La jeunesse yvelinoise vous guide à travers « Je suis mon patrimoine »

Afin de donner un coup de jeune au patrimoine yvelinois, le Labo des histoires travaille avec six groupes de jeunes de moins de 26 ans afin qu’ils écrivent leur propre guide touristique. Un projet inclusif soutenu par le Département qui devrait voir le jour à la rentrée prochaine.

Crédits photo : Labo des Histoires

« Lieu important dans une ville ou un village qui ne l’est pas forcément », « vieux machin presque écroulé ne servant à rien mais les gens qui s’ennuient peuvent venir le visiter ». Ces définitions du mot « patrimoine » ne se trouvent pas dans les dictionnaires Larousse ou Robert mais sont l’œuvre de jeunes de moins de 26 ans qui sont en train de rédiger un guide touristique du département des Yvelines. Cette initiative provient du Labo des histoires, une association créée en 2011, spécialisée dans l’écriture créative. Une de ses antennes locales se situe à Versailles, non loin du conseil départemental, ce qui permet aux deux entités de travailler fréquemment ensemble. Et lorsque la collectivité territoriale décide de lancer un projet mêlant patrimoine et art, Éléonore Comte – la directrice Ile-de-France Ouest du Labo des histoires – s’empresse d’exposer sa vision des choses. « Je suis mon patrimoine » est né.

« Le but est de faire confiance à la jeunesse puisque la société ne la laisse pas être légitime sur ce sujet », explique Éléonore. Pourtant les jeunes yvelinois ont de la suite dans les idées et connaissent parfaitement leur territoire. « Nous avions pré-identifié des sites à chaque séance, histoire d’en avoir sous le coude, mais ils ont toujours été force de proposition et nous n’avons toujours pas utilisé nos listes de secours » confie la Directrice. Par ailleurs, l’objectif de ce futur guide n’est pas de réaliser un énième ouvrage poussiéreux et rébarbatif. Exit donc le château de Versailles ou autres incontournables qui rameutent des touristes internationaux, place aux trésors plus confidentiels comme le Parc de Sautour dont Matthieu qui le décrit ainsi : « Il est aux Mureaux. À l’époque il y avait un dinosaure géant qui a disparu. Il y a encore de grandes montagnes, des lacs, des cygnes et des ragondins. On peut se balader. Il y a plein de terrains de jeux pour enfants et des gens qui pêchent. Et au fond du parc, il y a une cascade et le bruit de l’eau et les vagues qui tapent sur les cailloux détendent l’esprit. » Par ailleurs, ce projet se veut inclusif et dans les 6 groupes de travail, nous retrouvons des collégiens, de jeunes adultes travaillant dans des ESAT et des étudiants issus des écoles de la deuxième chance.

Rencontre avec le 5ème art

Pour chapeauter l’ensemble, le Labo des Histoires a fait appel à deux autrices dont Aude de Tocqueville. « Cela fait 4 ans que je travaille avec eux et quand Éléonore Comte m’a appelée j’ai dit oui tout de suite » raconte-t-elle. L’écrivaine ne plongeait pas dans l’inconnu puisqu’elle a publié dans sa jeunesse plusieurs guides touristiques provenant de ses nombreux voyages, un détail qu’ignorait la directrice Île-de-France Ouest. Pour stimuler un public beaucoup plus intéressé par les jeux vidéo que prendre un papier et un stylo, Aude déploie alors de nombreux stratagèmes : « Je leur ai lu le passage du livre de Pierre Loti Vers Ispahan et comment il décrivait cette ville d’Iran. Nous avons également fait deux sorties à Poissy, une au Musée du jouet et l’autre à la distillerie du noyau. » Des techniques qui font mouche avec des résultats visibles lors des restitutions. « À la fin de chaque atelier je propose pour ceux qui le désirent de lire leurs écrits. Je suis tombée sur un garçon de 20-25 ans d’une sensibilité extrême qui écrivait comme Rimbaud », confie-t-elle. D’autres talents se révèlent comme une jeune femme ne souhaitant pas écrire mais seulement dessiner et qui a illustré le travail d’un de ses camarades.

Le guide touristique ne sera édité que lorsque l’intégralité des six groupes auront rendu leurs travaux. Le prochain concerne Mantes-la-Jolie et sera à destination de primo-arrivants. « Ce sera un défi car ils ne maitrisent pas tous la langue française et ne connaissent pas les alentours mais c’est l’essence du Labo des histoires », s’enthousiasme Éléonore Comte. Une fois ce travail de titan terminé, un autre commencera avec la relecture et la mise en forme de l’ouvrage. La sortie est prévue pour la rentrée prochaine et nul doute que l’engouement provoqué chez les apprentis écrivains pourrait amener une suite voire une adaptation dans d’autres territoires franciliens.