Les fins limiers d’un quotidien régional qu’on a connus plus inspirés et celui d’un hebdomadaire local à la diffusion homéopathique plus doué pour commenter les matchs de football de district que comprendre les enjeux politiques y compris locaux ont cru soulever la semaine dernière une sorte de Watergate à la sauce mantaise. Sidi El Haimer, maire par intérim, était censé avoir favorisé son beau-frère en lui signant un bail afin qu’il bénéficie de locaux municipaux pour y maintenir son entreprise.
Pour que les très lointains successeurs d’Émile Zola entrent en action par une sorte de « J’accuse » du 21eme siècle, il aura suffi que l’association Anticor dépose une plainte. Même les moins calés en droit savent qu’un dépôt de plainte n’est pas forcément suivi d’une action en justice et c’est heureux. Sinon, les délateurs de tous poils s’en donneraient à cœur-joie et les tribunaux n’en seraient que plus encombrés. Et que jusqu’à une condamnation définitive, chaque prévenu est présumé innocent. Anticor dénonce, c’est d’ailleurs son fonds de commerce. Les magistrats instruisent et condamnent le cas échéant. De là à relayer chaque action conduite par Anticor, il y a un pas que le quotidien régional francilien et l’hebdomadaire pro Cognet n’ont pas hésité à franchir.
Dans l’affaire présente, jugez plutôt. Le beau-frère de Sidi El Haimer louait pour son entreprise des locaux appartenant à la ville grâce à un bail arrivant à terme le 5 janvier 2022. Si les choses avaient été faites dans les règles, la mairie de Mantes-la-Jolie aurait dû renouveler son bail pour six ans, comme pour tout bail professionnel. Et compte tenu du délai de prévenance, l’opération aurait dû se faire alors que Raphaël Cognet était encore maire de Mantes-la-Jolie et n’avait pas encore démissionné de son poste, Sidi El Haimer n’aurait alors eu ni à connaître ni à agir dans cette affaire.
Seulement voilà, Raphaël Cognet ayant démissionné, celui qui était maire par intérim s’est retrouvé dans l’obligation de signer, sachant qu’en cas de refus, son beau-frère était parfaitement en droit de se retourner contre la ville, ce qui n’aurait pas manqué de sel. Tellement sûr de son fait, l’hebdomadaire mantais qui s’était risqué à raconter une fable digne des meilleurs romans d’espionnage en la publiant sur son site Actu 78 faisant passer un épisode par l’Afrique subsaharienne s’est ravisé. L’article a mystérieusement disparu de la toile.