Les femmes de l’ombre en pleine lumière grâce à l’Académie des Pluriels

Comme un symbole, la première édition du prix de l’Académie des Pluriels s’est déroulée le 8 mars. Avec le Grand Trianon comme écrin, quatre femmes « engagées mais invisibles » venant des communes de Saint-Germain-en-Laye, Mantes-la-Ville et Les Mureaux, ont reçu la lumière qu’elles méritaient pour leurs engagements respectifs.

De nombreux symboles étaient présents lors de la remise des prix de l’Académie des Pluriels. Tout d’abord la date de cette cérémonie, le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des Droits des Femmes. « Une journée qui nous montre que le combat n’est pas fini puisque chaque année nous devons le fêter », rappelle Oumou Touré, conseillère municipale déléguée chargée de la lutte contre les discriminations et de l’égalité des chances aux Mureaux. « Une commémoration politique nécessaire et un rappel à la vigilance et au respect de cette moitié de l’humanité », clame Fatimata Diop, conseillère municipale mantevilloise en charge de la jeunesse, de l’insertion professionnelle, des jeunes et de la ­politique de la ville.

Ensuite le cadre puisque le Grand Trianon est un lieu chargé d’histoires… de Femmes. « Cet édifice a été bâti par Louis XIV à l’attention de Madame de Maintenon – sa maîtresse puis épouse – pour qu’ils puissent vivre leur romance. Il a été également occupé par Marie-Louise d’Autriche, la deuxième conjointe de Napoléon Ier, et enfin par Marie-Amélie, dernière reine des Français jusqu’à l’abdication de son mari Louis-Philippe en 1848 », narre Claire Hinaut, guide touristique au Château de Versailles. Un écrin majestueux qui correspond parfaitement à ce que désirait Mialy Ramanamandimby, la fondatrice de l’Académie des Pluriels : mettre en lumière des héroïnes invisibles mais engagées au sein des villes de Saint-Germain-en-Laye, Mantes-la-Ville et Les Mureaux.

Si Versailles m’était conté

Pour arriver jusqu’à l’emblème du chef-lieu des Yvelines, le parcours a été long. « En mars 2021, j’ai demandé à Mialy « dessine-moi un projet » car de nombreux métiers dits féminins ont permis de passer les différentes épreuves du COVID », déclare Marielle Savina, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité au sein du Département des Yvelines. L’idée germe et le projet prend forme : ce sera un prix populaire, ce qui signifie qu’il n’y aura ni candidate ni jury. Pour choisir les heureuses élues, habitantes et habitants des trois communes précédemment citées déposent un bulletin dans des urnes disposées dans des lieux stratégiques de ces villes. 400 personnes jouent le jeu et 150 noms sortent. 40 consentent à être incluses dans la liste du Prix des plurielles, puis, conjointement, elles choisissent les 12 finalistes. Et après une dernière concertation, les 4 ­lauréates sont définies et enfin dévoilées dans cette ode au deuxième sexe.

Il s’agit de la Saint-Germanoise Faiza Saada, surnommée « le Ministre de l’Intérieur » par son époux, puisqu’en sa fonction de mère au foyer de six enfants, elle a exercé successivement – voire simultanément – les métiers de maman, épouse, infirmière, comptable, consultante, psychologue, gérante. Depuis 2013 par le biais de son association Saveur et Partage, elle a ouvert dans la ville natale du Roi Soleil une épicerie solidaire avec des invendus alimentaires. D’autres bourgades sont désormais sur les starting-blocks pour l’accueillir. Quant à Claire-Marie Baron, originaire de Mantes-la-Ville, elle cherche à bâtir un écohameau à Saint-Cyr-en-Arthies afin de permettre à des revenus modestes d’accéder à des logements de qualité. Autre mantevilloise mise à l’honneur : Ouahiba. Non présente pour raisons personnelles, elle est en train de monter un comité des habitants pour que ceux-ci s’impliquent plus dans la vie de leur commune.

La dernière primée, Siham Yara, habitante des Mureaux, a abandonné sa vie professionnelle, sa vie sociale et sa vie de femme lorsque son fils a été diagnostiqué autiste. Alors elle a créé « C’est quoi les bails », une association ayant pour but de générer des rencontres entre parents afin de débattre des problématiques liées au handicap et ainsi rompre l’isolement. Mais depuis quelques temps un autre projet l’anime : l’extra-atypique, un salon de coiffure mobile pour s’occuper des 2 500 enfants yvelinois dans le même cas que son enfant.

Si chacune de leurs histoires est différente, toutes s’accordent sur une chose : ce prix va leur permettre de croire encore plus en elle et de continuer leurs actions. Avec 800 euros et un mentorat pour les accompagner, nul doute qu’elles continueront à déplacer des montagnes en souffrant moins de l’invisibilité.