Les femmes en lutte contre la réforme des retraites

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars, le collectif féministe FFFRAC a organisé une manifestation devant l’hôtel de ville de Mantes-la-Jolie, afin d’alerter sur les inégalités qu’elles subissent au quotidien, et de dénoncer une réforme des retraites qui est loin d’avantager les femmes.

« Doublement exploitées, doublement en colère. » Ce mercredi 8 mars, les chants du collectif féministe FFFRAC – pour Féministes Fières Fortes Radicales et en Colère – ont raisonné devant la mairie de Mantes-la-Jolie, à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Une cinquantaine de personnes était présente, pancartes à la main, pour une manifestation féministe qui avait pour but d’alerter la population sur les inégalités subies, que ce soit à la maison ou dans le cadre professionnel.

Cependant, en cette année 2023, les revendications sont doubles. Au-delà de se battre pour leurs droits, ce rassemblement était l’occasion pour les membres du collectif féministe de dénoncer la réforme des retraites du Gouvernement, qui est censée « protéger les femmes » à en croire les mots de la Première ministre Élisabeth Borne. « Les femmes partiront plus tôt, avait-elle avancé sur le plateau de France 2, le jeudi 2 février dernier. Les femmes ont des pensions 30 % plus basses que celles des hommes. Une femme sur trois est concernée. Dans dix ans, l’écart sera réduit, cela passera de 30 à 20 %. Évidemment, on doit viser ­l’égalité. »

Un constat que réfutent ardemment les membres du collectif féministe du mantois. « Non, cette réforme des retraites ne sera pas favorable aux femmes contrairement à ce que veut nous faire croire le Gouvernement, clame l’une d’entre-elles. 28,1 % des femmes occupent des postes à temps partiel, contre 7,6 % des hommes. Elles ont des carrières plus hachées en raison des congés maternité, de l’éducation des enfants, et travaillent en moyenne 7 mois de plus que les hommes. Et à l’arrivée, les femmes ont une retraite inférieure de 40 % à celle des hommes. »

Selon elles, le constat est clair : au lieu de réduire les inégalités hommes-femmes, le projet de réforme ne va faire que les creuser. « Quand les femmes arrivent à leur retraite, qu’elles se sont occupées des enfants, qu’elles ont assumé 75 % des tâches domestiques, elles n’ont plus d’énergie pour profiter de cette période de repos qu’elles ont gagné comme des travailleurs, à la sueur de leur front, et au détriment de leur santé, poursuit la militante. Selon l’INSEE, en France, l’âge d’espérance de vie en bonne santé des femmes est de 64 ans et six mois. Une femme sur cinq atteint 67 ans pour échapper à la décote, contre un homme sur douze, le compte n’y est pas : les femmes sont bel et bien perdantes. »

Voilà quelques années que les FFFRAC se donnent rendez-vous plusieurs fois par an pour clamer leurs revendications.

Les FFFRAC n’ont pourtant pas attendu cette réforme des retraites pour alerter sur la condition des femmes. Voilà quelques années qu’elles se donnent rendez-vous plusieurs fois par an pour clamer leurs revendications, que ce soit le 8 mars, ou lors de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre. « Des féministes, il y en a toujours eu dans le mantois, souligne une membre des FFFRAC. Peut-être de manière moins formelle et publique. À un moment, on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse quelque chose de sérieux, de régulier, pour qu’on amène des femmes différentes de nous. Maintenant, on a des jeunes, car enfin, les jeunes se mettent à être féministes, et c’est très bien. On se réunit régulièrement, on discute de plein d’autres problèmes, comme les conditions de travail, la violence ou des questions internationales. »

De nombreuses pancartes et banderoles de leur création habillaient le parvis de la mairie ce 8 mars, preuve de leur détermination. La création de leur propre chorale, les Fracassantes, leur permet également d’animer leurs rassemblements avec des chansons bien à elles.

De nombreuses pancartes et banderoles de leur création habillaient le parvis de la mairie ce 8 mars, preuve de leur détermination.

Si elles regrettent une difficulté à mobiliser sur les questions féministes dans le mantois, les FFFRAC ont pu compter sur la présence de plusieurs dizaines de personnes, dont une partie du personnel du collège Sully, mobilisée contre la réforme des retraites et pour la question des droits des femmes. « Nous, personnels grévistes du collège Sully, affirmons une fois de plus notre opposition à la réforme des retraites, ont-ils déclaré. Nous sommes 50 % des enseignants à avoir reconduit la grève ce mercredi 8 mars, et la totalité de la vie scolaire, car, comme nos camarades cheminots, raffineurs, électriciens, gaziers, et d’autres secteurs mobilisés, nous sommes convaincus que des journées de grève isolées ne suffiront pas pour gagner. Par ailleurs, le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, est aussi l’occasion de rappeler que les femmes sont particulièrement touchées par cette réforme, en raison de leurs carrières hachées, des temps partiels contraints ou imposés, et des salaires inférieurs, des inégalités qui nous scandalisent. »

Après une heure de prises de parole et de chants, les manifestantes et manifestants ont ensuite pris le bus en direction de Paris, afin de rejoindre la grande marche féministe entre la place de la République et la place de la Nation. Celle-ci résonnait forcément avec la forte mobilisation de la veille contre la réforme des retraites, et laisse apercevoir un début de convergence des luttes entre les deux causes. Selon l’association Attac, 70 000 personnes ont battu le pavé lors de la grève féministe parisienne, et « des centaines de ­milliers » dans toute la France.

Les communes des Yvelines s’engagent pour les droits des femmes

De nombreuses municipalités du territoire ont tenu à sensibiliser et mobiliser autour des droits des femmes, à l’occasion de cette journée du 8 mars. Si Mantes-la-Ville et Poissy ont choisi de mettre en valeur des portraits de femmes engagées localement, la Ville des Mureaux a organisé une projection/débat du film La Syndicaliste, avec Isabelle Huppert. À Carrières-sous-Poissy, une exposition mettait en avant 8 femmes françaises ayant œuvré toute leur vie pour le droit des femmes. Du côté de Mantes-la-Jolie, de nombreux événements étaient organisés toute la semaine du 6 au 11 mars, des projections/débats aux activités sportives en passant par des échanges sur des parcours de vie autour des droits des femmes.