La caricature abjecte qui ne passe pas : un maire responsable ne ferait pas ça !

Ce devait être un pot de départ comme il en arrive dans toutes les collectivités ou les entreprises. Seulement voilà, celui du chargé de mission Vincent Labbez, a pris une tournure particulièrement scabreuse mêlant religion et politique.

Si la présence du maire en tenue de boxeur portant une cape de Superman faisant face au président du Conseil départemental, habillé d’un maillot de prisonnier, la face portant des traces de coups, était d’un parfait mauvais goût, le reste de cette illustration donne la nausée. Dans le fond, on aperçoit distinctement la collégiale Notre-Dame et la Grande-Mosquée.

Faut-il y voir une opposition entre musulmans et catholiques ?

Le dessinateur, collaborateur du Courrier de Mantes, a-t-il voulu faire passer un message ? Laisser entendre que Pierre Bédier chouchouterait la communauté musulmane alors que Raphaël Cognet, lui, soutiendrait la communauté chrétienne ?

Pour Jean-Luc Santini, chef de file de l’opposition au conseil municipal, cette publication est « consternante ». L’élu considère qu’en publiant les photos de ce pot de départ et le cadeau fait à Vincent Labbez « La première adjointe a confirmé le ton des relations que la ville entend entretenir avec le Conseil départemental et son président. Le tout avec la bénédiction de Raphaël Cognet, présent sur les photos, complice de cette parution rapidement retirée du réseau social. Une provocation coupable qui ne fait qu’endommager un peu plus les relations avec une institution indispensable à la ville et à ses habitants ».

Sans doute consciente de la tornade qu’elle venait de déclencher, Edwige Hervieux, épouse Radi Ahmed a rapidement retiré sa publication du réseau social avant d’y revenir pour un acte de contrition consternant. Elle y déclare qu’il s’agissait « d’humour ». Décidément, on peut rire de tout mais pas avec tout le monde. Selon Edwige Hervieux, épouse Radi Ahmed ,ce tableau était censé rappeler « le combat politique violent qui nous a opposé à Pierre Bédier et à son système il y a 1 an ». Quant à la collégiale et à la mosquée, elles seraient selon elle la représentation des « deux édifices les plus connus de notre ville, à l’extérieur comme à l’intérieur de Mantes-la-Jolie, qui sont au cœur de notre patrimoine et qui sont les symboles de la diversité et de la mixité de notre commune, dont nous sommes si fiers ». Pour faire bonne mesure et tenter de minimiser les faits, l’élue passée par LR puis la Macronie qui envisage aujourd’hui de rallier le MODEM pour tenter de faire main-basse sur un siège de sénatrice en septembre prochain met en scène sa vie personnelle : « Vous connaissez également mon histoire familiale et politique. Mon mari qui a vécu toute sa vie au Val-Fourré, et mes enfants, issus de cette belle diversité que nous formons, subissent suffisamment la haine quotidienne de certains et, en particulier, d’un journal gratuit local. Ils savent que je suis loin d’être la femme décriée et caricaturée, véhiculée ces dernières heures ». Pour faire bonne mesure, autant mettre en avant ses enfants et son mari et s’en prendre à notre ­journal. Quelle indécence !

Mais comme si toute cette repentance ne suffisait pas, la première adjointe va jusqu’à se prosterner pour obtenir l’absolution : « Je présente mes excuses à toutes celles et ceux qui ont pu se sentir offensés. à toutes les personnes ­souhaitant venir échanger avec moi ».

Visé par le tableau, Pierre Bédier se tient au-dessus de la mêlée, refusant de commenter « ces enfantillages ».

Quant à l’ex-maire Michel Vialay, il estime lui que « la compréhension des responsabilités d’un maire et sa représentativité des habitants sont des concepts fondamentaux pour toute personne qui préside aux destinées d’une commune. En effet, c’est au nom de la commune que le maire parle et agit, et il doit donc être conscient de l’importance de sa parole et de ses actions pour tous les habitants. Manifestement là, on en est très loin ! ».

Qui a payé ?

Outre le mélange nauséeux entre politique et religion, on peut aussi s’interroger sur un point qui n’est pas neutre en pleine disette financière municipale : qui a réglé le pot de départ de ce collaborateur ? Les Mantais ont-ils mis la main au portefeuille de manière directe ou indirecte ?

Mais surtout, qui a payé le dessinateur professionnel, un certain Tartrais qui, ô surprise, collabore aussi notamment au Courrier de Mantes, l’hebdomadaire local à la diffusion confidentielle, 4 023 exemplaires sur l’ensemble de sa zone de diffusion qui s’étend bien au-delà de la ville sous-préfecture, en baisse de 8,90 % en 2022 par rapport à l’année précédente ?

On attend avec gourmandise la réponse de Raphaël Cognent, généreux avec l’argent des contribuables mantais, qui a déjà fait cadeau lors du dernier conseil municipal de 30 000 euros à un couple de proches en leur vendant un bien immobilier communal sous le prix fixé par les Domaines.