assurer sa qualification aux JO de Paris l’année prochaine. Il faudra donc qu’elle termine dans les sept premières lors des championnats du Monde d’aviron qui auront lieu en septembre, sinon elle devra ­passer par la case ­repêchage.